Les ultraorthodoxes, résignés, tolèrent Noël

Israël: Les immigrants russes ont introduit la fête de Noël dans la population juive

Tel Aviv, 21 décembre 2001 (APIC) Résultat de la forte immigration russe de ces dernières années, Noël occupe les devantures de nombreux magasins en Israël. La fête a pris une telle importance dans certaines régions que les juifs ultraorthodoxes, qui voyaient d’un très mauvais ?il ce qu’ils assimilaient à une «activité missionnaire», se sont apparemment résignés. Mais ils refusent tort de même de délivrer le «casherout» à certaines marchandises.

«Jusqu’à ces dernières années, je ne connaissais même pas cette fête. Ce sont les immigrants russes, chrétiens et juifs, qui me l’ont fait découvrir», raconte Mnaya Tovi, 72 ans, commerçante à Bat Yam, une ville de la banlieue de Tel-Aviv dont le tiers des 200’000 habitants sont des immigrants de l’ex-URSS. Environ un million d’Israéliens, sur une population totale de plus de 6 millions, sont des immigrants qui ont quitté l’ex-URSS après son éclatement en 1991. L’habitude de célébrer Noël reste bien ancrée chez ces nouveaux Israéliens, qu’ils soient chrétiens ou juifs, révèle le quotidien libanais «L’Orient le Jour» dans son édition du 21 décembre.

Sapins en plastique de toutes tailles, petits et grands pères Noël, boules, guirlandes, jouets, cartes de v?ux : rien ne manque pour Noël, qui n’est évidemment pas fêté par les juifs. «C’est la première année que les autorités religieuses ne viennent pas faire de problèmes, ils ont compris que la demande était de plus en plus forte et qu’il fallait y répondre pour gagner notre vie, vu la récession due à l’intifada», raconte Mme Tovi, qui tient un magasin de jouets.

Originaire de Riga, en Lituanie, Ludmila Rivkin se tient derrière le comptoir de son magasin, où s’entassent des bouteilles de champagne russe et des boîtes de chocolat importé. Elle déplore que le rabbinat local ait refusé de décerner à ces produits le certificat de casherout, indispensable pour les juifs religieux, car il garantit la conformité avec les règles alimentaires du judaïsme.

Autant de ventes à Noël qu’à Pâque et Nouvel-an

La ville voisine de Holon s’est mise, elle aussi, à fêter Noël, qui est célébré par les Russes de rite orthodoxe le 7 janvier. Au coin de la rue Dov Hoz et de la place Struma, Aelita Zlatine, originaire d’Ukraine, possède un magasin de fleurs dont la vitrine arbore un grand père Noël entouré d’autres plus petits, ainsi que de bougies et de bouquets. «Nous vendons à Noël autant qu’à Pessah (la Pâque juive) et à Rosh Hashana (Nouvel An juif)», indique-t-elle.

Pris par le mouvement, les commerces israéliens ont également fait une place à Noël. «Nous enregistrons une augmentation de ventes, les Russes aiment le brillant», indique Nava Shouval, patronne d’une boutique de prêt- à-porter. A côté, un magasin de jouets a installé sur sa terrasse un magnifique arbre de Noël vendu avec toutes les garnitures 59 shekels (22,5 francs suisses).

A la gare routière de Tel-Aviv, le quatrième étage propose une grande sélection de papier d’emballage, cartes de v?ux en russe, arbres et accessoires. Les passants israéliens jettent un coup d’?il sans s’arrêter, s’habituant peu à peu à une fête qu’ils considéraient encore récemment comme païenne. (apic/orj/bb)

21 décembre 2001 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 2  min.
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