Echapper au système des castes et aux discriminations sociales

Inde: Des milliers d’hindous des basses castes se convertissent au bouddhisme

New Delhi, 6 novembre 2001 (APIC) Pour échapper au système des castes en Inde, des millions d’hindous des basses castes se sont convertis au cours de l’histoire au christianisme, à l’islam et au bouddhisme. Leur préférence des dalits ou intouchables va désormais au bouddhisme, la seule de ces religions née Inde.

En raison du mauvais traitement réservé à cette population par les Hindous de haute caste, des millions de dalits se sont convertis à l’islam, au christianisme ou au bouddhisme. Malheureusement, le christianisme et l’islam eux-mêmes ont été contaminés par la mentalité de caste, relèvent des militants dalits.

Même si la situation sociale des nouveaux convertis ne change pas réellement, les partisans du passage au bouddhisme estiment que franchir ce pas signifie une «libération du complexe d’infériorité et du manque de confiance» qui ont fait que nombre de dalits en viennent à accepter qu’ils sont inférieurs.

Parmi les manifestations les plus spectaculaires de la frustration de ces populations marginalisées, une conversion de masse au bouddhisme, à laquelle ont assisté près de 20’000 dalits (hors-caste), s’est déroulée dimanche à New Delhi. Les organisateurs de la cérémonie, célébrée par cinq moines bouddhistes en robe safran, affirment qu’un plus grand nombre encore de personnes était attendu. Après avoir demandé en vain de déplacer le lieu du rite de la capitale indienne à un autre endroit par crainte d’éventuels désordres, les forces de l’ordre ont décidé de bloquer l’accès à des milliers de pèlerins désirant participer à la cérémonie.

Bouddhisme libérateur

Une partie des convertis considèrent le bouddhisme comme la seule religion susceptible de les libérer de la discrimination sociale dont ils sont victimes. La Conférence épiscopale indienne (CBCI) a réaffirmé le «droit fondamental des dalits à se réunir et à choisir la religion qu’ils préfèrent, des droits garantis par la Constitution du pays».

Les observateurs internationaux rappellent que le père de la Constitution indienne, Bhimrao Ambedkar, embrassa le bouddhisme le 4 novembre 1956 pour échapper aux éléments discriminatoires présents dans la religion hindouiste.

Certains participants à la cérémonie de conversion ont reçu des certificats déclarant qu’ils ont embrassé le bouddhisme volontairement. D’autres membres des basses castes, intouchables et dalits étaient venus non pas pour changer de religion, mais pour manifester contre le système de castes et apporter leur soutien à leur communauté défavorisée, qui représente près du quart de la population indienne, qui compte un milliard d’âmes.

3’000 ans d’infériorité

Certes, le système des castes – vieux de trois millénaires – a été aboli officiellement il y a quelque 50 ans, mais dans de nombreux villages d’Inde, il est encore tabou pour les membres des basses castes de puiser l’eau dans le même puits que les autres ou d’entrer dans un temple hindou ou la maison de leurs voisins de caste supérieure. Certains ne voient d’autre solution à leur marginalisation sociale que de changer de religion. Dans ce cas, cependant, tous les préjugés ne disparaissent pas dans le reste de la société indienne, car une fois que l’on a été étiqueté «être inférieur», on le reste toujours. Un dalit ou un intouchable du nord de l’Inde peut bien s’enfuir au sud pour échapper à son destin social, mais son nom trahira instantanément son origine de caste.

La seule solution reste de répudier l’hindouisme et de se convertir à une religion qui prône l’égalité entre les hommes. Considérés comme inférieurs – même leur ombre est considérée par certaines castes supérieures comme une pollution – les dalits et les intouchables doivent boire dans les restaurants dans des tasses séparées; leurs enfants, quand ils vont à l’école, sont mis à part. Ils doivent faire les travaux les plus sales, ne peuvent boire l’eau du même puits ou fréquenter les mêmes temples. (apic/misna/bbc/be)

6 novembre 2001 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 3  min.
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