Indonésie: Jean Paul II condamne le «fléau funeste» du terrorisme
La réponse au terrorisme pas inspirée par la haine ou la vengeance
Rome, 11 janvier 2004 (Apic) Jean Paul II a fermement condamné samedi l’augmentation du terrorisme qu’il a qualifié de «mépris pour la vie humaine». Condamnant les réponses au terrorisme inspirées par la haine ou la vengeance, le pape a constaté que la mobilisation politique est nécessaire pour «éliminer les mobiles sous-jacents d’injustices». Les solutions sont à ses yeux à la fois politiques et éducatives, mais se trouvent aussi dans la croissance du dialogue interreligieux.
Recevant en audience le 10 janvier Bambang Prayitno, le nouvel ambassadeur d’Indonésie auprès du Saint-Siège venu lui présenter ses lettres de créances, il a déclaré que la communauté internationale est encore choquée par l’attentat de Bali. Cet acte terroriste avait fait plus de 200 morts, pour la plupart de jeunes touristes étrangers.
A la veille de son discours annuel devant le corps diplomatique accrédité auprès du Saint-Siège, lundi 12 janvier, Jean Paul II a anticipé sa condamnation du terrorisme, ce «fléau funeste» qui «s’est accru de manière plus virulente ces dernières années, générant des massacres brutaux qui ne font qu’exacerber les situations difficiles, accroître les tensions et éroder les possibilités pour l’instauration de la paix entre les nations».
Le pape rappelle le sanglant attentat de Bali
«Votre propre pays, a-t-il affirmé au nouvel ambassadeur, a malheureusement une expérience de première main de tels actes de violence haineuse et de la dégradation de l’inviolabilité des vies humaines innocentes. Le choc qui a traversé le monde après l’explosion d’une bombe à Bali, il y a quinze mois, reste toujours très présent dans les esprits et dans le coeur de la communauté internationale».
Pour le pape, «malgré le mépris exprimé pour la vie humaine par ces attaques terroristes, notre réponse ne doit jamais être une réponse de haine ou de revanche. Des mesures punitives et répressives ne sont pas suffisantes. La lutte contre le terrorisme doit aussi être conduite aux niveaux politique et éducatif».
Agir au plan éducatif: l’importance de la coopération interreligieuse
La mobilisation politique est ainsi nécessaire pour «éliminer les mobiles sous-jacents d’injustices qui entraînent les personnes à commettre des actions de désespoir et de violence». Mais est aussi nécessaire «l’engagement dans des programmes éducatifs inspirés par un plus grand respect de la personne humaine dans toutes les circonstances».
Dans un pays asiatique où le développement de la compréhension et de la coopération interreligieuse est un défi permanent, Jean Paul II a souligné que cette démarche peut aider à l’éradication des causes culturelles et sociales du terrorisme. Il a insisté sur le fait que les autorités musulmanes, chrétiennes et juives doivent être en première ligne pour condamner le terrorisme et en niant aux terroristes toute forme de légitimité morale ou religieuse.
S’adressant enfin aux autorités politiques indonésiennes, il a précisé que l’élection présidentielle qui aura lieu cette année, sera une excellente opportunité pour renforcer les principes d’égalité et de liberté «dans les institutions démocratiques du pays et pour accroître la pleine participation de tous les citoyens dans la vie publique de la nation».
Jean Paul II a finalement souhaité des efforts pour éliminer la corruption et pour respecter les droits de tous les citoyens, spécialement de ceux qui appartiennent à des minorités ethniques ou religieuses. L’Eglise catholique est largement minoritaire en Indonésie, première nation musulmane du monde, avec près de 90% de musulmans sunnites. (apic/imedia/sr/be)