Israël: La dissidence israélienne à la guerre est bien réelle
«Une guerre de luxe»
Tel Aviv, 16 janvier 2009 (Apic) Face aux balbutiements de l’Europe politique, du silence complice des Etats-Unis, la dissidence israélienne fait entendre sa voix, plus dure que jamais, dans la guerre de Gaza. Gideon Levy a publié jeudi sur l’édition en ligne du quotidien israélien Haaretz un véritable réquisitoire, repris et traduit par l’Agence Misna.
«Les combats à Gaza sont une guerre de luxe, écrit le journaliste de Haaretz. Par rapport aux guerres précédentes, celle-ci est un jeu d’enfants: les pilotes qui bombardent sans rencontrer aucun obstacle, comme s’il s’agissait d’un entraînement, les chars d’assaut et les soldats de l’artillerie qui tirent sur les maisons et les civils depuis leurs véhicules blindés, les forces spéciales qui détruisent des rues entières à l’abri dans leurs véhicules menaçants sans rencontrer une grande opposition. Une armée numériquement importante et forte est en lutte contre une population sans défense et une organisation affaiblie»: c’est ainsi que débute l’éditorial de Levy, publié hier dans l’édition en ligne de Haaretz. Un écrit qui constitue une des expressions les plus claires et explicites de la dissidence israélienne à l’offensive engagée le 27 décembre dernier à Gaza.
Levy ajoute: «Cette guerre est un jeu d’enfants également à cause de ses victimes: environ un tiers des morts à Gaza sont des enfants (…) Un pourcentage trop élevé pour n’importe quel critère humanitaire et éthique. Il suffit de regarder les images provenant du Shifa Hospital pour voir combien d’enfants sont brûlés, ensanglantés ou mourants en ce moment. L’histoire a produit d’innombrables guerres brutales faucher un nombre de vies humaines impossibles à compter. Mais le terrible pourcentage de cette guerre, avec un tiers des morts qui sont des enfants, n’a jamais été constaté dans l’histoire récente».
Levy dénonce ensuite l’indifférence à l’égard du drame humain et humanitaire; une indifférence qui, selon le journaliste israélien, ne trouve aucune explication, pas même dans l’intense propagande du gouvernement et de l’armée de Tel-Aviv. «La bouleversante indifférence publique à ce chiffre est incompréhensible. Un millier de propagandistes et apologistes ne peuvent pas justifier ces assassinats criminels. On peut accuser Hamas pour la mort d’enfants, mais aucune personne raisonnable dans le monde n’accepterait une marchandise propagandiste si imparfaite et ridicule en voyant les images et les bilans provenant de Gaza (…). Et le journaliste de conclure: «C’est la raison pour laquelle le sang des enfants de Gaza est sur nos mains, pas sur les mains de Hamas, et nous ne pourrons jamais fuir cette responsabilité». (apic/ha/misna/pr)