Grand Rabbinat sous pression, sévère mise en garde palestinienne

Jérusalem: Les extrémistes juifs veulent bâtir une synagogue sur l’Esplanade des Mosquées

Jérusalem, 7 août 2000 (APIC) Le Grand Rabbinat d’Israël a renoncé lundi à discuter la proposition émanant d’extrémistes juifs de bâtir une synagogue sur l’Esplanade des Mosquées, troisième lieu saint de l’islam, où se trouvent la mosquée El-Aqsa et le Dôme du Rocher. Le grand mufti de Jérusalem et l’Autorité palestinienne ont lancé une sévère mise en garde contre cette idée qui pourrait mettre la région à feu et à sang.

D’après la radio israélienne, un haut responsable du gouvernement israélien a demandé au Grand Rabbinat de renoncer à traiter la question lors de sa séance de lundi, étant donné qu’il s’agit là d’un thème «extrêmement sensible du point de vue politique et religieux» qui pourrait provoquer une explosion de violence.

Selon la presse israélienne de lundi, le plan de construction de la synagogue sur le site du Second Temple juif, détruit par les Romains en l’an 70, est présenté par un rabbin de Haïfa, Shear Yishouv Cohen. Ce projet, qui est loin de faire l’unanimité parmi les religieux juifs, est soutenu par les ultra-nationalistes juifs et des rabbins des colonies juives qui continuent de réclamer le droit de prier sur l’Esplanade des Mosquées. Des activistes d’extrême-droite prônent l’éviction des musulmans de ce lieu où ils veulent reconstruire le Temple de Jérusalem.

Graves risques d’explosion

En raison des vives polémiques suscitées par le projet de construction d’une synagogue, le Grand Rabbinat a choisi de ne pas traiter le thème lors de sa réunion mensuelle. En septembre 1996, la décision israélienne d’ouvrir un tunnel près de l’Esplanade des Mosquées avait suscité un véritable soulèvement palestinien, causant la mort de 80 personnes, la plupart palestiniennes.

Le rabbin Shear Yishouv aurait dû présenter des découvertes historiques concernant l’existence d’une synagogue sur le Mont du Temple après la destruction du second temple, ainsi que du matériel de recherche de l’ancien Grand Rabbin Shlomo Goren, beau-père du rabbin de Haïfa. Goren était favorable à ce que les juifs se rendent au Mont du Temple, contrairement à la majorité des plus importants rabbins israéliens, qu’ils soient sionistes religieux orthodoxes ou ultra-orthodoxes.

Les deux Grands rabbins actuels d’Israël, Israël Meir Lau (ashkénaze) et Eliahu Bakshi-Doron (séfarade), sont tous deux opposés à l’abolition de la prescription de la halakah, la loi juive, qui interdit aux juifs de pénétrer sur le site du Mont du Temple pour des raisons liées au rituel de l’impureté. Le judaïsme orthodoxe interdit aux Juifs de se rendre sur l’Esplanade de crainte qu’ils ne foulent le Saint des Saints, la partie la plus sacrée du Temple, dont l’emplacement exact reste ignoré.

Sévère avertissement du Mufti de Jérusalem

La discussion qui aurait dû avoir lieu au sein du Conseil du Grand Rabbinat a suscité une sévère avertissement du Mufti de Jérusalem, Ekrima Saïd Sabri, qui a déclaré dimanche que «si l’on s’en prend à la mosquée, sur le Haram al-Sharif (le Noble Sanctuaire), ce ne sont pas seulement les musulmans d’ici, mais les musulmans du monde entier, qui ne resteront pas sans rien faire». Sur les ondes de la radio «La Voix de la Palestine», il a qualifié la discussion prévue de «très dangereux précédent, qui prouve que le clergé et les politiciens juifs ne veulent pas la paix mais une capitulation, mais avec l’aide d’Allah, cela n’arrivera pas.» Le Mufti de Jérusalem a mis en garde les Israéliens, soulignant qu’ils porteraient la responsabilité de ce qui pourrait arriver. (apic/jpost/haar/be)

7 août 2000 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 2  min.
Partagez!