Bolivie: Décès de Mgr Roger-E. Aubry, évêque missionnaire issu des Franches-Montagnes

Jurassien, il a voulu être enterré en terre bolivienne

La Paz/Montfaucon, 22 février 2010 (Apic) Mgr Roger-Emile Aubry, évêque missionnaire issu des Franches-Montagnes, dans le canton du Jura, est décédé le Mercredi des Cendres à Cochabamba, suite à un arrêt cardiaque, annonce la Conférence épiscopale bolivienne.
Evêque émérite du Vicariat apostolique de Reyes, dans le nord-est de la Bolivie, où il a été fonction jusqu’en mai 1999, le missionnaire rédemptoriste a passé une grande partie de sa vie en Bolivie. Il y a œuvré depuis 1971, consacrant près de la moitié de sa vie au service de cette région d’Amazonie bolivienne où il voulait être enterré.

Mgr Roger-Emile Aubry, rédemptoriste (CSSR), est né le 11 avril 1923 à Montfaucon, dans le diocèse de Bâle. Il a été ordonné prêtre le 14 février 1949 et évêque le 16 septembre 1973. Nommé administrateur apostolique du Vicariat de Reyes le 11 décembre 1970, il a été élu évêque titulaire d’Arena et vicaire apostolique de Reyes le 14 juin 1973.

Sa démission est acceptée le 1er mai 1999 et son successeur est à nouveau un évêque missionnaire d’origine suisse – également religieux rédemptoriste – , Mgr Carlos (Karl) Bürgler. Ce dernier est né en 1943 à Illgau dans le canton de Schwytz (diocèse de Coire). Les rédemptoristes suisses ont depuis 1973 la charge de la région de Reyes située en Amazonie bolivienne. La zone s’étend sur un territoire de 60’000 km2, soit une fois et demi la Suisse. Près de 80% des 150’000 habitants de la région sont catholiques répartis dans quinze paroisses desservies par 4 prêtres diocésains et 14 religieux.

Une grande perte pour l’Eglise bolivienne et latino-américaine

«C’est une grande perte pour l’Eglise bolivienne et latino-américaine – lit-on dans le communiqué de la Conférence épiscopale Bolivienne. Sa passion pour l’annonce de l’évangile et son esprit missionnaire ont certainement marqué tous ceux qui le connaissaient et qui ont pu lire l’un de ses écrits». Les obsèques de Mgr Aubry ont été célébrées le 18 février dans la cathédrale de Cochabamba, et son corps a ensuite été transféré à Reyes.

Mgr Tito Solari Capellari, archevêque de Cochabamba et ami de Mgr Aubry, a relevé que ce missionnaire «a quitté son pays pour venir sur notre terre, vers la moitié de sa vie: après avoir été provincial des rédemptoristes, il a été élu vicaire apostolique de Reyes. Il est venu avec la disponibilité d’un missionnaire, pour entrer dans un monde différent, assumant sa culture, partageant la vie des autres, et pour prêcher l’évangile avec un cœur ouvert, toujours animé d’une profonde spiritualité et d’une grande connaissance du magistère de l’Eglise et des orientations de l’Eglise dans le domaine missionnaire».

Pour des prêtres au cœur ouvert et totalement dévoués aux plus démunis

Mgr Roger-Emile Aubry s’est fait connaître pendant la préparation et le déroulement de la Conférence de l’épiscopat latino-américain de Puebla: à cette époque il était le directeur du Département des missions, et a préparé la Conférence de Puebla sur ce thème. L’évêque jurassien, missionnaire dans l’âme, voulait transmettre au clergé de Bolivie cette dimension missionnaire: «Il a toujours opté pour des prêtres au cœur ouvert et totalement dévoués aux autres, surtout aux plus démunis», relève Mgr Solari.

Manifestant un grand amour pour la Bolivie, «il a voulu vivre et mourir ici, avec un grand désir d’union avec Dieu, c’est pourquoi il s’est installé au couvent du carmel de Cochabamba, dans une petite maison à part où il a vécu seul, mais toujours à l’intérieur d’une zone où il y avait une profonde spiritualité de vie cloîtrée», poursuit l’archevêque de Cochabamba. Ainsi, «quand il a cessé d’être évêque du vicariat de Reyes, il n’a pas voulu revenir dans son pays et ni vivre de n’importe quelle façon. Il a fait ces deux choix fondamentaux, qui révèlent certains aspects de sa personnalité». JB/Com

Encadré

Après avoir effectué son école primaire à Montfaucon, Roger-Emile Aubry poursuit ses études secondaires au collège des rédemptoristes de Saint-Etienne (Loire, F), de 1936 à 1939, et à l’Institut des rédemptoristes d’Uvrier (comm. de Saint-Léonard, VS), de 1939 à 1942. A l’issue de son noviciat chez les rédemptoristes de Gannat (Allier, F), de 1942 à 1943, il y fait profession religieuse le 7 octobre 1943. Ensuite, de 1943 à 1949, il accomplit ses études de philosophie et de théologie à la maison d’études des rédemptoristes de Sousceyrac (Lot, F) et y est ordonné prêtre le 24 février 1949.

De 1949 à 1970, Roger-Emile Aubry est missionnaire-prédicateur dans les paroisses de Suisse et de France. Il exerce aussi la charge de supérieur de la maison de Châtel-Saint-Denis (FR), de 1958 à 1964, et celle de provincial de la province suisse des rédemptoristes (Baden), de 1964 à décembre 1970. Nommé administrateur du vicariat apostolique de Reyes, dans le département du Beni, le 11 décembre 1970, il part pour la Bolivie et est investi de ses nouvelles fonction le 31 mai 1971. Nommé ensuite vicaire apostolique de Reyes, le 7 juillet 1973, il y est consacré évêque le 16 septembre 1973.

Dans le vicariat de Reyes, il suscite la création des communautés ecclésiales de base et y encourage la collaboration des laïcs dans la pastorale. Mais son aura s’étend à toute la Bolivie et à l’Amérique latine. De 1973 à 2000, il est responsable, au sein de la Conférence épiscopale bolivienne, de la Commission missionnaire. Durant cette période, il est choisi comme délégué des évêques boliviens aux Synodes romains sur l’évangélisation (1974) et la catéchèse (1977).

D’abord membre de la commission «Education» du CELAM (Conseil épiscopal latino-américain) en 1973, il est président du Département des missions du CELAM de novembre 1974 à mars 1979 et fait partie de ce fait du comité de préparation de l’importante Conférence de Puebla (Mexique) en janvier-février 1979. Devenu évêque émérite le 1er mai 1999, Mgr Roger Aubry résidait au carmel de Cochabamba et a longtemps donné des cours de théologie et d’histoire de l’évangélisation de la Bolivie aux séminaristes rédemptoristes et aux soeurs du carmel de Cochabamba. En mai 2000, il a été créé docteur «honoris causa» de la Faculté de théologie de l’Université catholique de Bolivie à Cochabamba. (apic/com/fides/be)

22 février 2010 | 12:01
par webmaster@kath.ch
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