Versions contradictoires de l’attaque contre la voiture de G. Sgrena

Irak: La tragique libération de l’Italienne Giuliana Sgrena a profondément touché le pape

Rome, 6 mars 2005 (Apic) La tragique libération de la journaliste italienne Giuliana Sgrena, enlevée le 4 février en Irak, a profondément touché le pape. Jean Paul II a envoyé deux télégrammes sur la tragédie qui a endeuillé ces événements vendredi soir, quand des soldats américains ont ouvert le feu sur la voiture civile qui l’emmenait vers l’aéroport de Bagdad.

Le pape a d’abord exprimé sa satisfaction pour la libération de Giuliana Sgrena, puis a rappelé l’acte héroïque de l’agent italien du SISMI Nicola Calipari, mort en lui sauvant la vie. C’est ce qu’écrit le cardinal Angelo Sodano, secrétaire d’Etat du Saint-Siège, dans deux télégrammes, datés du 5 mars, adressés au chef du gouvernement italien, Silvio Berlusconi, et à la famille de Nicola Calipari

«Le Souverain pontife exprime sa satisfaction pour le travail du gouvernement italien et pour tout ceux qui se sont généreusement employés pour l’issue heureuse de ce déplorable enlèvement», peut-on lire dans le télégramme adressé à la présidence du Conseil italien.

Mort d’un «fidèle et héroïque serviteur de l’Etat»

Dans le même temps, le pape se déclare attristé par la mort tragique de Nicola Calipari. Il exprime sa proximité spirituelle et sa profonde douleur à toute l’équipe gouvernementale et aux collègues «d’un si fidèle et héroïque serviteur de l’Etat qui dans la délicate mission qui lui a été confiée n’a pas hésité à sacrifier sa propre vie». «Le pape assure de sa prière les blessés de cette délicate opération», a encore indiqué le cardinal Sodano.

Dans le second télégramme adressé au Père Maurizio Calipari, frère de l’agent des services spéciaux italiens et officiel de l’Académie pontificale pour la vie, Jean Paul II a exprimé sa «proximité spirituelle» à la mère de Nicola Calipari. Il a aussi souligné son admiration pour ce geste suscité par «le sens du devoir et des sentiments de vertu chrétienne». Lors de l’Angélus du 13 février, le souverain pontife avait lancé un appel pour la libération de la journaliste italienne et de tous les otages détenus en Irak.

Giuliana Sgrena, 56 ans, journaliste au quotidien de gauche «Il Manifesto», enquêtait à Bagdad auprès des réfugiés de Falloujah, le bastion sunnite rasé par les Américains, quand elle a été prise en otage le 4 février. Lors de sa libération, le 4 mars, la voiture qui la transportait est tombée sous le feu de tirs américains, qui auraient fait des sommations selon la presse américaine, reprenant la version officielle de l’armée. La journaliste et un membre des services secrets italiens ont nié ces assertions, relevant qu’ils ont été pris pour cible par une patrouille, et non en passant par un «check point».

Le rôle de l’Eglise irakienne

La journaliste, arrivée à Rome en milieu de matinée le 5 mars, a été blessée. Nicola Calipari, chef de mission des services secrets italiens, a été tué en la protégeant, et deux de ses collègues ont été blessés. Le gouvernement italien, militairement engagé aux côtés des Américains en Irak, a demandé des explications à Washington. Le président George W. Bush s’est engagé à ordonner «une enquête complète».

Par ailleurs, Mgr Shlemon Warduni, évêque auxiliaire des chaldéens de Bagdad, a souligné le rôle de l’Eglise dans la libération de la journaliste italienne.»Nous avons parlé en secret, lorsque l’occasion s’en présentait et nous n’avons jamais manqué de dire une bonne parole aux personnes qui pouvaient faire quelque chose», a déclaré le prélat à l’agence de presse AsiaNews, le 5 mars 2005.

Le prélat irakien a aussi demandé de ne pas oublier les autres otages détenus par ceux «qui veulent de l’argent, qui ont des revendications politiques, qui veulent interférer dans la politique intérieure irakienne, ou qui sont des terroristes étrangers». L’évêque chaldéen a particulièrement rappelé que la journaliste française Florence Aubenas et le secrétaire général du parti démocrate chrétien irakien, Minas Ibrahim al- Youssoufi sont toujours retenus en otage.

Le président du Conseil italien, Silvio Berlusconi et le chef de la diplomatie Gianfranco Fini, tous deux partisans de l’envoi de troupes italiennes en Irak, donneront des explications mardi et mercredi devant le Parlement italien. (apic/imedia/hy/cnn/be)

6 mars 2005 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 3  min.
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