Un apôtre de la justice et de la coexistence arabo-israélienne

Israël: Mgr Elias Chacour consacré archevêque grec-catholique melkite de Galilée

Ibillin, 27 février 2006 (Apic) Sur le campus de «son» Université chrétienne Mar Elias à Ibillin, le Père Elias Chacour a été consacré dimanche archevêque grec-catholique melkite de Galilée. Son élection par le Saint Synode du patriarcat melkite avait été confirmée début février par le Saint-Siège.

«Abouna» Elias Chacour, âgé de 67 ans, est un arabe israélien né dans le village de Biram, près de la frontière libanaise, en Haute-Galilée. Ce village maronite – comme celui d’Iqrit, une bourgade grecque-catholique frontalière – a été complètement dynamité par l’armée israélienne le matin de Pâques et la veille du Yom Kippour 1951. Sur ordre de Ben Gourion, pour empêcher que sa population qui avait été chassée ne puisse y retourner…

Le Père Chacour, qui prêche contre vents et marées la réconciliation entre Palestiniens et Israéliens, est le fondateur du Collège du uUZbProphète Elie – devenu en 2003 de la première Université chrétienne arabe israélienne -, dans le village arabe d’Ibillin, situé entre Haïfa et Nazareth. Il remplace à la tête de l’archevêché d’Akka (St-Jean d’Acre), Mgr Pierre Mouallem, qui avait atteint l’âge canonique de 75 ans le 10 mai 2003 et a été remplacé temporairement par un administrateur apostolique, Mgr Georges Haddad.

La cérémonie à l’Université de Mar Elias d’Ibillin – que les Israéliens appellent Kafr A’avlin – a été suivie par tous les responsables religieux de Terre Sainte, notamment le patriarche latin de Jérusalem, Mgr Michel Sabbah, et le nonce apostolique représentant le Vatican. Deux évêques catholiques étaient également venus du Liban et de Jordanie, au nom du patriarche melkite résidant à Damas, Grégoire III Laham. Des délégués des communautés musulmanes et druzes locales, ainsi que des représentants de l’Autorité palestinienne avaient fait le déplacement, mais aucun officiel du gouvernement israélien n’était présent, rapporte lundi le quotidien israélien «Ha’aretz».

Mgr Elias Chacour est l’auteur de «Frères de sang», un livre qui a été traduit en 28 langues. Il a été candidat au Prix Nobel de la Paix en 1986, 1989 et 1994 pour son engagement en faveur de la réconciliation judéo-arabe, avant de recevoir en 2001 le Prix Niwano pour la paix.

Un doctorat à l’Université de Genève

Né en 1939 à Biram, Elias Chacour a fait ses études secondaires à Nazareth, puis sa théologie à Paris, au Séminaire Saint-Sulpice. Il a également étudié à la Sorbonne. Ordonné prêtre à Nazareth en 1965, il a été envoyé au service de la paroisse melkite d’Ibillin. En 1968, il a été le premier palestinien à obtenir une maîtrise à l’Université hébraïque de Jérusalem, dans les domaines des études bibliques et talmudiques. En 1972, il a obtenu un doctorat en Théologie oecuménique à l’Université de Genève, et il a ensuite reçu 6 doctorats honoris causa d’universités européennes ou des Etats-Unis.

Dans son discours inaugural, qui a été retransmis en direct par la télévision satellitaire libanaise, Mgr Chacour s’est engagé à travailler pour un meilleur futur non seulement pour les membres de sa propre communauté mais également pour tous les citoyens israéliens, et particulièrement les arabes israéliens. En hébreu, il a demandé au gouvernement israélien d’oeuvrer en faveur du processus de paix et de l’égalité et de la justice pour les arabes israéliens. Ces derniers dénoncent les discriminations dont ils sont victimes dans la société israélienne, où ils sont traités comme des citoyens de «seconde zone».

Rappelons qu’Elias Chacour a fondé à Ibillin une école de 4’500 élèves qui accueille des chrétiens, des musulmans, des juifs et des druzes et, en 2003, la première Université arabe chrétienne en Israël. La «Mar Elias University Campus» (MEUC) accueille actuellement 120 étudiants. Le prédécesseur d’Elias Chacour, l’archevêque libanais Pierre Mouallem, a pris sa retraite en 2003 pour raison d’âge. Depuis lors, c’est l’évêque Georges Haddad qui fonctionnait comme administrateur apostolique. (apic/haar/be)