Japon: Une organisation chrétienne s’oppose à l’envoi de navires de guerre en Somalie

«Violation manifeste de l’Article 9 de la Constitution japonaise»

Tokyo, 18 février 2009 (Apic) L’Union chrétienne féminine (UCF) du Japon a lancé une pétition contre un projet du gouvernement d’envoyer des navires de guerre au large des côtes de la Somalie pour dissuader les pirates d’attaquer les bateaux naviguant dans cette région. L’UCF estime qu’une telle décision contrevient au principe de renoncement à la guerre inscrit dans la Constitution nationale.

«L’envoi de navires armés pour empêcher les actes de piraterie rendrait possible l’utilisation d’armes destinées à l’autodéfense et aux évacuations d’urgence, ce qui constituerait une violation manifeste de l’Article 9 de la Constitution japonaise», a indiqué l’Union chrétienne féminine du Japon.

L’article constitutionnel en question stipule que le peuple japonais «renonce à jamais à la guerre en tant que droit souverain de la nation, ou à la menace, ou à l’usage de la force comme moyen de règlement des différends internationaux».

Le 12 février, des pirates somaliens ont relâché un cargo japonais transportant des produits chimiques et 23 membres d’équipage, après l’avoir retenu pendant près de trois mois. Le 15 novembre, des assaillants armés s’étaient emparés du pétrolier Chemstar Venus, détenu par une entreprise de transport japonaise et battant pavillon panaméen, avec cinq membres d’équipage coréens et 18 philippins à son bord.

L’envoi de forces navales est prévu pour début mars

Le ministre de la Défense japonais, Yasukazu Hamada, avait auparavant déclaré que l’envoi de forces navales était prévu pour début mars, afin de protéger les navires des pirates qui opèrent au large de la Somalie, au nord-est de l’Afrique. La législation japonaise actuelle permet à la Force maritime d’autodéfense – la marine militaire japonaise – de ne protéger que les bateaux transportant du personnel et des marchandises japonais.

Le gouvernement va soumettre un projet de loi à la Diète, le parlement japonais, qui prévoit d’autoriser le recours aux armes, actuellement limité à l’autodéfense ou aux situations d’urgence. L’UCF du Japon avait exigé fin janvier que le gouvernement japonais se conforme aux dispositions renonçant à la guerre prévues par la Constitution. «Ce sont les garde-côtes japonais, la police maritime, qui doivent s’opposer aux pirates, et non pas les forces d’autodéfense», a déclaré l’organisation dans une pétition adressée au Premier ministre Taro Aso, signée par la présidente de l’UCF, Mayako Ishii, et sa secrétaire générale, Kuniyo Kawabata.

«Le gouvernement japonais devrait lancer une initiative visant à apporter aux citoyens somaliens ce qu’il leur faut avant tout, c’est-à-dire restaurer la paix et la stabilité dans leurs vies», selon l’UCF du Japon. En décembre, le ministre japonais des Affaires étrangères avait indiqué que le nombre d’attaques de pirates dans le Golfe d’Aden et au large de la Somalie, pays déchiré par la guerre et en proie à l’anarchie, visant des navires détenus ou exploités par des entreprises japonaises était «en augmentation rapide», et que trois attaques de ce genre avaient eu lieu en 2008. (apic/eni/be)

18 février 2009 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 2  min.
Partagez!