Jérusalem: Le rabbin du Kotel n’apprécie pas que le pape vienne au «Mur des lamentations»
Surtout pas avec une croix!
Jérusalem, 18 mars 2009 (Apic) Shmuel Rabinovitch, le rabbin du Kotel, n’apprécie pas que le pape vienne au «Mur des lamentations» à Jérusalem. Dans une interview au quotidien israélien «The Jerusalem Post» du 17 mars, à quelques semaines du voyage de Benoît XVI en Terre sainte, le rabbin responsable du Kotel (Mur des lamentations) a prévenu qu’»il n’était pas approprié de s’approcher du Kotel avec des symboles religieux, y compris une croix. Je ressens la même chose concernant un juif portant un tallit (châle de prière, ndr) et des phylactères se rendant dans une église».
Le 12 mai 2009, le pape devrait se rendre sur ce site sacré pour une cérémonie en présence des grands rabbins d’Israël. Le 16 mars, le rabbin Rabinovitch s’était également opposé à la fermeture de l’accès à ce lieu de prière pendant la visite de Benoît XVI, en soutenant que «l’esplanade devait rester accessible à tous pendant l’intégralité de la visite du pape».
«Il faut bien sûr prendre les mesures de sécurité requises, mais l’esplanade est ouverte à tout le monde depuis plus de 42 ans et les juifs doivent pouvoir continuer d’y prier même pendant cette visite», a-t-il ajouté. Le rabbin Rabinovitch estime que «les croix sont un symbole qui blessent les sentiments des juifs». Il se bat également pour interdire tout le long du Mur les services religieux des juifs qui ne sont pas strictement orthodoxes, notamment ceux qui permettent aux hommes et aux femmes de prier ensemble.
Selon la radio israélienne, la police et le service de sécurité intérieur Shin Beth ont demandé d’interdire l’accès de l’esplanade de la veille de la visite du pape et jusqu’à ce que celui-ci quitte les lieux. Le rabbin Rabinovitch s’est opposé à cette exigence. Durant son pèlerinage en Terre Sainte du 8 au 15 mai, le pape prévoit de se recueillir devant le Mur occidental ainsi que sur l’esplanade voisine des Mosquées, où se trouve la mosquée d’Al Aqsa, troisième lieu saint de l’islam. Le pape doit également rencontrer les deux grands rabbins d’Israël, l’ashkénaze Yona Metzger et le séfarade Shlomo Amar.
Wadie Abunassar, responsable médias pour la visite du pape en Terre Sainte, a déclaré que le pape ne devrait pas enlever sa croix à cette occasion: «Je ne peux pas imaginer le Saint Père enlevant sa croix!» Lors de sa visite historique en l’an 2000, le pape Jean Paul II s’était rendu au Mur des lamentations et sa croix pectorale était clairement visible. Mais le rabbin Rabinovitch maintient sa position concernant la croix. Ces dernières années, il a interdit l’accès au Mur à des prélats catholiques portant la croix, notamment au cardinal Christoph Schönborn
En mai 2008, le cardinal Sean Brady, archevêque d’Armagh, en Irlande du Nord, s’est vu interdire jeudi l’accès au Mur des lamentations à Jérusalem parce qu’il portait une croix pectorale. Malgré la permission d’un officier de sécurité israélien, un colon juif a lancé des menaces. La délégation chrétienne composée des chefs des quatre principales d’Eglises d’Irlande a dû rebrousser chemin.
Ce n’est pas le premier incident de ce genre
Ce n’est pas la première fois que des responsables catholiques doivent faire face à des marques d’intolérance religieuse en visitant le Mur occidental, lieu sacré pour les juifs. En novembre 2007, le rabbin du Mur Shmuel Rabinovitch avait également exigé qu’un groupe d’évêques autrichiens emmené par le cardinal Christoph Schönborn, archevêque de Vienne, cachent leur croix avant de pénétrer dans l’enceinte du Mur des lamentations. Ils s’étaient alors retirés.
Notons que lors de sa visite historique au Mur des lamentations, le dimanche 26 mars 2000, le pape Jean Paul II n’avait pas ôté sa croix malgré les protestations de juifs ultra-orthodoxes. Pour la première fois dans l’histoire, un pape s’était rendu au Mur des lamentations, le lieu le plus sacré des juifs vénéré comme l’unique vestige du Temple de Salomon. (apic/jpost/cns/be)