Tavel: Le Musée singinois présente les différentes facettes de saint Joseph

Joseph, figure discrète, mais charpente de la Sainte Famille

Tavel, 29 novembre 2013 (Apic) Le Musée singinois, avec son style de chalet, offre un cadre idéal à une exposition de Noël. Pour cette année c’est la figure discrète de saint Joseph que le Musée de Tavel a choisi de présenter. Tour à tour travailleur nourricier, guide et protecteur de la famille, l’image du saint offre de nombreuses facettes. Outre des œuvres d’art représentant le saint, réalisées en Singine, le Musée expose, du 30 novembre au 26 janvier, des crèches en bois de l’atelier Huggler-Wyss woodcarvings, à Brienz.

En pénétrant dans le Musée singinois, l’on est tout de suite plongé dans une ambiance de l’Avent. Les boiseries anciennes et les crèches emportent le visiteur dans l’imagerie des Noëls de l’enfance. Le Musée, tout en souhaitant créer un cadre attrayant pour les familles veut exposer à la lumière un personnage de l’histoire de la Nativité qui reste d’habitude dans l’ombre: saint Joseph.

Pour de nombreux chrétiens, saint Joseph incarne la modestie, la confiance en Dieu et la bonté paternelle. Lorsqu’elle raconte l’enfance de Jésus, la Bible parle du père nourricier Joseph, dont la trace se perd par la suite. Sa figure, dans les écritures autant que dans l’Eglise, reste toujours discrète, en retrait. L’histoire de la Nativité lui attribue néanmoins le rôle fondamental de soutien et de guide de la sainte famille. Si Joseph n’est pas sur le devant de la scène, il est néanmoins très présent et très aimé dans l’imaginaire collectif chrétien.

Faire connaître un patrimoine oublié

C’est ce que reflète la première partie de l’exposition avec les objets tirés de la collection du musée qui présentent la figure du saint. Les œuvres montrent Joseph en père dévoué et attentif. L’Eglise catholique célèbre Joseph en tant que patron des travailleurs et de l’Eglise elle-même. De nombreuses œuvres le montrent effectivement en travailleur acharné, soutenant sa famille de son labeur, et inculquant à Jésus les valeurs de service et d’abnégation qui lui sont associées. Un tableau présente d’ailleurs le petit Jésus en train de balayer les copeaux de bois tombés de l’atelier du charpentier.

Le Musée expose également au premier étage un véritable atelier de charpentier, avec l’établi et les outils, prêtés par l’artisan Johann Jungo, de Dirlaret. Les ustensiles sont nommés en allemand, en français, et même en patois singinois. C’est que l’un des objectifs du Musée est de faire découvrir aux Singinois eux-mêmes, un patrimoine oublié de leur région, confie à l’Apic la directrice de l’établissement, Franziska Werlen.

Des crèches inspiratrices

C’est au deuxième étage que l’on peut admirer les crèches sculptées par l’atelier de découpage de bois Huggler-Wyss, à Brienz, dans le canton de Berne. L’entreprise a été fondée par le scuplteur Hans Huggler-Wyss, qui a confectionné en 1915 la célèbre crèche «Christnacht», la première sculptée à la main de Suisse. Une création très moderne pour l’époque, qui a inspiré, par son style dépouillé et abstrait, de nombreuses autres œuvres dans le domaine. Les organisateurs de l’exposition ont choisi de présenter ces crèches parce qu’elles font la part belle à la figure de Joseph. Le saint est parfois représenté une main sur le front, lorsqu’il guide sa famille en Egypte, à travers le désert. Les artistes d’Huggler-Wyss, l’habillent également d’un tablier de charpentier ou lui mettent en mains une équerre, attribut iconographique traditionnel du saint.

Franziska Werlen confie à l’Apic que le Musée souhaite, en exposant ces crèches, attirer au Musée plus de familles. Les visiteurs habituels du Musée sont en effet d’habitude dans la tranche d’âge supérieure.

