L’Eglise orthodoxe autonome d’Ukraine veut quitter le patriarcat de Moscou
Kiev: Bientôt une autre Eglise orthodoxe autocéphale en Ukraine ? (151291)
Kiev, 15décembre(APIC) L’Eglise orthodoxe autonome d’Ukraine, qui était
jusqu’en octobre 1990 l’exarchat du patriarcat de Moscou en Ukraine, aimerait obtenir une «autocéphalie légale», c’est-à-dire devenir totalement indépendantedu pointde vue canonique de l’Eglise orthodoxe russe du patriarcat de Moscou. Une mesure de survie, face à l’indépendance de l’Ukraine ?
Tout en voulant maintenir la communion canonique avec l’Eglise orthodoxe
russe, l’Eglise orthodoxe ukrainienne doit faire face à la surenchère nationaliste de sa rivale, l’Eglise orthodoxe ukrainienne autocéphale. Sous
la direction du «patriarche» Mstyslav Skrypnyk, des communautés orthodoxes
ont déclaré leur indépendance de façon unilatérale en 1990 et se sont regroupées en un patriarcat de Kiev dont la canonicité n’est reconnue par
personne dans l’Eglise orthodoxe.
Si le «patriarcat» de Kiev regroupe selon ses dires quelque 1’100
paroisses, l’Eglise orthodoxe autonome d’Ukraine compte environ 6’000
paroisses, selon le métropolite Philarète de Kiev.
Dans le sillage du mouvement pour l’indépendance de l’Ukraine, l’Eglise
orthodoxe ukrainienne, dirigée par son primat, le métropolite Philarète de
Kiev, aimerait dépasser les clivages de caractère nationaliste qui divisent
l’orthodoxie ukrainienne entre les «autocéphales» et les orthodoxes dépendant de Moscou. Il n’est toutefois pas certain que la décision de l’Eglise
autonome – qui a notamment exprimé ce voeu lors de son 2ème concile début
novembre et qui a adressé une demande dans ce sens au patriarcat de Moscou
auquel les diocèses orthodoxes d’Ukraine sont canoniquement rattachés depuis 1682 – permette de redresser totalement la situation. Le métropolite
Philarète s’était en effet déclaré à plusieurs reprises partisan du maintien de l’Ukraine dans l’Union soviétique et son revirement pourrait
paraître bien tardif aux yeux des nationalistes.
Dans le message qu’il a adressé au patriarcat de Moscou et à l’ensemble
de l’épiscopat orthodoxe russe, le concile de l’Eglise autonome d’Ukraine composé des évêques et des représentants clercs et laïcs de chaque diocèse
– demande «l’autocéphalie légale». Le métropolite Philarète, qui rejette
«l’autocéphalie auto-proclamée (celle du «patriarche» Mstyslav Skrypnyk,
ndlr) qui a conduit des orthodoxes dans le schisme», veut en Ukraine une
Eglise qui soit en union non seulement avec l’Eglise orthodoxe russe, mais
également avec toutes les Eglises orthodoxes locales du monde entier.
Interrogé par le Service orthodoxe de presse (SOP) à Paris, un haut responsable du patriarcat de Moscou, commentant cette demande à titre personnel, a estimé qu’il n’y a pas d’obstacle formel du côté de l’Eglise orthodoxe russe à reconnaître la complète indépendance administrative et juridique de l’Eglise d’Ukraine, l’important étant de maintenir la communion canonique entre les deux Eglises. Le seul problème réside, selon lui, dans
les régions de l’est et du sud de l’Ukraine, moins perméables aux exigences
indépendantistes, car la population est dans ces endroits soit plutôt russifiée soit d’origine russe. Des solutions de compromis concernant l’usage
de la langue liturgique et l’origine ethnique du clergé pourraient être
trouvées dans ces régions. (apic/sop/be)