La Terre Sainte ne doit pas rester une terre de haine et de sang

Jérusalem: Le patriarche latin préside une prière œcuménique pour la paix

Jérusalem, 13 octobre 2000 (APIC) Plus de 500 personnes, laïcs, prêtres et religieux ont participé jeudi soir à une émouvante «Prière Œcuménique pour la Paix» au couvent des dominicains de Saint-Etienne à Jérusalem, en présence des chefs religieux des 13 communautés chrétiennes de Jérusalem, alors que se déroulaient les bombardements israéliens sur Gaza et Ramallah. Le patriarche latin de Jérusalem a dénoncé le sort du peuple palestinien «opprimé et privé de sa liberté», auquel «la liberté doit nécessairement être rendue».

Dans son homélie, le patriarche latin de Jérusalem, Mgr Michel Sabbah, a souligné que la Terre Sainte ne doit pas rester «une terre de haine et de sang… Au contraire, ce qui est écrit dans la miséricorde de Dieu, c’est qu’elle soit une terre de rédemption et d’amour.» Parmi les chefs d’Eglises chrétiennes, on notait la présence du patriarche grec-orthodoxe Diodoros I, du patriarche arménien Torkom II et de tous les chefs des Eglises à Jérusalem.

Lors de la première lecture, choisie en fonction de la situation d’oppression que connaît la Terre Sainte, les fidèles ont écouté un texte très parlant, celui du prophète Michée qui réprimande l’oppression en son temps: «Malheur à ceux qui projettent le méfait…S’ils convoitent des champs, ils s’en emparent, des maisons, ils les prennent…qui construisent Sion avec le sang et Jérusalem avec le crime».

Un appareil militaire sophistiqué face à un peuple désarmé

Commentant la parole de Dieu demandant de bénir ceux qui nous persécutent, le patriarche Michel Sabbah s’est demandé comment il était possible de vivre cela – «un défi impossible à relever, humainement parlant» – dans les circonstances présentes ? «Oui, aujourd’hui, dans les circonstances présentes, alors qu’Israël aligne ses soldats et son appareil militaire sophistiqué face à un peuple désarmé, et fait des blessés et des morts, nous sommes venus pour prier et pour écouter la parole de Dieu nous disant: «Bénissez ceux qui vous persécutent, bénissez, ne maudissez pas…»

Mgr Sabbah a relevé que l’occupation israélienne est un «obstacle à la réalisation de notre liberté». Il constate que cette situation empêche un développement normal de la société palestinienne; elle met des limites à ses libertés quotidiennes, elle nourrit la haine mutuelle et un esprit permanent de révolte.

Le patriarche latin rappelle alors que Palestiniens et Israéliens «croient encore en Dieu, notre Père commun à tous». «Nous croyons aussi que notre terre, bien qu’elle fût dans le passé et jusqu’aujourd’hui une terre de haine et de sang, fut également et doit être aujourd’hui encore une terre de pardon et de Rédemption». Le chef de l’Eglise latine de Terre sainte a insisté pour dire que la violence «n’est ni notre but ni notre destin», plaidant pour que les Palestiniens obtiennent leur liberté sur leur terre, «et par suite la tranquillité et la sécurité pour tous, Palestiniens et Israéliens également».

«Un peuple tenu en otage qui demande sa liberté»

Et de demander à la foule réunie: «Pourquoi les Palestiniens se révoltent? Pour dire: assez de promesses, toujours renvoyées et assez d’hésitations. La question aujourd’hui n’est pas une question de troubles ou de désordres publics à mater: cette vision des choses fait de la violence une réalité permanente dans la Terre Sainte. La question véritable est celle d’un peuple tenu en otage et qui demande sa liberté. Selon cette vision, les mesures doivent être prises avec le courage de redonner la liberté requise. Voilà la voie qui peut commencer une nouvelle ère qui corresponde à la vocation de cette terre sainte.» (apic/com/be)

13 octobre 2000 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 2  min.
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