Iran: «Human Rights Watch» dénonce les persécutions contre les minorités religieuses

Discrimination à l’encontre de tout ce qui n’est pas chiite

Téhéran, 28 septembre 1997 (APIC) Le gouvernement iranien, sous la férule du clergé musulman chiite, est engagé dans une persécution flagrante des minorités religieuses et notamment des Baha’is et des chrétiens évangélistes: c’est ce que dénonce «Human Rights Watch» (HRW), dans un rapport intitulé «Iran’s Religious and Ethnic Minorities: Discrimination in Law and Practice».

Ce document de 38 pages décrit des cas de discrimination à l’encontre de tous ceux qui ne sont pas chiites, y compris les musulmans sunnites, et contre les minorités ethniques non persanes. «Human Rights Watch» demande dès lors au nouveau gouvernement du président Mohammed Khatami de garantir les mêmes protections à tous et d’extirper toute discrimination, qu’elle soit fondée sur la religion ou l’origine ethnique. «La Constitution iranienne, constate l’organisation, ne prévoit pas de protection contre ce qui est devenu une discrimination générale et institutionnalisée, et dans le cas des Baha’is et des Evangéliques une véritable persécution».

La population iranienne – plus de soixante millions de personnes – comprend en son sein d’importantes minorités, dont les Azéris, des Baloutches, des Kurdes, des Arabes, des Turkmènes, etc. La plupart des Kurdes, des Baloutches et des Turkmènes sont des musulmans sunnites, ce qui en fait également des membres d’une minorité religieuse. L’Islam chiite est la religion de près de 80 % des Iraniens et est déclarée par la Constitution comme religion d’Etat. Il existe de plus petites minorités religieuses, dont les Chrétiens de différentes confessions, les Baha’is, les Zoroastriens.

Dans son rapport, «Human Rights Watch» analyse la Constitution de l’Iran, son Code pénal et les autres lois affectant la liberté de religion et le traitement réservé aux minorités.

Selon l’organisation, l’hostilité à l’encontre des Baha’is a débouché sur une persécution grave des fidèles de cette communauté et sur l’interdiction de toute activité religieuse. Depuis 1993, les rassemblements baha’is ont été interdits et toute participation à des activités baha’ies, que ce soit des fêtes ou des célébrations, même dans des maisons privées, peut entraîner des poursuites. «Le gouvernement ne cache pas son intention de punir les Baha’is en raison de leurs convictions religieuses», accuse HRW. Les cas terribles de Baha’is condamnés à mort décrits dans le rapport ne font que souligner la dureté de la persécution.

Le gouvernement a toléré les activités des communautés chrétiennes orthodoxes, qui constituent plus de 90 % de la population chrétienne d’Iran – estimée à 200’000 personnes – même si, dans leurs rapports avec la société musulmane, ces communautés souffrent de traitement discriminatoire, affirme HRW. Par contre, les Eglises protestantes sont la cible d’une forte hostilité gouvernementale en raison de leurs origines occidentales, de leurs liens durables avec des congrégations semblables aux Etats-Unis et en Europe et de leurs efforts de conversion des musulmans.

Le rapport indique que la persécution des Evangéliques iraniens s’est intensifiée au cours des années 90 – quatre de leurs dirigeants sont morts «dans des circonstances qui suggèrent une complicité gouvernementale».

Les Sunnites sont de loin la plus grande minorité religieuse, avec près de 20 % de la population. La plupart des Kurdes, des Baloutches et des Turkmènes sont sunnites. L’ascendant exercé par le clergé chiite depuis la formation de la République islamique a accentué les griefs des Sunnites. Les Kurdes et les Baloutches sunnites se sont vu refuser leurs aspirations à une plus grande autonomie et à une plus grand respect de leur droit à la liberté religieuse. Les dirigeants des prières du vendredi, même dans les mosquées sunnites – un Kurde et trois Baltouches – sont morts ou ont été tués ces dernières années dans des circonstances suspectes.

Les principaux griefs de la communauté azéri – la plus grande minorité ethnique iranienne – sont d’ordre culturel. Ceux qui plaident pour les droits des azéris sont taxés de séparatistes ou d’espions turcs par le gouvernement ou les médias contrôlés par l’Etat. Le cas de Muhammad Ali Chehregani, candidat azéri aux élections parlementaires de mars 1996 et dont l’exclusion du scrutin avait déclenché des troubles à Tabriz, démontre le caractère sensible de la question. Les arabes iraniens, une minorité regroupée dans le sud-ouest de l’Iran, ont aussi dénoncé d’importantes restrictions, imposées à l’usage de leur langue et de leur culture, ainsi qu’à leur droit de participer effectivement aux décisions qui touchent la région où ils vivent.

HRW demande au gouvernement iranien d’»éliminer toutes les dispositions qui, dans la Constitution, violent ces obligations aux termes du droit international et de cesser la persécution des Baha’is et des Evangéliques». (apic/cip/pr)

10 avril 2001 | 00:00
par webmaster@kath.ch
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