Les cas de possession diabolique en augmentation

Italie : Livre du Père Raul Salvucci, prêtre exorciste depuis 1975

Rome, 8 août 1999 (APIC) Nous vivons dans une société rationnelle profondément marquée par la technique, qui croit pouvoir se passer de la foi. Pourtant, le refus de Dieu a entraîné une soif étonnante d’ésotérisme et de magie. C’est ce qu’explique dans un livre le prêtre italien Raul Salvucci, exorciste depuis 1975.

Sous le «Que faut-il faire avec ces démons ?» (»Cosa fare con questi diavoli ?», éditions Ancora, pour le moment disponible uniquement en italien) R. Salvucci décrit quelques unes de ses expériences. Dans un langage simple et plein d’humour, il fait remarquer que l’homme d’aujourd’hui a besoin d’une spiritualité authentique.

L’objectif de Salvucci est de faire connaître l’exorciste, un personnage étrange non seulement pour la société mais aussi pour la communauté chrétienne. Il explique notamment que l’intérêt pour l’ésotérisme ne cesse de croître alors que le nombre des exorcistes diminue.

Le chiffre d’affaire faramineux de l’ésotérisme

Selon des statistiques révélées lors d’un congrès universitaire à Pérouse, il y a huit ans, l’ésotérisme comptait 12 millions de clients en Italie, explique Salvucci. Il y avait environ 170’000 médiums avec un chiffre d’affaire de 600 millions de dollars. Ces chiffres ont aujourd’hui explosé. Le Père Salvucci estime qu’aujourd’hui l’économie de l’ésotérisme pèse 3 milliards de dollars.

Chefs d’entreprises et hommes de spectacle

Des personnes de toutes les catégories sociales viennent s’adresser au Père Salvucci : des femmes au foyer, des enseignants universitaires, des menuisiers et des chefs d’entreprise. «Il y a plus d’un ’géant’ des entreprises qui voyage dans son avion personnel, accompagné en permanence de son médium. Dans le monde du spectacle, c’est la même chose : lorsque dans certaines émissions TV un médium apparaît trop souvent, on peut penser que le producteur le consulte pour garantir l’efficacité de l’émission».

L’exorciste ne prétend toutefois pas voir des démons dans la soupe ! Le plus difficile dans son ministère est précisément de reconnaître les cas de possession satanique et de les distinguer d’autres types de maladies physiques ou psychologiques. «Les prêtres qui reçoivent cette charge ont souvent un charisme qui les aide dans le discernement. Mais après 25 ans d’expérience et surtout après d’interminables heures d’entretien au cours desquels j’ai suivi des cas, les uns après les autres, pendant des années, j’ai personnellement la certitude qu’il existe une série de tests, similaires à ceux qu’utilisent les psychologues, qui permet un diagnostic sûr».

Que cherchent les personnes qui vont voir un exorciste ?

Les personnes qui viennent consulter un exorciste «veulent avant tout qu’on leur fasse un discernement pour se convaincre qu’il y a réellement une présence diabolique. Mais juste après, elles demandent la ’libération immédiate à travers l’exorcisme. Ce schéma est extrêmement classique. Lorsque les gens font l’expérience de quelque chose d’incompréhensible, ils vont d’abord voir la cartomancienne qui coûte entre 200 et 300’000 lires (170 à 250 francs). Si le médium perçoit des signes et des mouvements d’un mal, mais ne parvient pas à faire quelque chose, on passe à la deuxième étape : il faut avoir recours à un médium fort, présenté à la radio ou à la télévision. Dans ce cas, il faut compter 6 millions de lires (5’000 francs). Mais si cela ne fonctionne pas non plus, les gens finissent toujours par entendre parler d’un prêtre qui fait des exorcismes. Et, puisque dans l’imagination collective de cette société qui a tourné définitivement le dos à Dieu, il y a encore une ancienne conception du prêtre comme une personne de confiance, on va voir l’exorciste.

Mais on le fait avec en tête trois conditions précises : qu’il reçoive en dehors de heures de travail pour ne pas perdre de temps et de l’argent ; qu’il ne demande pas d’argent, contrairement aux médiums ; qu’il soit immédiatement et totalement efficace contre tout mal occulte. Mais cette dernière condition ne peut pas être absolument garantie par le prêtre, si bien que l’interminable chemin de croix dans le monde des médiums peut reprendre».

C’est précisément la grande difficulté que rencontre aujourd’hui un exorciste, explique Salvucci. «Les gens sont pressés, et mal informés dans ce domaine, ce qui fait qu’ils ont également peur ; la seule chose qu’ils cherchent c’est un marabout qui les libère immédiatement de tout. Ce désir frénétique de vouloir essayer à tout prix tous les moyens possibles est ce qui finit par les mettre en permanence sous l’emprise de Satan», conclut le Père Salvucci. (apic/zn/mp)

8 août 1999 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture: env. 3 min.
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