La violence dépasse de loin celle de Timor Oriental
Indonésie: Le conflit des Moluques a déjà fait 10’000 morts, selon le pasteur Manuputty
Amboine/Paris, 4 août 2000 (APIC) Les affrontements islamo-chrétiens aux Moluques ont déjà fait près de 10’000 morts, soit deux fois plus que les chiffres officiels, affirme le pasteur protestant Jacky Manuputty. Le pasteur Manuputty fait partie d’une délégation composée de personnalités religieuses catholiques et protestantes et d’intellectuels musulmans actuellement en tournée en Europe.
Dans l’archipel, les combats font toujours rage et ont déjà provoqué l’exode de 350’000 personnes ainsi que la destruction de la moitié des lieux de culte chrétiens et de près de 200 mosquées, témoigne le pasteur indonésien.
Mercredi 2 août, plusieurs milliers de musulmans ont pris d’assaut le village chrétien d’Alang Asaude, situé sur la côte sud-ouest de l’île de Seram, dans les Moluques, annonce la cellule de crise du diocèse catholique d’Amboine, chef-lieu des Moluques. Les attaquants provenaient d’une vingtaine de villages voisins. Selon une femme rescapée, les assaillants musulmans ont utilisé des grenades et des mortiers contre les quelque mille habitants du village chrétien, qui n’ont pu que s’enfuir et se cacher dans la jungle. On ne connaît pas encore le nombre de victimes de cette attaque. Les rescapés, selon ce témoignage, n’ont plus de vivres et sont en danger perpétuel.
Dans le même temps, la situation des réfugiés à Waai reste alarmante. Le village, situé à 35 kilomètres d’Ambon, a été attaqué pour la deuxième fois en quelques semaines par un groupe d’intégristes islamiques dimanche dernier. Ceux qui ont survécu au massacre qui a coûté la vie à au moins 20 civils, se sont cachés dans les montagnes alentours de Salhutu, puis ils ont été déplacés par l’armée vers des lieux soi-disant plus sûrs. La police est en outre en train d’enquêter sur l’enlèvement de 9 femmes commis à Waai. Elles seraient séquestrées dans le village voisin musulman de Tulehu.
Appel d’une institution officielle en faveur d’une intervention de l’ONU
Dans la capitale indonésienne Jakarta, la Commission nationale des droits de l’homme a lancé un appel en faveur d’une intervention de l’ONU et l’envoi d’une force internationale de maintien de la paix pour faire cesser les massacres dans les Moluques. Pour les observateurs, le niveau de violence y dépasse ce qui s’est passé au Timor Oriental. C’est la première fois que la commission, une institution officielle respectée en Indonésie, plaide ouvertement pour une intervention étrangère dans la région, où les combats entre chrétiens et musulmans ont déjà fait, selon des sources gouvernementales, près de 4’000 morts.
La commission, qui dépend directement du président indonésien Wahid, affirme qu’une telle intervention est nécessaire parce que le gouvernement n’a pas été capable de faire cesser le bain de sang. Cette déclaration est significative de la gravité de la situation, car d’ordinaire les autorités indonésiennes sont extrêmement sensibles au sujet d’une intervention étrangère. (apic/misna/bbc/be)