Jésus était-il végétarien? Un groupe américain en fait le héros de sa campagne.

«Jésus était végétarien, faites comme lui», clame la publicité

New York, le 25 avril 1999 (APIC) Jésus, végétarien! C’est ce que pense un groupe américain de défense des animaux qui a décidé d’associer le nom de Jésus à sa campagne de promotion du végétarisme.

Le groupe en question, «People for the Ethical Treatment of Animals» (pour un traitement éthique des animaux), qui voit dans l’abattage des animaux et dans la consommation de viande un affront à Dieu, a lancé une campagne qui proclame vigoureusement que «Jésus était végétarien. Faites comme lui». Ce groupe exhorte les chrétiens à renoncer à leurs hamburgers et à leurs steaks pour, selon les termes de leur porte-parole, une cause sainte.

S’exprimant au siège du groupe, à Norfolk en Virginie, avec une pointe perceptible de ferveur morale, Bruce Friedrich a que le végétarisme «était le seul régime approprié d’un chrétien».

«Consommer de la viande, c’est faire affront à Dieu, a-t-il dit à l’Agence œcuménique ENI, car cela revient à traiter ses créatures comme autant de boîtes dans un entrepôt». Compatible, d’être bon chrétien et de manger de la viande? Bruce Friedrich répond qu’on peut devenir meilleur chrétien en se convertissant aux vertus du végétarisme.

«La plupart des chrétiens n’y ont jamais pensé, a-t-il ajouté, mais il semble évident et juste que tout chrétien doit venir en aide aux autres créatures». Bruce Friedrich admet que l’on ne peut affirmer avec certitude que Jésus ait en fait été végétarien. Mais il lui semble que les principes de non-violence adoptés par Jésus lui auraient fait rejeter l’industrie de la viande, qui, selon ses termes, compte parmi les forces les plus violentes sur notre planète.

Ce groupe, probablement la plus grande association de défense des animaux aux Etats-Unis, soutient que huit milliards d’animaux sont abattus chaque année aux Etats-Unis pour la production alimentaire, et souvent, selon lui, dans des conditions abominables.

«S’il était en vie aujourd’hui, Jésus serait horrifié de voir comment nous traitons les créatures de Dieu», déplore Bruce Friedrich, qui voit dans la vie de Jésus un modèle d’amour et de compassion envers toutes les créatures.

La Bible interprétée

L’action du groupe de défense, ajoute-t-il, ne consiste pas uniquement à mener une campagne sociale contemporaine en se basant sur quelques citations choisies de la Bible. La Bible, fait observer Bruce Friedrich, nous dit que Jésus a contesté le sacrifice d’animaux et qu’il a chassé du temple ceux qui vendaient des animaux pour les sacrifices, et l’on ne trouve aucune mention que Jésus ait mangé de l’agneau, viande la plus courante à l’époque. Tout donc porte à croire que Jésus ait été végétarien.

En ce qui concerne la multiplication des poissons et des pains, Friedrich maintient que les premières versions ne parlaient pas de poissons et que leur mention ultérieure avait trait au fait que le poisson était devenu un symbole du christianisme et que les premiers disciples étaient des pêcheurs.

Un éminent bibliste au moins conteste cette interprétation de la Bible. Le professeur L. Michael White, qui enseigne à l’université du Texas, reproche au groupe de «se pencher sur le passé et de s’approprier le texte biblique», aussi nobles que soient ses objectifs. «On peut se tourner vers l’Evangile pour justifier n’importe quelle position, a-t-il dit contesté à ENI, mais l’Evangile est quelque chose de délicat et de précieux, il ne faut pas en abuser.» Malgré sa sympathie pour les objectifs déclarés du groupe de défense des animaux, le professeur du Texas a déclaré qu’il se garderait bien de baser «des arguments spécieux sur l’Evangile» pour appuyer une cause qu’il serait par ailleurs disposé à épouser.

Selon lui, au lieu de se tourner vers le passé et de le regarder par la lorgnette d’une cause sociale contemporaine, il convient de poser la question la plus élémentaire: que sait-on de l’histoire culinaire de l’époque de Jésus? La population d’alors mangeait rarement de la viande, qui, souvent n’était au menu que les jours de fête, ce qui, aux dires du professeur White, pourrait étayer les arguments du groupe.

Une lecture sélective

Mais, dit-il, le Nouveau Testament lui-même a peu d’explications concrètes à offrir à propos du régime alimentaire de Jésus. Le réécit de la Cène ne nous apprend pas grand-chose et rien de concluant ne ressort de l’histoire des pains et des poissons. Selon le professeur White, tout ce que fait ce groupe, c’est échafauder des arguments sur une lecture sélective de la Bible. «Cela peut en fait aller à l’encontre du but visé, dit-il, parce qu’il est très facile de renverser l’argument.»

Les arguments et les doutes des biblistes n’empêchent pas le groupe de défendre sa cause. Dans le cadre d’une campagne de promotion du végétarisme auquel il a consacré un million de dollars, le groupe de défense des animaux a créé un site Web «Jésus était végétarien» (www.jesusveg.com) et a aussi commencé à diffuser son message sur des panneaux publicitaires en Amérique du Nord.

Fort de 600’000 membres, le groupe a rencontré un certain succès en vingt ans d’activités de promotion et de revendication. On lui reconnaît généralement d’avoir contribué à réduire l’emploi d’animaux dans les expériences de laboratoire aux Etat-Unis. (apic/eni/pr)

25 avril 1999 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 4  min.
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