Le patron des «dzodzets»

L’exposition est l’occasion de rappeler que saint Joseph, malgré sa discrétion légendaire, a été de tout temps très populaire dans le monde catholique.

Le terme «dzodzets», un sobriquet dont les habitants des cantons voisins, protestants, affublaient les catholique Fribourgeois, est une dérivation du prénom «Joseph», très répandu – comme d’ailleurs celui de «Marie», pour les femmes – dans le canton de Fribourg. Ceci démontre que le saint jouissait d’une grande reconnaissance, à l’époque, dans les familles catholiques. En outre, même si le saint charpentier fait l’objet d’une vénération relativement modeste dans la liturgie de l’Eglise, de nombreuses églises et institutions de par le monde portent son nom, fait remarquer la conservatrice du Musée.

Encadré 1

Le Musée singinois

Le musée singinois a ouvert ses portes en 1975. Il est situé dans une maison de bois typique de la Singine, dans le village fribourgeois de Tavel.

Le bâtiment, construit par le charpentier Hans Meuwli en 1780, a été à ses débuts une école paroissiale. Au fil des années, il a été utilisé à d’autres fins. La maison, conçue selon le schéma architectural d’une ferme, a notamment été un bureau de recouvrement, un tribunal et une habitation.

La Fondation du Musée singinois a été créée par le «Deutschfreiburger Heimatkundverein», un association pour l’étude et la défense du patrimoine du Fribourg alémanique, la paroisse de Tavel, propriétaire du bâtiment, et la commune de Tavel.

Encadré 2

«Christnacht», la première crèche sculptée à la main de Suisse

Hans Huggler-Wyss (1877–1947) a élaboré un ensemble de figurines de crèche en 1915. Très moderne pour l’époque, La crèche «Christnacht» se distingue d’un point de vue stylistique par des lignes simplifiées et de vastes surfaces non décorées (planisculpture). Les détails sont abandonnés au profit de la force d’expression, de l’émotivité et du caractère. Les groupes de figurines et les personnages seuls, isolés de la scène centrale de la naissance de l’enfant Jésus, représentent des histoires. Elles confèrent à la crèche une profondeur naturelle et narrative qui ramène la nativité au quotidien, loin de tout son côté mystique et soulignent l’idée du Christ qui se fait Homme.

Huggler Holzbildhauerei AG, Brienz: tradition et nouveautés

La crèche «Christnacht» est aujourd’hui sculptée d’après les modèles originaux par les sculpteurs sur bois de la Huggler Holzbildhauerei AG à Brienz. Elle est constamment complétée par l’ajout de nouvelles figurines. La dernière en date est la jeune fille assise. Chez «Huggler», on sculpte 7 autres modèles de crèches qui s’inscrivent dans la tradition de la «Christnacht».

Encadré 3

Saint Joseph dans le district de la Singine

On trouve des statues de saint Joseph dans la plupart des églises, note les documents du Musée singinois. La Saint-Joseph tombe, le 19 mars, pendant le carême et est par conséquent modestement fêtée dans les paroisses. En revanche, dans les familles, le saint est plus souvent vénéré en tant que saint patron des couples mariés et des mourants. Il est en outre célébré en sa qualité de saint patron des travailleurs et, depuis 1870, en tant que saint patron de l’Eglise catholique.

La chapelle de Schönfels à Heitenried est un bel exemple de sanctuaire consacré à saint Joseph dans le district de la Singine. Sur l’autel repose un reliquaire renfermant une représentation de saint Joseph couché dont les mains et le visage sont en cire. Une attestation d’authenticité de 1834 certifie que la relique conservée dans le reliquaire est une partie de la robe du saint.

L’église paroissiale de Schmitten, les chapelles de Gouglera à Chevrilles et Lichtena à Planfayon, la chapelle de l’hôpital de Tavel et la chapelle située sous le chœur de l’église paroissiale de Wünnewil sont consacrées à saint Joseph. (apic/rz)

Pour en savoir plus, le site du Musée singinois:

http://www.senslermuseum.ch

29 novembre 2013 | 14:56
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 5  min.
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