Israël: Pas de tapis rouge pour le pape, réclame le professeur Arthur Hertzberg

Messe le jour du sabbat: «Une gifle à la face de la dignité juive»

Jérusalem, 24 février 2000 (APIC) «Ne déroulez pas le tapis rouge pour le pape»: tel est l’appel lancé par le rabbin Arthur Hertzberg mercredi au Hilton de Jérusalem, devant un parterre de vétérans de guerre juifs. Hertzberg, auteur de l’ouvrage «L’idée sioniste», a estimé que le projet du pape de dire une messe un samedi après-midi, jour du sabbat, est «une gifle à la face de la dignité juive». Les attitudes et remarques hostiles à l’égard de l’Eglise se multiplient en Israël à un mois de la visite du pape.

Invité aux côtés du ministre israélien Michael Melchior et du chef du parti de droite Likoud, le «faucon» Ariel Sharon à s’adresser à l’Assemblée des vétérans de guerre juifs, il a qualifié de «mélangée» la conduite passée du pape concernant l’holocauste et son attitude envers les juifs d’»ambivalente», rapporte jeudi le quotidien israélien «The Jerusalem Post».

Historien, rabbin connu et militant juif, le professeur Arthur Hertzberg a demandé aux responsables israéliens de ne pas fermer les yeux sur «l’élément de la dignité juive» en recevant le pape Jean Paul II en Israël le mois prochain. Hertzberg reproche au jeune Karol Wojtyla d’avoir peu fait pour les juifs alors qu’il était séminariste pendant la guerre. Le rabbin reconnaît que le pape a aidé à sauver des juifs «après la guerre, et il est le premier pape à avoir visité synagogue.»

Feu sur Pie XII

Arthur Hertzberg demande que le pape soit reçu «avec respect, naturellement; mais souvenons-nous de son programme: il vient ici pour promouvoir les intérêts catholiques, pas ceux des juifs». Hertzberg a également rappelé la récente signature d’un accord entre le Saint-Siège et le président de l’Autorité palestinienne Yasser Arafat. Pour lui, Jean Paul II fait montre d’une attitude «ambivalente» à l’égard des juifs.

Le professeur accuse également le Vatican de ne pas faire connaître au grand public des volumes de matériel publié sur le comportement du Vatican durant la deuxième guerre mondiale et plus spécialement de cacher de la documentation compilée par les évêques polonais sur des événements qui se sont déroulés en Pologne. «Je mets au défi [le Vatican] de passer cette porte et de regarder ces dossiers et affirmer ensuite que Pie XII est un candidat pour la sainteté», a-t-il lancé.

Remarques hostiles du ministre David Levy: «Sang pour sang, enfant pour enfant»

Le ministre israélien des Affaires étrangères David Levy a lui aussi fait des remarques hostiles à l’égard du pape Jean Paul II, en disant son espoir que l’arrivée du pape le mois prochain apportera un message de paix et qu’elle ne causera pas des difficultés dans les négociations de paix entre Israël et les Palestiniens. Dans un discours au parlement israélien, la Knesset, sur le récent accord entre le Saint-Siège et l’OLP, David Levy a sévèrement critiqué le Vatican «pour avoir participé à la violation des accords d’Oslo par les Palestiniens en signant avec eux un accord international».

Le ministre israélien est peu connu pour son sens des nuances: il vient de faire scandale en déclarant publiquement que le Liban «allait brûler» si le Hezbollah lançait des katiouchas sur Kiryat Shmone: «Sang pour sang… Enfant pour enfant,» a-t-il lancé à la Knesseth au grand dam des députés arabes et de gauche. Il a affirmé que les représailles n’épargneraient pas les enfants libanais, causant un profond malaise au sein même de la coalition au pouvoir. Ces propos virulents ont divisé le Cabinet Barak. Cette variante de la loi du talion, «œil pour œil, dent pour dent», a suscité la colère des ministres de la Justice Yossi Beilin (travailliste) et de l’Agriculture, Haïm Oron, membre du parti de gauche Meretz, principal allié des travaillistes dans la coalition gouvernementale. Beilin a exigé d’Ehoud Barak qu’il «désavoue les propos de son ministre des Affaires étrangères, qui ne reflètent pas son opinion».

Le Saint-Siège en accusation

S’en prenant au Saint-Siège, il a affirmé qu’en signant son accord avec l’Autorité palestinienne, «le Vatican a violé un accord de principe entre le Saint-Siège et Israël», et est intervenu d’une manière flagrante dans les négociations avec les Palestiniens. Dès les premières protestations israéliennes, le Vatican avait souligné l’inconsistance des reproches israéliens. (apic/jpost/be)

24 février 2000 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 3  min.
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