Les Palestiniens dépasseront la population juive en 2020
Israël: La faible démographie menace la majorité juive dans les territoires d’Israël-Palestine
Tel Aviv/Londres, 5 janvier 2004 (Apic) La faible natalité menace la majorité juive dans le «Grand Israël». «Dans un an ou deux, entre le Jourdain et la Méditerranée, naîtra le premier Palestinien. de la majorité palestinienne». Ce nouveau cri d’alarme est lancé par le député travailliste Avraham Burg. L’ancien «speaker» de la Knesset, le parlement israélien, commente les dernières données démographiques montrant que le taux d’immigration juive est le plus bas depuis 15 ans.
La politique de confiscation et d’annexion de territoires palestiniens engendrée par la construction du «mur de sécurité» n’y pourra rien: dans un pays marqué par la violence et la récession économique, l’immigration juive s’est réduite de moitié en trois ans. Ce recul a lieu alors que la politique avouée du gouvernement Sharon et de son parti, le Likoud, était d’attirer un million d’immigrants en une décennie. Selon les dernières données du Bureau des statistiques de l’Etat d’Israël, la population israélienne est désormais de 6,75 millions d’habitants – 81% d’origine juive et «autres nationalités» – et 19% d’origine arabe.
Les statistiques montrent qu’en dépit des incitations financières pour les couples avec enfants, la population israélienne n’a augmenté que de 116’000 personnes (1,7%), soit le plus faible accroissement depuis 1990. Dans les années 90, le taux annuel d’immigration s’élevait à 70’000, voire à 200’000 par an. Près d’un million d’immigrants d’ex-Union soviétique, dont de nombreuses personnes ne correspondant pas aux critères d’appartenance au judaïsme définis par les instances religieuses israéliennes, se sont installés en Israël depuis l’effondrement du communisme.
Selon des prévisions démographiques américaines, la population d’Israël double en 45 ans, celle de la Cisjordanie en 21 ans et celle de Gaza en 15 ans. Cela signifie que la population palestinienne des territoires occupés – y compris la partie arabe annexée de Jérusalem et la population arabe israélienne – dépassera la population juive en 2020.
Un véritable «cataclysme» démographique menace le rêve sioniste
Cette constatation a poussé des commentateurs, comme David Landau, à parler dans l’édition de langue anglaise du quotidien israélien «Ha’aretz» de véritable «cataclysme» démographique et de grave défi si Israël veut conserver son identité en tant qu’Etat juif et démocratique. David Landau craint que les Palestiniens abandonnent leur demande d’établir deux Etats et insistent dorénavant sur l’égalité des droits à l’intérieur d’un seul Etat binational, ce qui mettrait un terme au rêve sioniste.
D’après une nouvelle diffusée dimanche par la chaîne qatariote «Al Jazira», un député situé à l’extrême-droite du parlement israélien a proposé une solution radicale pour changer la démographie de la Palestine et mettre un terme final au conflit israélo-palestinien: une «épuration ethnique massive» des non juifs dans les territoires israéliens et palestiniens. Un membre du Likoud, le parti du Premier ministre Ariel Sharon, a déclaré dimanche à la radio publique israélienne qu’il y avait un large soutien dans la population israélienne pour l’idée «d’épuration ethnique». «Nombreux sont ceux qui soutiennent cette idée, mais peu veulent en parler publiquement», a-t-il lancé.
Un Etat palestinien dans le nord de la Jordanie
Le député israélien, rapporte «Al Jazira», propose qu’Israël, les Etats-Unis, l’Union européenne ainsi que les Etats pétroliers arabes joignent leurs efforts pour établir un Etat palestinien au nord de la Jordanie. Il estime que l’on devrait laisser aux Palestiniens 20 ans pour quitter le pays volontairement, après quoi il faudrait utiliser la force. Le député arabe à la Knesset Ahmed Tibi a vivement déploré que «l’idée vénéneuse» de l’épuration ethnique ne se confine plus comme auparavant à des groupuscules extrémistes juifs – qui parlaient de «transfert» des populations palestiniennes au-delà du Jourdain – , mais qu’elle fasse dorénavant son chemin dans les rangs du Likoud, parti actuellement au gouvernement. (apic/observer/bbc/aljazira/be)