Italie: Le jeu de la «chaise électrique» comme nouveau divertissement fait fureur

«Il n’y a plus de frontière entre le réel et le virtuel», estime l’OR

Rome, 23 juillet 2000 (APIC) «L’Osservatore Romano» s’interroge sur les «nouveaux divertissements» en Italie, et notamment sur «un jeu» appelé «chaise électrique». Il n’y a plus de frontière entre le réel et le virtuel, estime le quotidien du Vatican.

«Les jeunes veulent de l’adrénaline et nous leur en donnons». C’est l’explication donnée par les inventeurs du nouveau jeu lancé en Italie, le jeu de la «chaise électrique virtuelle». «L’Osservatore Romano» (OR) se penche sur ce phénomène…

L’OR explique que la salle de jeux qui a lancé cette «dernière frontière du divertissement déconcertante et macabre» ne désemplit plus. Le «joueur» est là, «comme un condamné à mort, assis sur une chaise en bois, identique à celles qui sont utilisées aux Etats-Unis pour les exécutions capitales. Il suffit de mettre une pièce pour sentir le frisson d’une décharge électrique».

Des familles entières font la queue, et des centaines d’enfants, d’adolescents et d’adultes remplissent la salle. Ils veulent voir «celui qui résiste le plus longtemps». Le gagnant est celui qui «se laisse tuer», les perdants (des «poules mouillées»), ceux qui abandonnent avant.

Dans son article, l’OR explique que la chaise électrique est pourvue de tous les éléments nécessaires pour provoquer des émotions fortes: des électrodes aux poignets, des ceintures, des barreaux, une musique de fond de plus en plus forte, des lumières qui s’allument lorsque le condamné «meurt». Tout est virtuel, bien sûr, sans aucun risque pour la santé, affirment les propriétaires de la salle de jeux. La chaise, explique-t-on, ne provoque qu’une intense sensation de fourmis dans les mains et une forte émotion lorsque l’on sent dans le corps les vibrations improvisées qui augmentent rapidement d’intensité.

«Tout est virtuel, bien sûr, commente l’OR, sauf une réalité humaine qui laisse un peu perplexe et qui est assez préoccupante: qui se souvient des condamnés «réels ?

Ce jeu est préoccupant d’abord «parce que l’on fait d’une réalité particulièrement tragique comme la peine de mort, un jeu, que l’on vit directement. Ceux qui jouent les forts devant leurs amis en raison du `courage’ dont ils font preuve, ceux qui se réjouissent des décharges d’adrénaline, ceux qui s’amusent dans cette imitation de la chaise électrique, sont-ils conscients du drame que vivent ceux qui attendent que le bourreau mettent définitivement fin à leur vie sur terre ?» s’interroge l’OR.

La logique du jeu vidéo

Les organisateurs expliquent que les jeunes ne savent rien de la peine de mort et qu’ils ne se posent pas tant de questions. Il n’en demeure pas moins que cette culture de l’éphémère et de l’indifférence transmise particulièrement aux enfants et aux jeunes est, pour l’OR, le grand problème posé par ce jeu.

Le second motif de préoccupation est, aux yeux de l’OR, «la logique du jeu vidéo qui se cache derrière cette expérience». «La partie est finie. Ce n’est pas grave, j’ai une autre vie. Lorsque l’écran affiche `game over’, on peut mettre une autre pièce et recommencer depuis le début. Mais si le jeu fait disparaître la frontière entre la vie et la mort de façon aussi persuasive et passionnante, ne peut-il pas provoquer dans les esprits les plus faibles une confusion extrêmement dangereuse entre la fiction et la réalité ?» l’OR.

N’est-ce pas par hasard ce que l’on constate de plus en plus dans les faits divers, lorsque des enfants ou des jeunes inventent le «jeu» du crime pour tromper l’ennui ?, s’interroge encore l’OR. «N’est-ce pas par hasard ce qui se passe dans certaines courses folles, la nuit, lorsque les voitures sont lancées à toute allure et conduites comme s’il s’agissait d’un jeu vidéo ? La différence est que, dans ce cas, si le jeu se termine mal… il n’y a pas de pièce pour recommencer». (apic/zn/pr)

23 juillet 2000 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 3  min.
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