à la cathédrale catholique de Pondichéry
Inde: des extrémistes hindous en veulent (080394)
Le gouvernement indien prend des mesures de sécurité pour jeudi
New-Delhi, 8mars(APIC) Le gouvernement indien a décrété la mobilisation
massive de forces de sécurité pour protéger la cathédrale de la ville de
Pondichéry, au sud-est du pays, menacée d’occupation, voire de destruction,
par des extrémistes hindous, a annoncé mardi «The Statesman», un journal
paraissant à New Delhi. Déjà à la mi-janvier des groupes religieux affiliés
au Parti populaire indien d’extrême-droite Bharatiya Janata Party (BJP)
avaient prévu d’organiser le 10 mars une manifestation devant la cathédrale
de Pondichéry, construite selon eux sur l’emplacement d’un ancien temple
hindou, consacré à la déesse Shiva.
C’est la première fois que l’on menace en Inde un édifice religieux
chrétien, rappelle le journal de New Delhi. Le 6 décembre 1992, la mosquée
de Ayodhya avait été détruite par des extrémistes hindous parce que le bâtiment musulman avait été édifié sur le lieu même du dieu Rama. Les émeutes
provoquées par cette destruction avaient fait plus de 1’200 morts. A Pondichéry, port de cabotage d’une centaine de milliers d’habitants situé sur la
Côte Est , au sud de Madras, l’on s’attend au pire, d’où les mesures de sécurité prises par le gouvernement.
Les recherches faites sur la construction de la cathédrale de Pondichéry
montrent qu’il n’y avait pas de temple hindou à cet emplacement, mais il y
en avait bien un à l’endroit où le cimetière catholique a été construit. Il
avait été détruit au XVIIIe siècle par l’administrateur colonial français
Joseph François Dupleix pour des raisons militaires à un moment où les Anglais bombardaient la ville.
Par ailleurs lors du retour l’ancienne colonie française à l’Inde en
1954, l’Etat avait garanti la protection des tombeaux de nombreux jésuites
gisant à l’intérieur de la cathédrale.
Memorandum au Premier ministre
Le comité interreligieux de Pondichéry qui a pour objectif de promouvoir
la coexistence fraternelle des communautés, avait envoyé au début janvier
un mémorandum au Premier ministre lui demandant de prendre des mesures pour
empêcher des «éléments de l’extérieur» de venir perturber l’harmonie interreligieuse de Pondichéry, affirmait déjà à l’époque «Eglises d’Asie,
l’agence d’information des Missions étrangères de Paris.
La politique ultranationaliste menée par le puissant parti BJP met en
cause les fondements mêmes de l’Inde laïque et pluraliste voulue par ses
«pères fondateurs». Les minorités religieuses en Inde, pays à 83% de religion hindoue, craignent pour leur avenir. Les musulmans sont quelque 100
millions, les chrétiens près de 20 millions (en grande majorité catholiques), sans compter les sikhs, les bouddhistes et d’autres communautés religieuses plus petites (jaïnistes, parsis, juifs, etc.) (apic/eda/be/ba)