pour la nomination d’évêques palestiniens

Jérusalem: le métropolite Georges Khodr plaide (181290)

«Le drame palestinien existe bel et bien»

Jérusalem, 18décembre(APIC) Le métropolite Georges Khodr , évêque du diocèse orthodoxe du Mont-Liban (patriarcat d’Antioche), a évoqué la situation

de la communauté orthodoxe palestinienne vivant en Terre sainte et a tenu à

dénoncer les écueils d’un certain «héllénisme culturel» qui porte préjudice

à l’avenir de l’orthodoxie dans cette région. Le métropolite plaide en faveur de la nomination d’évêques de culture arabe: «On ne peut pas laisser à

une Eglise orthodoxe la liberté de mourir», devait notamment déclarer Mgr

Georges Khodr, lors du Congrès orthodoxe en Europe occidentale, le 2 novembre à Amiens.

Constatant qu’à l’heure actuelle, les principales communautés chrétiennes installées sur le territoire de l’Etat d’Israël (Eglise anglicane,

Eglise catholique latine, Eglise catholique de rite oriental) possèdent une

hiérarchie d’origine arabe, le métropolite a regretté que le patriarcat orthodoxe de Jérusalem persiste à n’accorder l’épiscopat qu’au clergé grec de

la Confrérie du Saint-Sépulcre, qui garde les Lieux saints en vertu de

traités internationaux signés au XIXe siècle par les grandes puissances de

l’époque.

Il a souligné qu’il n’y avait aucun évêque orthodoxe arabe dans le patriarcat de Jérusalem, alors que les fidèles de ce patriarcat sont arabes.

Cette situation, a déclaré le métropolite, n’est pas sans incidence pour

l’avenir de la présence orthodoxe dans la région, au moment où les responsables du patriarcat de Jérusalem protestent contre le prosélytisme qu’exercerait l’Eglise catholique en Terre sainte.

Divorce entre la hiérarchie et les fidèles?

«La question qui vient tout naturellement à l’esprit est celle de savoir

si cette situation n’est pas due en partie au divorce établi dans cette

Eglise entre la hiérarchie et les fidèles», s’interroge le métropolite.

«Les Palestiniens veulent des pasteurs», affirme-t-il avant de se demander

si «la fonction de custodie» (garde des Lieux saints) tenue par des moines

étrangers implique nécessairement l’exclusion des orthodoxes arabes de

l’épiscopat. «Il appartient à la conscience orthodoxe d’en juger», relèvet-il.

Prenant pour exemple les incidents survenus en avril dernier lors de

l’occupation par les Israéliens de l’hospice Saint-Jean, une propriété appartenant au partriarcat de Jérusalem, le métropolite a également insisté

sur le décalage existant entre le discours des représentants du patriarcat

et la réalité vécue par les communautés orthodoxes palestiniennes. «Il

n’est pas tolérable que les Eglises orthodoxes, quand il leur arrive, si

peu, de parler de la Palestine, se bornent à rappeler uniquement les droits

du patriarcat de Jérusalem comme si le drame palestinien n’existait pas»,

devait-il-affirmer. «Insister sur les Lieux saints au détriment de la vie

spirituelle et du destin du peuple de Palestine consiste à perpétuer les

conflits des templiers de plusieurs obédiences».

Rappelant que «les cultures ne sauraient être christianisées que par le

baptême», le métropolite souligne la nécessité d’une «conversion véritable»

afin de mettre fin «à cette opposition absurde entre les fidèles de Jérusalem et leurs pasteurs». Il ne s’agit pas d’une «incompatibilité» entre

Grecs et Arabes, mais de deux désirs antinomiques, les uns aspirant à avoir

des évêques qui assureraient un travail pastoral authentique, les autres se

voulant surtout les portiers sublimes et dévoués des sanctuaires».

Invitant chacun à prendre ses responsabilités, le métropolite Georges a

souligné que «certaines solutions peuvent être envisagées dans la soumission filiale, la tendresse des pères, mais toujours dans le cadre d’une vie

pastorale saine et épanouissante». Pour lui, le sacre d’un ou de deux évêques palestiniens manifesterait l’ouverture du patriarcat à un renouveau».

(apic/sop/ba)

19 décembre 1990 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 2  min.
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