Inde: Le film «Anges et démons» amputé de plusieurs scènes jugées «choquantes»

Sur intervention de l’Eglise catholique en Inde

Bombay/New Delhi, 7 mai 2009 (Apic) Le film «Anges et démons» a été amputé de plusieurs scènes jugées «choquantes» sur intervention de l’Eglise catholique en Inde.

Le 4 mai dernier, à Rome, le film «Anges et démons» du réalisateur Ron Howard, avec l’acteur américain Tom Hanks dans le rôle principal, était projeté en première mondiale dans un cinéma situé à proximité du Vatican. Le même jour, en Inde, la Conférence des évêques catholiques demandait – et obtenait – que ce film sorte sur les écrans des cinémas indiens avec la mention «Ceci est une oeuvre de fiction» et soit amputé de plusieurs scènes.

La sortie du film, en Inde et dans le reste du monde, est programmée pour le 15 mai prochain. Le Père Babu Joseph, porte-parole de la Conférence épiscopale, a expliqué que les évêques avaient pris l’initiative, le 17 avril dernier, de saisir le «Central Board of Film Certification», l’instance fédérale responsable de la délivrance des visas d’exploitation pour les oeuvres cinématographiques.

Dans leur lettre à l’administration fédérale, ils ne demandaient pas l’interdiction pure et simple du film en Inde, mais que des coupes y soient pratiquées, au motif qu’»Anges et démons» représente «une tentative pour calomnier les chrétiens et leur foi, en altérant délibérément les faits». Cette oeuvre ne peut que «heurter les sentiments religieux des chrétiens» en Inde, où «le christianisme est, encore à l’heure actuelle, dans une phase où il commence seulement à être compris», rapporte jeudi «Eglises d’Asie», l’agence d’information des Missions Etrangères de Paris (MEP). Présenter le christianisme «d’une manière erronée est une insulte», pouvait-on encore lire dans cette lettre.

Ainsi saisi par les évêques, le «Central Board of Film Certification» a organisé une projection spéciale, à laquelle huit représentants de la Conférence épiscopale ont été conviés. A l’issue de celle-ci et après délibération, il a été décidé que le film sortirait sur les écrans indiens assorti d’une interdiction aux mineurs et coupé de plusieurs scènes. De plus, le générique du film portera la mention: «Ceci est une oeuvre de fiction».

Pour le Père John Edappilly, expert du domaine des médias qui faisait partie du groupe des huit représentants de l’Eglise admis à voir le film en avant-première, l’Eglise n’a pas cru bon de demander, comme elle l’avait fait en 2006 pour le Da Vinci Code (1), son interdiction pure et simple.

«Ne décidons pas à la place des spectateurs ! Ils sont capables de juger par eux-mêmes», a-t-il précisé, ajoutant que demander l’interdiction du film n’aurait fait que générer plus de publicité pour celui-ci et augmenter les profits de ses producteurs. Selon le Père Babu Joseph, «Anges et démons» n’est rien de plus qu’un simple thriller de facture occidentale, «mais certaines de ses scènes sont choquantes parce qu’elles visent directement la papauté et la religion chrétienne». Dans le film, le professeur Robert Langdon, interprété par Tom Hanks, déjoue les plans d’un haut dignitaire du Saint-Siège et se retrouve aux prises avec la secte des Illuminati, qui veut anéantir l’Eglise catholique.

A Bombay, capitale du cinéma en Inde, le «Catholic Secular Forum», une organisation de laïcs catholiques, militait pour l’interdiction du film sur les écrans indiens. Après la décision rendue par le «Central Board of Film Certification», son président, Joseph Dias, a déclaré: «Nous nous attendions certainement à un geste plus fort, mais nous comprenons que la discrétion est, dans le cas présent, sagesse». A Rome, le Bureau de presse du Saint-Siège s’est refusé à faire tout commentaire sur ce film. L’agence I-Media rapporte que «L’Osservatore Romano» a observé la même discrétion. En mai 2006, lors de la sortie en salles du Da Vinci Code, le Vatican avait très vivement réagi, contribuant malgré lui au succès du film. JB/Eda

(1) En 2006, les évêques avaient saisi le «Central Board of Film Certification» pour demander l’interdiction du Da Vinci Code. Celle-ci n’avait pas été accordée, mais des inserts avaient été incrustés pour indiquer que l’histoire portée à l’écran était une oeuvre de fiction, et non la réalité historique attestée. Des manifestations de chrétiens avaient toutefois amené les autorités à interdire le film dans plusieurs Etats de l’Union indienne. (apic/eda/be)

7 mai 2009 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 3  min.
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