Le pape dénonce le drame du chômage des jeunes

Italie: Visite pastorale de Benoît XVI dans les Pouilles

Rome, 15 juin 2008 (Apic) Le pape a dénoncé samedi 14 juin le drame du chômage des jeunes, en faisant allusion à la situation économique et sociale du Mezzogiorno. Au cours de sa visite de deux jours dans la «botte» de l’Italie, il a demandé aux jeunes du Sud de ne pas céder aux gains faciles ou aux tentations de la drogue.

Benoît XVI a dénoncé le drame du chômage des jeunes et la situation de la famille dans le sud de l’Italie devant les fidèles et les jeunes de Brindisi, seconde étape de sa 10e visite pastorale en Italie. Le pape s’est adressé samedi soir avant le début d’une grande veillée qui devait mener les jeunes de la capitale des Pouilles jusqu’à la messe célébrée par le souverain pontife, le 15 juin dans la matinée. Benoît XVI a aussi remercié le port de l’Adriatique de l’accueil qu’il réserve aux immigrés.

«Ne vous laissez pas séduire par les pièges du mal»

«Je connais le poids qui pèse sur beaucoup d’entre vous et sur votre avenir à cause du phénomène dramatique du chômage qui touche surtout les jeunes du Mezzogiorno», leur a ainsi déclaré le pape. «De la même manière, je sais que votre jeunesse est assaillie par l’appel à la facilité, par la tentation de se réfugier dans des paradis artificiels, ou de se laisser attirer par des formes dévoyées de satisfaction matérielle. Ne vous laissez pas séduire par les pièges du mal. Recherchez plutôt une existence riche de valeurs pour donner vie à une société plus juste et plus ouverte à l’avenir», leur a-t-il demandé.

Puis le pape a insisté sur le respect de la vie et spécialement l’attachement à la famille «exposée aujourd’hui à l’attaque convergente de nombreuses forces qui cherchent à l’affaiblir». Il a estimé nécessaire et urgent, face à ces défis, que toutes les personnes de bonne volonté s’engagent à sauvegarder la famille «base solide sur laquelle construire la vie de toute la société». Enfin, le pape a rendu hommage à la ville de Brindisi et à l’accueil qu’elle réserve aux nombreux immigrés qui débarquent sur les côtes italiennes.

Brindisi, qui fut un temps lieu d’embarquement vers l’Orient pour les commerçants, les légionnaires, les savants et les pèlerins, reste un port ouvert sur la mer. Dans les dernières années, les journaux et la télévision ont montré les images des réfugiés débarqués à Brindisi de Croatie et du Monténégro, de l’Albanie et de la Macédoine, a ainsi relevé le pape. «Je veux rappeler avec gratitude les efforts qui ont été accomplis et qui continuent à l’être de la part des administrations civiles et militaires, en collaboration avec l’Eglise et avec diverses organisations humanitaires pour leur donner refuge et assistance malgré les difficultés économiques qui continuent malheureusement à préoccuper particulièrement votre région», a-t-il poursuivi.

Influence sociale positive de l’Eglise dans les régions déshéritées du Sud

Brindisi accueille la Base pour l’intervention humanitaire d’urgence des Nations Unies (UNHRD) gérée par le Programme alimentaire mondial (PAM) dont le siège est à Rome. Le pape avait déjà fait référence à la difficile situation sociale et économique du Mezzogiorno, lors de la messe célébrée quelques heures plus tôt au sanctuaire de Santa-Maria di Leuca. Il avait alors rappelé l’influence sociale positive de l’Eglise dans cette région déshéritée du Mezzogiorno qui connaît depuis longtemps un taux de chômage très élevé, mais est relativement épargnée par les phénomènes mafieux, contrairement aux régions voisines de la Campanie et de la Calabre, sans parler de la Sicile.

Pour l’Eglise, il n’y a pas de frontière entre l’Orient et l’Occident, avait-il alors expliqué lors de la messe célébrée sur la place de la basilique du sanctuaire de Santa-Maria di Leuca, dans les Pouilles. Il s’agissait de la première étape de sa 10e visite pastorale en Italie. Il a rappelé à cette occasion la tradition qui affirme que, sur sa route vers Rome, l’apôtre Pierre aurait débarqué à Leuca, ville située à l’extrémité du talon de la «botte» italienne.

Ainsi l’Eglise des Pouilles, a estimé Benoît XVI, possède une vocation particulière à être un pont entre peuples et cultures. «Cette terre et ce sanctuaire sont en effet un avant pont (…) posé entre l’Europe et la Méditerranée, entre l’Orient et l’Occident, ceci nous rappelle que l’Eglise n’a pas de frontière. Elle est universelle», a ainsi déclaré le pape dans son homélie. Les confins géographiques, culturels, ethniques, les confins religieux sont pour l’Eglise une invitation à l’évangélisation dans la perspective de la communion des diversités», a-t-il poursuivi devant plusieurs milliers de fidèles.

Puis le pape a rappelé l’influence sociale positive de l’Eglise dans le Mezzogiorno italien, région déshéritée qui connaît depuis longtemps un taux de chômage très élevé. «Ici, comme dans tout le Sud de l’Italie, les communautés ecclésiales sont des lieux où les jeunes générations peuvent apprendre l’espérance, non comme une utopie mais comme la confiance tenace dans la force du bien», a ainsi déclaré Benoît XVI. Dans un contexte qui tend à encourager toujours plus l’individualisme, a-t-il ajouté, le premier service de l’Eglise est d’éduquer au sens social, à l’attention envers son prochain, à la solidarité et au partage.

Auparavant, l’évêque d’Ugento-Santa-Maria di Leuca, Mgr Vito De Grisantis, avait accueilli Benoît XVI en soulignant le besoin d’un rapide développement social, civil et économique de la région, notamment en faveur des familles et des jeunes pour qui le problème du chômage devient toujours plus dramatique. A l’issue de la célébration, le pape a rejoint Brindisi en hélicoptère, où s’est adressé aux fidèles et aux jeunes sur la grande place de la ville. (apic/imedia/hy/be)

15 juin 2008 | 00:00
par webmaster@kath.ch
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