Inde: Assassinat d’un militant anti-alcool: manif contre la «mafia de l’alcool»

Travailleurs d’Eglise et sociaux dans la rue

Bangalore, 31 juillet 2008 (Apic) Des travailleurs d’Eglise se sont joints à des travailleurs sociaux pour exiger des mesures énergiques contre ce qu’ils nomment la «mafia de l’alcool», après l’assassinat d’un militant de la prohibition, dans l’Etat de Karnataka, dans le sud de l’Inde.

Les manifestants ont organisé un sit-in d’une journée devant la statue de Gandhi à Bangalore le 25 juillet, indique jeudi l’Agence ENI, et ils ont participé à une commémoration de l’homme assassiné, A.T. Babu.

Babu, qui avait 51 ans et qui était secrétaire de la section pour le Karnataka de l’Alliance nationale des mouvements populaires (NAPM), a été brutalisé à mort le 21 juillet alors qu’il se trouvait au volant d’une camionnette. Les deux travailleuses sociales qui se trouvaient à l’intérieur du véhicule n’ont pas été blessées. L’une d’elles, une religieuse catholique du nom de soeur Celia, est une des responsables au niveau national de la NAPM, le plus grand forum d’organisations non gouvernementales en Inde.

«On peut tuer le chanteur, mais pas la chanson», a déclaré David Selvaraj, travailleur social et membre de l’Eglise de l’Inde du Sud, lors de la réunion de commémoration, à laquelle plus de 100 ONG et militants ont assisté.

Babu luttait contre la «mafia de l’alcool» depuis 15 ans en organisant continuellement des manifestations devant des bars et des distributeurs d’alcool illégaux. C’est également lui qui a inspiré la décision du gouvernement du Karnataka d’interdire l’année dernière des milliers d’arrack, c’est-à-dire des magasins vendant de l’alcool bon marché, qui, selon les travailleurs sociaux, constitue un risque majeur pour la vie des pauvres.

Le témoignage de soeur Celia

«Ce n’est pas suffisant de pleurer la perte de Babu. Nous devons nous assurer que justice sera faite dans cette affaire et continuer de défendre la cause pour laquelle il se battait», a déclaré soeur Celia lors de la commémoration. Elle a par la suite raconté à ENI qu’elle avait été horrifiée de voir les tueurs donnant des coups d’épée et de couteau à Babu après avoir bloqué sa camionnette sur la route entre Bangalore et Mysore. «Cela va me hanter le reste de ma vie», a-t-elle ajouté.

«Babu était tellement consacré aux causes de la prohibition et des droits des femmes qu’il y avait même consacré toutes ses économies», a-t-elle expliqué. La fille aînée de Babu s’était suicidée quelques années auparavant, ne pouvant pas supporter la nouvelle de son arrestation pour avoir manifesté devant un bar illégal.

Soeur Célia a souligné que, malgré le décès de sa fille, Babu n’avait jamais transigé avec les revendeurs d’alcool illégaux, qui se présentaient fréquemment chez lui avec de larges sommes d’argent afin de le soudoyer pour qu’il cesse ses manifestations, et qui le menaçaient après ses refus répétés.

Madha Patkar, présidente de la NAPM et militante sociale, qui s’est déplacée à Bangalore pour participer à la manifestation suite à l’assassinat de Babu, a salué l’engagement du militant défunt et de sa famille pour la cause de la prohibition.

Sa famille «ne veut pas de soutien financier. Tout ce qu’elle veut, c’est qu’un monument soit érigé en sa mémoire sur le site d’un bar contre lequel il s’est battu», a déclaré Madha Patkar, qui a elle-même reçu un «Right Livelihood Award», ou prix Nobel alternatif. «C’est le prix à payer pour la lutte en faveur du peuple.»

Auparavant, Medha Patkar et soeur Celia ont rencontré le Premier ministre du Karnataka pour exiger l’arrestation des assassins de Babu et l’annulation de 1’500 nouvelles licences accordées récemment par le gouvernement de l’Etat. (apic/eni/pr)

31 juillet 2008 | 00:00
par webmaster@kath.ch
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