Istanbul: rencontre interreligieuse sur la paix (140294)
«Ne pas corrompre la foi religieuse par un nationalisme sans limite»
Istanbul/Rome, 14février(APIC) Les participants à la rencontre internationale sur la paix et la tolérance qui vient de se tenir à Istanbul estiment «qu’un crime commis au nom de la religion est un crime contre la religion», peut-on lire dans une déclaration publiée lundi au Vatican. Cette
rencontre était placée sous les auspices de la Fondation américaine «Appeal
of Conscience Foundation» et du Patriarcat oecuménique de Constantinople.
Les signataires de la déclaration annoncent la création d’une commission
internationale et interreligieuse chargée de résoudre les conflits ethniques.
Une centaine de personnalités religieuses ont pris part à la rencontre
d’Istanbul, entre autres le patriarche oecuménique Bartholomée Ier, le rabbin de New-York Arthur Schneier et le cardinal français Roger Etchegaray,
président des Conseils pontificaux «Justice et Paix» et «Cor Unum».
Les participants ont signé le 10 février une déclaration dite «du
Bosphore», en référence à la «Déclaration de Berne» signée le 26 novembre
1992 où les responsables des communautés orthodoxe-serbe, catholique et musulmane avaient lancé un appel à leurs concitoyens pour stopper la guerre
en ex-Yougoslavie.
Le document évoque les crimes contre l’humanité perpétrés en Bosnie, en
Arménie, en Azerbaidjan, en Géorgie et au Tadjikistan. «Les actes de cruauté y continuent sans aucune limite et nous exigeons qu’on mette fin à une
telle brutalité», écrivent les signataires.
Il faut s’opposer à ceux qui violent la vie
«Nous refusons, poursuit la déclaration, toute tentative de corrompre
notre foi en vertu d’une interprétation fausse et d’un nationalisme sans
limite. Nous nous opposons de façon décidée à ceux qui violent le caratère
sacré de la vie humaine et poursuivent une politique en contradiction avec
les valeurs morales. Nous rejetons l’idée qu’on puisse justifier au nom de
Dieu ses propres agissements dans n’importe quel conflit armé».
Condamnation de la purification ethnique
Mettant en parallèle deux citations, l’une biblique: «Bienheureux les
artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu», l’autre coranique:
«Ses chemins (de Dieu) sont les chemins de la paix», les signataires de
l’appel ajoutent: «Nous réaffirmons que la guerre en ex-Yougoslavie n’est
pas une guerre religieuse. Nous insistons sur le caractère impératif de la
liberté de conscience et de la liberté religieuse pour chaque minorité. Que
l’on mette fin aux confiscations, profanations et destructions des lieux de
culte et des lieux sacrés de toutes les traditions religieuses. Nous condamnons la purification ethnique, le viol et l’assassinat de femmes et
d’enfants».
Les signataires estiment que «toute personne qui souffre est une victime». Mais ils attirent l’attention «sur les victimes les plus tragiques et
innocentes que sont les enfants», en demandant aux communautés religieuses
de s’en occuper de façon spéciale.
Le document reconnaît aussi l’existence de tensions entre leurs différentes fois religieuses et incite leurs leaders à «apporter des décisions
de paix aux problèmes qui les séparent».
Les participants à la conférence annoncent en outre qu’ils ont décidé
d’établir une commission pour résoudre les conflits ethniques. Cette commission sera composée de délégués de toutes les religions de tous les pays
représentés à la conférence. (apic/sv/ba)
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