«J’ai permis de bénir les personnes, pas l’union homosexuelle»
«Ce que j’ai permis n’a pas été de bénir l’union [homosexuelle]», a affirmé le pape François le 19 mai 2024 sur la chaîne américaine CBS. Il était interpellé sur le sens de la récente déclaration doctrinale Fiducia Supplicans (décembre 2023).
Cet entretien avec la journaliste Norah O’Donnell avait été enregistré le même jour à la maison Sainte-Marthe, dans la perspective de la Journée mondiale des enfants organisée à Rome les 25 et 26 mai prochains. Répondant à une question de la journaliste qui avait évoqué l’autorisation donnée aux prêtres catholiques de «bénir des couples de même sexe» selon la déclaration doctrinale Fiducia Supplicans, publiée le 18 décembre dernier, le pape François a clarifié sa position.
L’homosexualité «ne doit pas être considérée comme un délit»
«Non, ce que j’ai permis n’a pas été de bénir l’union», a expliqué le pontife. «Cela ne peut pas se faire, car cela, c’est le sacrement. Je ne peux pas. Le Seigneur l’a fait ainsi. Mais oui, bénir chaque personne», car «la bénédiction est pour tous, pour tous», martèle François.
«Bénir une union de type homosexuel va contre le droit, le droit naturel, le droit de l’Église», affirme le pape. «Mais bénir chaque personne, pourquoi pas? La bénédiction est pour tous. Certains se sont scandalisés pour cela. Pourquoi? Pour tous, tous!», insiste François. Il rappelle que l’homosexualité est «un fait humain» et ne doit pas être considérée comme un délit.
Le pape récuse les critiques des évêques conservateurs, notamment aux États-Unis. Il juge «suicidaire» l’attitude du conservateur «qui s’accroche et ne veut pas voir plus loin». «C’est une chose de tenir compte de la tradition, de tenir compte des situations d’hier, mais c’en est une autre de s’enfermer dans un carré dogmatique», avertit-il. Dans l’entretien, le pape tient la ligne traditionnelle de l’Église en redisant son opposition à la GPA, qui «s’est transformée en un commerce très dur». Les femmes ne pouvant pas avoir d’enfant doivent «consulter clairement la situation» sur le plan médical et moral, explique François en soulignant que «l’autre espérance est l’adoption».
Dénonciation de l’indifférence face à la détresse des migrants
«La migration est une chose qui fait grandir un pays», explique François. Il s’est livré à un trait d’humour vis-à-vis de la journaliste qui venait de lui faire part de ses racines nord-irlandaises. «On dit que vous, les Irlandais, avez migré et avez apporté le whisky, et que les Italiens ont migré et ont apporté la mafia», lance le pape argentin, tout en soulignant que «les migrants parfois souffrent beaucoup».
Interrogé sur la crise migratoire à la frontière entre le Mexique et les États-Unis, le pape explique que la fermeture des frontières est «une folie». Il demande que chaque dossier de migrant, même en vue d’une expulsion, soit étudié «avec humanité». D’une façon générale, concernant l’Europe également, le pape s’attriste de voir «l’indifférence» de nombreuses personnes qui «se lavent les mains» comme «Ponce Pilate» face à la détresse des migrants.
Outre les appels à arrêter la guerre en Ukraine et dans la Bande de Gaza, qui avaient déjà été diffusés, le pape, interrogé sur l’agitation dans les universités américaines, dénonce l’antisémitisme comme une «idéologie mauvaise». «On peut critiquer tel ou tel gouvernement, le gouvernement d’Israël, le gouvernement palestinien. On peut critiquer tout ce qu’on veut», mais on ne peut être «ni anti-palestinien, ni antisémite» (cath.ch/imedia/cv/rz)





