Israël: Les immigrants d’ex-URSS accusés d’être une «5ème colonne»
Propos racistes d’un député sur les immigrants non juifs
Jérusalem, 10 novembre 1999 (APIC) Les propos racistes d’un parlementaire israélien ont soulevé une vague d’indignation en Israël. Le député orthodoxe à la Knesset Shmuel Halpert a accusé mardi les immigrants non juifs d’ex-URSS de représenter une véritable «5ème colonne» et d’être des «espions». A ses yeux, ce n’est pas un problème religieux, mais «un danger pour la sécurité nationale de premier ordre».
Le député Shmuel Halpert, membre du parti unifié de la Torah, un parti religieux orthodoxe askhénaze de droite, a déploré le «petit pourcentage de juifs parmi les nouveaux immigrants» de l’ancienne Union soviétique, affirmant que près de la moitié d’entre eux ne sont pas juifs. «De nos propres mains, nous forgeons une 5ème colonne», a-t-il lancé.
Des députés de gauche ont vivement rétorqué que parler de «5ème colonne» revient à qualifier ces citoyens de traîtres. Visant les juifs religieux qui esquivent le devoir de défendre le pays, le député du Meretz (sioniste de gauche) Avshalom Vilan a lancé à son collègue Halpert: «De quel droit quelqu’un qui ne sert pas dans l’armée peut-il qualifier les immigrants non-juifs de 5ème colonne ? Ils servent dans l’armée et, malheureusement, ils paient aussi de leur vie pour défendre la sécurité de l’Etat!»
Des immigrants qui refusent de se convertir au judaïsme
Un ancien allié, le député Naomi Blumenthal, membre du Likoud, a demandé à Halpert de retirer ses accusations, tout en déplorant qu’une partie de nouveaux immigrants refusent de se convertir au judaïsme. «Il y a une différence entre essayer d’empêcher l’immigration de non-juifs et lancer des accusations collectives contre une population entière. C’est vrai, a poursuivi Blumenthal, vous ne pouvez pas ignorer le fait qu’un large pourcentage de nouveaux immigrants ne sont pas juifs, et quand ils viennent en Israël en vertu de la Loi du Retour, ils ne se convertissent pas au judaïsme et crachent dans le puits d’où ils tirent l’eau». Quant à Shmuel Halpert, refusant de se rétracter, il en a même rajouté: «De nombreux espions ont été arrêtés parmi les nouveaux immigrants d’ex-URSS».
Même si le député juif orthodoxe prétend que ses préoccupations ne sont pas d’ordre religieux, l’on sait que les milieux orthodoxes craignent la croissance de groupes chrétiens parmi les immigrants originaires des milieux juifs soviétiques. Les chercheurs ont découvert que le boom des communautés juives messianiques, qui reconnaissent le Christ, coïncide avec l’arrivée des immigrants d’ex-URSS.
5’000 juifs messianiques qui croient en Jésus
D’après une étude de Kai Kjaer-Hansen et Bodil Skjøtt, deux chercheurs danois qui ont travaillé pour le compte d’une organisation missionnaire en Israël, il y aurait dans ce pays quelque 5’000 juifs qui croient en Jésus. Les auteurs estiment qu’il y a un bon millier de Russes adultes «de foi juive» dans les communautés messianiques, sans compter les enfants. Selon l’étude danoise, qui a repéré 81 groupes messianiques, 57 ont été fondés dans les années 1990, lors des premières vagues d’immigrants russes. Dans ces dernières communautés, plus de 90% des membres sont russes. Près de la moitié de leurs membres et la plupart de leurs leaders ont découvert la foi dans le Messie alors qu’ils étaient encore en Union soviétique. Certains d’entre eux appartiennent à des communautés catholiques hébraïques – qui vivent dans la semi-clandestinité -, à des communautés évangéliques comme les Adventistes du 7ème Jour, ou à des groupes comme les Témoins de Jéhovah.
Le rabbin Shalom Lifschitz, président de l’organisation juive anti-missionnaire «Yad Leachim» affirme que l’étude en question sous-estime le nombre de croyants messianiques, qui seraient selon ses estimations entre 15 et 20’000, la plupart juifs. Yisrael Leibenson, un militant de Yad Leachim à Tel Aviv, affirme que nombre de ceux qui ont immigré en Israël en vertu de la Loi du Retour l’ont fait en violation de la loi, qui précise que sont exclus du droit au retour ceux qui se sont convertis à une autre religion que la religion juive. (apic/haar/jpost/be)