Menaces de morts contre les rivaux du dauphin de Daniel Arap Moi

Kenya: Une secte religieuse violente se transforme en parti politique extrémiste

Nairobi, 25 août 2002 (APIC) Le leader de la secte religieuse extrémiste kenyane des Mungiki, Ibrahim Ndura Waruinge, a été arrêté vendredi à Nairobi. Les forces de l’ordre poursuivaient ce week-end la chasse à ses adeptes, annonce la police de la capitale du Kenya. Cette secte interdite en raison de ses actions violentes s’est transformée en parti politique et ambitionne «de jouer un rôle politique de premier plan», selon son chef spirituel âgé d’une trentaine d’années.

Animés par une foi fanatique et militant pour les «traditions et valeurs africaines», comme l’excision des femmes, les disciples de la secte Mungiki sont devenus des opposants au pouvoir très redoutables.

Les membres de la secte Mungiki seraient les auteurs des tracts distribués ce printemps dans le centre du Kenya, qui donnaient un ultimatum de trois mois à toutes les femmes âgées de 13 à 65 ans pour qu’elles se fassent exciser, c’est-à-dire qu’elles fassent procéder à l’ablation de leur clitoris, sinon elles seraient mutilées de force. Le chef de la secte, Ibrahim Ndura Waruinge, qui s’est converti à l’islam, bénéficie du soutien de certaines milieux islamistes.

La secte Mungiki, qui réclame 4 millions d’adhérents – principalement de l’ethnie des Kikuyus – est considérée par les autorités kenyanes comme violente et extrémiste. Les Eglises chrétiennes ont à plusieurs reprises mis en garde contre cette secte dangereuse qui n’aurait en fait que quelques milliers de disciples. En mars, elle a été totalement interdite d’activités, après des troubles meurtriers dans des quartiers pauvres de Nairobi.

Le mouvement interdit a été accusé d’être à l’origine des violences qui ont fait une vingtaine de morts et une trentaine de blessés lors d’un raid de 300 de ses adeptes sur Kariobangi, un quartier de la périphérie de Nairobi. Ses militants se prétendent les héritiers des Mau-Mau, des combattants anticolonialistes qui s’étaient particulièrement fait remarquer lors de la lutte pour l’indépendance du Kenya dans les années 50.

Campagne agitée en vue de l’élection présidentielle

Près d’un millier de militants Mungiki ont menacé de mort la semaine dernière plusieurs hommes politiques kenyans lors d’une manifestation de soutien au président Daniel Arap Moi et à son dauphin pour les prochaines présidentielles. Ils ont promis qu’ils s’attaqueront aux candidats rivaux du fils de Jomo Kenyatta lors de l’élection présidentielle «à coups de gourdins, de machettes ou d’autre chose».

Le président du Kenya Daniel Arap Moi, 78 ans, au pouvoir depuis 24 ans, a choisi Uhuru Kenyatta, 39 ans, pour représenter son parti, la KANU (Kenya African National Union) à cette élection présidentielle. Ce dernier est le fils du premier président kenyan, Jomo Kenyatta, décédé en 1978. Mais ce choix est contesté par quatre autres responsables de la KANU.

L’Eglise catholique met en garde le président sortant Daniel Arap Moi

Les évêques catholiques du Kenya ont également mis en garde le président sortant Daniel Arap Moi contre des tentatives de manipulations électorales. Le dernier mot doit revenir aux électeurs quant au choix du successeur de l’actuel président, estime l’archevêque de Mombasa, Mgr John Njenga. Les élections présidentielles doivent avoir lieu en fin d’année, et plus de 3 millions de personnes (sur quelque 15 millions) ne se sont pas inscrites sur les listes électorales, selon la Commission électorale du Kenya (ECK).

Des voix critiques au sein du propre parti du président Moi, l’Union nationale du Kenya (KANU), ont demandé au président, qui passe pour un autocrate, de jouer le rôle d’une figure paternelle et de rester neutre dans le débat électoral actuel sur qui doit être le candidat de la KANU pour les prochaines présidentielles. (apic/bbc/misna/allafrica/be)

25 août 2002 | 00:00
par webmaster@kath.ch
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