Inde: Mgr Thattil élu à la tête de l’Église syro-malabare
Le pape François a confirmé l’élection de Mgr Raphael Thattil comme archevêque majeur d’Ernakulam-Angamaly en Inde, advenue le 9 janvier 2024, a annoncé le Saint-Siège. Le nouvel archevêque, âgé de 67 ans, prend la tête d’une Église syro-malabare agitée par un grave conflit liturgique, des prêtres refusant de se plier à une réforme.
Élu par le Synode des évêques syro-malabars – assemblée de cette Église autonome – réunis dans le Kerala, Mgr Raphael Thattil était jusqu’à présent évêque de Shamshabad. Il succède au cardinal George Alencherry, qui a démissionné du gouvernement pastoral de l’Église syro-malabare le 7 décembre dernier – une décision rare pour les Églises orientales où, selon le droit, les responsables ne sont pas tenus de renoncer.
Premier évêque de Shamshabad
Né le 21 avril 1956 à Trichur, Raphael Thattil a fait un doctorat en droit canonique oriental à l’Institut pontifical oriental de Rome. Il parle le malayalam, l’anglais, l’italien et l’allemand. Il a été ordonné prêtre le 21 décembre 1980, et a servi dans le diocèse de Trichur, où il a été vice-recteur du séminaire d’Aranattukara, directeur du Centre diocésain biblique de catéchèse et de liturgie, chancelier et juge ecclésiastique, et recteur du séminaire Mary Matha.
Mgr Raphael Thattil a été élu évêque auxiliaire de Trichur le 18 janvier 2010, et ordonné évêque le 10 avril suivant. Le 23 décembre 2013, le pape François l’a nommé visiteur apostolique pour les fidèles de l’Église catholique résidant en Inde hors de territoire de cette Église. Puis le 10 octobre 2017, il est nommé premier évêque du nouveau diocèse Shamshabad tout juste érigé.
Le pape appelle à l’unité
Dans une lettre publiée le 10 janvier, le pape François confirme son élection comme archevêque majeur d’Ernakulam-Angamaly, «père et chef» de cette Église syro-malabare, qui compte 5,5 millions de fidèles, en majorité en Inde. Le pontife exhorte le nouveau leader religieux à «un ministère pastoral généreux et fructueux».
«Que l’Esprit Saint favorise l’unité, la fidélité et la mission de l’Église syro-malabare, afin qu’elle puisse croître et s’épanouir sous votre direction paternelle», souhaite le successeur de Pierre, sans toutefois évoquer directement le conflit en cours. Mgr Bosco Puthur reste administrateur apostolique d’Ernakulam-Angamaly. Les deux fonctions de chef de ce diocèse de 655’000 fidèles et de chef des 35 diocèses de l’Église syro-malabare, allant traditionnellement de pair, ont été récemment dissociées suite aux graves dissensions.
Le contexte de la crise liturgique
Depuis des années, 400 prêtres d’Ernakulam-Angamaly refusent de se plier à une réforme liturgique votée par leur Synode en 1999, malgré l’envoi par Rome de plusieurs administrateurs et délégués apostoliques pour tenter de résoudre le conflit. La situation s’est envenimée sous la houlette du cardinal Alencherry, élu en 2011, qui, en plus de la querelle liturgique, s’est vu mis en cause par une affaire financière liée à l’achat d’un terrain.
En décembre dernier, le pape François a fait parvenir de façon inédite une vidéo où il formulait aux pasteurs dissidents une menace d’excommunication au 25 décembre si la nouvelle messe «unifiée» – qui se réalise en partie dos aux fidèles – n’était pas appliquée. «Rétablissez la communion, restez dans l’Église catholique!», suppliait le pontife. Il les a mis en garde contre le risque de devenir «une secte».
D’après le média américain Catholic News Agency (CNA), la liturgie de 1999 aurait été respectée dans tout le diocèse le jour de Noël, mais de fortes tensions subsistent, tandis qu’une partie des fidèles continue à exprimer son opposition. Des pasteurs ont déjà annoncé leur intention de revenir à la liturgie face au peuple. Au Vatican, certaines voix assuraient fin 2023 que le spectre de l’excommunication était «très réel». (cath.ch/imedia/ak/rz)