«J’aime confirmer mes décisions avec la parole de Dieu»
Série d’été «politiciens chrétiens»
Fribourg: Entretien à «Bible ouverte» avec José Lorente, président de l’UDF Fribourg
Bulle, 12 septembre 2011 (Apic) Quel genre de croyant est José Lorente, président de l’Union Démocratique Fédérale (UDF) Fribourg et candidat au Conseil national? Comment articule-t-il engagement religieux et politique? Quel rapport conçoit-il entre religion et politique? Au siège de sa fondation, le Bullois parle à «Bible ouverte» de sa vie et de ses convictions religieuses et politiques.
Apic: Parlez-moi un peu de votre parcours, en tant que croyant?
José Lorente: Je suis né en Espagne, dans une ville très religieuse, avec une vingtaine d’églises et trois cathédrales. A l’époque, on ne se posait pas de question, on était automatiquement catholique. Ma famille a ensuite déménagé en Suisse et c’est dans ce pays que j’ai véritablement commencé à avoir une relation avec Dieu. J’ai rencontré des hommes d’affaire chrétiens qui m’ont invité à lire la Bible et à en discuter. J’étais marié, je gagnais bien ma vie dans l’hôtellerie, je n’avais pas de problème, je me suis dit: «Peut-être que ça ne t’apportera rien, mais ça ne peut en tout cas pas te faire de mal». Et c’est ainsi que je suis devenu chrétien. Après cette décision, j’ai commencé à connaître Dieu, à connaître Jésus, ma vie et celle de ma famille a changé petit à petit. Cela fait maintenant environ 15 ans et je peux dire aujourd’hui que cette évolution a été à mon avantage.
Apic: Et quelle est la place de la foi dans votre vie quotidienne?
José Lorente: Le message contenu dans l’évangile de Matthieu (28,19-20) m’accompagne au quotidien «Allez, faites de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, et enseignez-leur à observer tout ce que je vous ai prescrit. Et voici, je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde.» Je le prends en compte dans mes relations d’amitié et d’affaire, lorsque je pratique un sport ou un hobby, il fait partie intégrante de ma personne. De manière générale, j’aime confirmer mes décisions avec la parole de Dieu.
Tous les matins, je prends mes trois livres préférés: la Bible, ’Termine mit Gott’ et ’La prière de Jaebets’. J’aime les lire quand je me lève, parce que c’est là que j’ai le plus de concentration et j’essaie de m’inspirer du passage du jour, tout au cours de la journée.
Apic: Quel rôle joue votre foi dans votre engagement politique?
José Lorente: En politique comme en général, je me base sur la Bible pour prendre des décisions. Je n’y trouve pas une réponse pour tout, il y a des choses banales dont elle ne parle pas, mais ça m’inspire. La foi est essentielle dans mon engagement politique car tout ce qui touche à la politique touche automatiquement à l’UDF, à ma personne et à Dieu. Et je ne fais pas de compromis sur ce dernier aspect.
Actuellement, l’UDF travaille avec l’Union Démocratique du Centre (UDC) dans le canton de Berne. Et même si les membres de ce parti ne sont pas forcément croyants, ils respectent la place qu’occupe la foi, l’espérance, la Bible, les dix commandements dans l’UDF. Ce serait plus difficile avec le Parti démocrate-chrétien (PDC), les radicaux et je ne parle pas de la gauche.
Apic: Vous êtes plutôt un chrétien en politique ou un politicien chrétien?
José Lorente: Je suis un chrétien en politique. Pour moi, un politicien chrétien, ça n’existe pas. Il n’y a que des chrétiens en politique, défendant différentes tendances – j’ai un ami chrétien au parti socialiste par exemple – mais tous pareillement porteurs de la Bonne nouvelle.
Apic: Eprouvez-vous des difficultés à concilier engagement religieux et engagement politique?
José Lorente: C’est certain que ce n’est pas facile. Il peut arriver qu’on se moque de moi parce que je me base sur la Parole. Les gens contrôlent également plus ce que je dis et ce que je fais et s’il m’arrive de ne pas être cohérent, ils le relèvent directement. De manière générale, quand je sens que la parole n’est pas la bienvenue, je fais place. Je préfère me retirer que trahir mes convictions.
Apic: Est-il déjà arrivé que les deux engagements s’opposent? Et si oui, lequel avez-vous privilégié?
