En cause: la crise économique
Japon: Le gouvernement incite les travailleurs immigrés brésiliens et péruviens à partir
Tokyo, 7 avril 2009 (Apic) Le gouvernement japonais a lancé un programme d’aide au retour au pays pour les immigrés brésiliens et péruviens venus s’installer au Japon depuis une vingtaine d’années au nom d’une politique d’immigration choisie et qui se retrouvent sans travail du fait de l’actuelle crise économique.
Venus du Brésil et du Pérou, ces immigrés sont les descendants d’émigrés japonais partis en Amérique latine à différentes époques du 20ème siècle (après les crises de 1929 et de 1945-1946), fuyant la pauvreté au Japon. Une ou deux générations plus tard, leurs descendants ont fait le chemin inverse, invité par un Japon en proie à une crise de dénatalité aiguë et se trouvant en manque de main-d’oeuvre; ils ont trouvé à s’employer dans les secteurs demandeurs d’une main-d’oeuvre peu ou semi qualifiée. En recourant aux «Nikkeijin» (»deuxième génération») et en favorisant ainsi une définition ethnique de la «nipponitude», le gouvernement japonais évitait d’ouvrir la conception japonaise de l’identité, sans pour autant se donner les moyens d’intégrer culturellement des immigrés ayant du sang japonais dans leurs veines mais n’appartenant pas à la culture japonaise.
Contre un petit pécule
Ces derniers mois, du fait de la brutalité de la récession économique, des milliers de «Nikkeijin» ont perdu leur emploi dans l’industrie automobile ou électronique. Selon le ministère des Affaires sociales, du Travail et de la Santé, le nombre des immigrés qui se sont inscrits auprès des services de placement des chômeurs a été multiplié par onze. Le gouvernement a donc décidé de proposer aux immigrés d’origine japonaise qui sont sans travail de quitter le Japon en étant doté d’un pécule de 300’000 yens (2’300 euros), augmenté de 200’000 yens par personne à charge. La contrepartie est que ceux qui bénéficieront de la prime au retour ne pourront plus jamais prétendre revenir travailler au Japon.
Le taux de chômage est en hausse très rapide au Japon. De janvier à février 2009, il est passé de 4,1 % à 4,4 % de la population active et les économistes prédisent qu’il dépassera les 5 % d’ici à la fin de l’année. En incitant les immigrés brésiliens et péruviens venus au Japon avec des contrats spécifiques à quitter le pays, le gouvernement poursuit des objectifs à court terme qui semblent en contradiction avec sa volonté d’entrouvrir le pays à l’immigration étrangère afin de compenser le vieillissement de la population. En 2006, les immigrés brésiliens, avec environ 300’000 personnes, représentaient la troisième communauté étrangère au Japon, après les Coréens et les Chinois; les immigrés péruviens formaient le cinquième groupe, avec quelque 60’000 personnes.
Le visage des Eglises chrétiennes en sera aussi modifié
Avec les immigrés philippins, ces communautés brésiliennes et péruviennes présentent la particularité d’être majoritairement chrétiennes – et catholiques pour la plupart d’entre elles. Leur présence au Japon avait ainsi contribué à changer le visage de l’Eglise catholique au Japon, en doublant le nombre des fidèles. Sur un million de catholiques, on comptait ainsi, ces dernières années, près de 500’000 catholiques étrangers, qu’ils soient lusophones, hispanophones ou anglophones. On peut penser que si la politique de retour au pays amène au départ d’un nombre de ces immigrés, le visage de l’Eglise au Japon en sera, à son tour, changé. (apic/eda/js)