Interview d'Olivier et Xristilla Roussy
Synode sur la famille: «Nos témoignages ont eu un impact sur les pères»
Rome, 17 octobre 2014 (Apic) Pour les Français Olivier et Xristilla Roussy, responsables d’Amour et Vérité, mission de la Communauté de l’Emmanuel au service des familles et de la vie, les témoignages des couples lors du Synode des évêques ont eu un réel «impact». Pour I.MEDIA, les époux Roussy évoquent les coulisses de cette assemblée, au cours de laquelle ils ont pu apporter leur expérience concrète des méthodes naturelles de régulation des naissances. Ils assurent notamment que les désaccords exprimés au sein de l’assemblée synodale sont «un signe» de la «bonne santé de l’Eglise».
I.Media: Comment qualifieriez-vous le climat général des échanges pendant ces 2 semaines du synode sur la famille?
Olivier et Xristilla Roussy: Les médias ont dit qu’il y avait beaucoup de tension au Vatican. En réalité, il y a eu beaucoup d’écoute, de charité et de respect entre les pères synodaux. C’était sans doute dû à la présence du pape. Une présence marquée par le silence. Le pape ne notait rien, regardait tout, écoutait tout. Il n’a applaudit que rarement, mais riait de bon cœur avec les pères synodaux quand la situation s’y prêtait. Les idées fortes sont ressorties pendant les sessions de travail par groupes linguistiques. Mais même après quelques échanges tendus, les pères synodaux n’hésitaient pas à faire des blagues. Si vous avez entendu dire que le bateau tanguait car tout le monde n’était pas d’accord, pour nous, c’est un signe de bonne santé de l’Eglise que de vivre cela! L’Eglise doit se laisser renouveler.
I.Media: De quelle façon votre témoignage a-t-il été pris en compte par les pères synodaux selon vous?
O.X.R: Pendant les interventions des pères synodaux, le pape regardait son écran. En revanche, il a choisi de regarder directement les couples pendant leurs témoignages, y compris le nôtre. Toutes les interventions ont eu un impact, les pères synodaux nous l’ont dit et nous ont tous remerciés. D’ailleurs, nos témoignages ont influencé certains cardinaux qui ont choisi eux même de témoigner des réalités de leur propre famille! Un cardinal a par exemple improvisé en parlant de l’éducation dans la foi transmise par ses parents. Pendant les sessions par groupes linguistiques, normalement, les auditeurs ne pouvaient donner leur avis qu’à la fin, si on le leur demandait. Nous avons eu beaucoup de chance car on nous a finalement régulièrement demandé notre avis tout au long de la session de travail.
I.Media: La publication du rapport d’étape du synode et son écho dans les médias ont fait polémique. Qu’en pensez-vous?
O.X.R: Pour nous, le rapport d’étape du synode reflète les débats, même si le déploiement médiatique qui en a été fait a souvent été un peu exagéré. Mais cela ne nous choque pas. On est dans une société d’immédiateté: on doit tout comprendre, tout de suite, avoir des réponses tout de suite. C’est vrai qu’il y a des personnes qui souffrent et qu’il faut aller vite pour les aider. Dans le même temps, cela fait 2000 ans que l’Eglise existe et qu’elle cherche, qu’elle creuse, et qu’elle essaie de le faire avec le temps de Dieu. Il faut arriver à coordonner l’urgence de terrain et en même temps ce temps de Dieu. Pour nous, l’Eglise avance tout en essayant d’être prudente. La Relatio post dis ceptationem n’était pas un travail final. Nous l’avons retravaillée cette deuxième semaine. En plus, la deuxième Relatio ne sera toujours pas l’exhortation du pape. Il faut attendre le 2e synode. Le résultat sera donc dans un peu plus d’un an. (apic/imedia/bl/pp)