José Lorente: Je ne suis jamais en porte-à-faux avec mon parti, parce que la base de notre programme, c’est la Bible. Je n’envie pas les autres partis car ils doivent sans cesse trouver des stratégies pour mieux se vendre. Nous ça ne change jamais parce que la parole de Dieu est immuable.
Par contre, il arrive très fréquemment que je sois opposé à certaines évolutions de la société: l’avortement, l’adoption par les couples homosexuels – on en est déjà là -, le contrôle des enfants toujours plus jeunes par l’institution scolaire. Il y a beaucoup de choses opposées à ma conscience dans ce monde.
Apic: On dit souvent que les chrétiens ne sont pas de ce monde. Doivent-ils s’abstenir de tout engagement politique ou au contraire sont-ils particulièrement appelés à ces fonctions?
José Lorente: Je pense que les chrétiens font aujourd’hui partie de ce monde. Il est difficile cependant de les convaincre de s’engager en politique, car ils s’investissent déjà beaucoup dans d’autres domaines. A mon avis, nous serons toujours peu à l’UDF, mais ce n’est pas grave parce que lorsqu’on croit à la Parole, on est du côté du plus fort.
Apic: Quelle place pour la religion dans les partis?
José Lorente: Je pense qu’avec le temps, la foi, la parole de Dieu vont gagner en importance dans les partis. D’après moi, ce n’est pas un hasard si l’UDC, le plus grand parti de Suisse, veut faire alliance avec nous: nous sommes un peu le sel et la lumière. Le PDC reprend aujourd’hui une position que nous défendons depuis 35 ans: il ne faut plus financer les pays où les chrétiens sont massacrés, où il n’y a pas de liberté de religion. La majorité refuse, sous prétexte que les populations sont pauvres, qu’elles ont faim, mais les faits sont là, les chrétiens sont massacrés et ce n’est pas juste.
Apic: Et quelle place sous la coupole fédérale?
José Lorente: La foi aura de plus en plus de place sous la coupole. Le préambule de la Constitution, la croix sur le drapeau et sur la coupole, la Suisse a été créée au nom de Dieu et il nous faut revenir à nos valeurs.
Actuellement, il y a déjà deux aumôniers évangéliques à Berne, qui prient pour le Conseil fédéral, pour le Conseil des Etats, le National. Moi-même, chaque mardi matin à 6h30, je retrouve d’autres chrétiens pour prier pour la politique. La foi va gagner en importance dans le Palais fédéral.
Encadré:
Etat Civil / Enfants: Marié, trois enfants
Domicile: Bulle (FR)
Profession: Entrepreneur
Eglise: Eglise réformée baptiste
Parti: UDF
Fonction politique: Actuellement président UDF Fribourg et Conseiller général de la ville de Bulle, jusqu’en 2011 vice-président UDF Suisse et responsable Média et Relations publiques UDF Suisse.
Une figure qui l’inspire: Jésus
Un verset qui l’inspire: Mt 28,19-20 et 1 Ch 4,9-10
Encadré:
Le bébé médicament: Contre. Il s’agit d’un domaine qu’on ne maîtrise pas. Il faut laisser la Création telle qu’elle est, on ne doit pas trafiquer dans l’œuvre de Dieu. J’aimerais des lois plus strictes dans ce domaine.
Les minarets: Contre. On n’a pas besoin de minarets en Suisse. Dans le temps, il servait pour l’appel à la prière mais aujourd’hui, il s’agit d’un symbole de pouvoir, raison pour laquelle je m’y oppose.
Les centrales nucléaires: Contre. Je suis pour une sortie progressive de l’énergie nucléaire. C’est un domaine qu’on ne maîtrise pas et qui est dangereux.
Les 0.7 % du PNB pour l’aide au développement: Pour. Mais je suis pour un meilleur contrôle et une répartition différente de l’aide. Actuellement, nous donnons de l’argent à n’importe qui pour en faire n’importe quoi.
La révision de la loi sur l’assurance-chômage: Pour. Mais d’après moi, la question n’est pas résolue. Il s’agit d’un maquillage alors que l’assurance chômage, tout comme l’AI et l’AVS, n’est pas assurée. On ne devrait pas laisser de dettes à la prochaine génération.
J’estime qu’il faut également donner plus de responsabilité aux citoyens. Actuellement, il y a trop de profiteurs, qui touchent l’assurance chômage et travaillent à côté. (apic/amc)