Le Père Jean-Michel Poffet, successeur du Père Lagrange
Jérusalem: Un dominicain fribourgeois élu directeur de l’Ecole Biblique et Archéologique
Fribourg/Jérusalem, 12 novembre 1999 (APIC) Le Père Jean-Michel Poffet, dominicain fribourgeois de 55 ans, spécialiste de l’exégèse, a été élu directeur de l’Ecole Biblique et Archéologique Française de Jérusalem. C’est premier directeur non français depuis la fondation de l’Ecole en 1890 par le Père Marie-Joseph Lagrange (1855-1938).
Maître-assistant à la Faculté de théologie de l’Université de Fribourg (Suisse), le Père Poffet a été élu à ce poste le 29 octobre dernier par le Conseil académique de cette Haute Ecole située non loin de la Porte de Damas, à l’extérieur des remparts de la vieille ville de Jérusalem. Le Père Poffet doit encore recevoir l’agrément de la Congrégation vaticane pour les Universités catholiques. Son mandat à Jérusalem – où il s’installera à la mi-mars – est de trois ans renouvelables. Il succède au Père Claude Geffré, un dominicain français.
Actuel prieur du Couvent Saint-Hyacinthe à Fribourg, le Père Poffet assumera encore ses cours à l’Université de Fribourg jusqu’à la fin de ce semestre d’hiver. Le dominicain sera à Jérusalem lors des fêtes de fin d’année pour y présider son premier Conseil académique ainsi qu’une soutenance de thèse et la fête de saint Etienne, patron du couvent dominicain du même nom. C’est là que se trouve le siège de l’Ecole Biblique et Archéologique Française de Jérusalem.
Lien spirituel très fort avec la Terre Sainte
«Si j’avais les titres requis pour ce poste, j’ai été très étonné qu’ils pensent à moi et dans un premier temps, j’ai décliné l’appel, confie le Père Poffet à l’APIC. Mais étant élu, et comme le Maître général des dominicains Timothy Radcliffe – le Grand chancelier de l’Ecole – m’a demandé d’accepter, je l’ai fait volontiers». D’autant plus que pour un exégète, dont les liens avec la Terre Sainte étaient jusqu’à présent plutôt ténus, diriger et enseigner dans cette Ecole présente sur la terre où le Christ a vécu est une grande chance. «Le lien spirituel avec cette terre est très fort», insiste-t-il.
Pour l’un des anciens directeurs de l’Ecole, le Père Marcel Sigrist, le fait que le Père Poffet ne soit pas un Français n’a pas une importance majeure: «Ce qui est déterminant, a-t-il déclaré à l’APIC, c’est qu’il soit francophone. Il y avait certes des candidats français, mais il fallait peut-être quelqu’un de l’extérieur qui voie les choses différemment, cela représente une ouverture pour l’Ecole».
L’Ecole est le plus ancien centre de recherche biblique et archéologique de Terre Sainte. Elle est encore actuellement la seule école archéologique nationale à Jérusalem qui propose un programme de cours, et décerne un doctorat en sciences bibliques. Fondée en 1890 par le Père M.-J. Lagrange, religieux français de l’Ordre des Dominicains, dans le couvent Saint-Etienne, l’Ecole biblique devint officiellement Ecole Archéologique Française en 1920. Cette reconnaissance par la France du rôle archéologique de l’Ecole était la conclusion de trente ans de travaux assidus dans le cadre de la Palestine ottomane et des pays environnants. En 1890, il s’agissait du premier Institut de recherches bibliques et archéologiques installé en Terre Sainte d’une manière permanente.
Recherche exégétique et connaissance concrète du terrain
L’originalité de l’Ecole est d’associer la recherche exégétique sur les Livres Saints à une connaissance concrète du pays de la Bible. Une petite équipe de chercheurs se forma autour du Père Lagrange, le fondateur, et s’illustra par des travaux historiques, archéologiques, épigraphiques, linguistiques, et, bien sûr, exégétiques. Les publications se succédèrent, en plus du périodique trimestriel de la maison, la Revue Biblique : des monographies de caractère technique, ou des ouvrages pour le grand public, dont le plus connu est la traduction française de la Bible, connue sous le diminutif de Bible de Jérusalem.
C’est aux chercheurs de la deuxième génération de l’Ecole que l’on doit la fameuse Bible de Jérusalem (1956), dont la publication constitue en quelque sorte l’achèvement de l’idéal du P. Lagrange. La qualité de cette Bible en fit le modèle pour toutes les bibles modernes ultérieures. La Bible de Jérusalem est traduite dans les grandes langues modernes. Aujourd’hui l’Ecole est habilitée à décerner le Doctorat canonique en Ecriture sainte (Sciences bibliques). Elle confère aussi deux titres, correspondant à un niveau de maîtrise: Elève titulaire, et Elève diplômé. (apic/be)