Italie: Un théologien protestant critique les indulgences concédées par le pape
«Un obstacle à l’unité»
Rome, 1er décembre 2005 (Apic) Le théologien protestant italien Paolo Ricca a accusé le pape Benoît XVI de faire reculer l’unité chrétienne en concédant l’indulgence plénière aux catholiques romains qui participeront le 8 décembre au rite en l’honneur de la Vierge Marie à l’occasion du 40e anniversaire de la conclusion du Concile Vatican II.
«L’Eglise catholique est tout à fait libre de décréter toutes les indulgences qu’elle veut, mais insister sur les choses qui divisent … mortifie l’espérance de ceux qui oeuvrent en faveur de l’unité chrétienne», a déclaré le professeur Paolo Ricca, de la faculté de théologie protestante vaudoise de Rome.
Selon l’Eglise catholique, les indulgences signifient la rémission des peines corporelles ou spirituelles encourues pour les péchés commis. Mais, comme le fait remarquer Paulo Ricca, la question des indulgences a été l’un des sujets qui a déclenché la Réforme protestante du 16e siècle engagée par le moine allemand Martin Luther.
Les commentaires de Paolo Ricca à l’agence de nouvelles protestante italienne Nev le 30 novembre ont suivi l’annonce que le pape Benoît allait concéder l’indulgence plénière aux catholiques qui prendront part – publiquement ou en privé – à la prochaine solennité de l’Immaculée Conception le 8 décembre.
Cette date marque aussi le 40e anniversaire de la conclusion du Concile Vatican II (1962-65) qui a introduit des réformes importantes dans la vie de l’Eglise catholique. Le cardinal James Francis Stafford, de la Pénitencerie apostolique, tribunal du Vatican traitant des indulgences et des cas de conscience, a déclaré qu’elles avaient pour but d’encourager les fidèles à appliquer les enseignements du Concile Vatican II sur la paix, la justice et les oeuvres de miséricorde.
Mais pour Paolo Ricca, lier Concile et indulgences, signifie «s’acheminer vers une direction diverse de celle suivie par le Concile Vatican II, qui dans aucun de ses documents, n’a recommandé le recours aux indulgences». «Il nous semble, a souligné le théologien, que si le pape actuel avait voulu vraiment honorer le Concile, à l’occasion du 40e anniversaire de sa conclusion, il n’aurait pas du ni promulguer l’indulgence ni la lier avec le culte marial.»
En août déjà.
Après son élection en avril, le pape Benoît avait affirmé que sa «tâche première» serait de promouvoir l’unité des chrétiens. Mais, a déploré Paolo Ricca, «nous sommes déconcertés par un recours aussi fréquent et ostentatoire, de la part de Benoît XVI, à l’indulgence dont la pratique a beaucoup contribué à la division de l’Eglise d’Occident.»
En août, Benoît XVI avait déjà concédé l’indulgence plénière à ceux qui avaient participé, à Cologne, en Allemagne, aux Journées mondiales de la jeunesse. Même là, de nombreux luthériens et réformés avaient qualifié la décision papale «d’anti-oecuménique».
La question des indulgences a été l’une des principales raisons de la décision de Martin Luther de vouloir réformer l’Eglise catholique au 16e siècle. Dans ses 95 thèses qui ont été affichées à Wittenberg le 31 octobre 1517, Luther a fortement critiqué la pratique des indulgences qui à l’époque étaient souvent accordées contre de l’argent. (apic/eni/pr)