la réouverture du monastère des Grottes

Kiev: un archevêque demande (040288)

Kiev, 4février(APIC) Pour la première fois depuis la fermeture de la très

célèbre Laure des Grottes de Kiev, en 1961, c’est-à-dire à l’époque des

plus dures persécutions antireligieuses de Khroutchtev, un hiérarque de

l’Eglise orthodoxe russe a fait entendre sa voix pour demander avec force

que ce saint lieu soit rendu à l’Eglise. Dans une longue lettre à Mikhaïl

Gorbatchev, l’archevêque Théodose d’Astrakan demande au premier secrétaire

du Parti de «faire tout ce qui dépend de lui» pour qu’à l’occasion des

célébrations du Millénaire du baptême de la Russie, cet ancien monastère,

«trésor sacré de notre peuple et foyer séculaire de sa culture», retrouve

sa destination première de lieu de prière et de résidence monastique.

L’archevêque Théodose témoigne dans sa lettre de «l’indignation» et de

la «profonde amertume» qui le saississent chaque fois qu’il se rend dans la

Laure des Grottes et voit dans quel état d’abandon et de délabrement elle

se trouve, alors qu’elle a été fermée il y a plus d’un quart de siècle, officiellement «à des fins de restauration». Les reliques de dizaines de

saints russes y sont l’objet de profanations quotidiennes. Et les quelque

deux millions de touristes étrangers qui visitent ces lieux chaque année y

sont pilotés par des guides qui, souvent, par méconnaissance, «instillent

un poison mortel dans le coeur des visiteurs».

«D’aucuns, écrit l’archevêque, pensent que toute cette honteuse activité

n’est que la manifestation de la propagande et de la lutte athée contre la

religion; mais moi, j’y vois un sacrilège, une insulte permanente aux sentiments des croyants».

Par la même occasion, l’archevêque Théodose dénonce dans sa lettre les

chicanes auxquelles sont soumis les monastères actuellement ouverts, notamment les difficultés qui leur sont faites lorsqu’ils veulent accueillir des

novices.

L’archevêque Théodose fait également état d’un appel adressé en juillet

dernier au Conseil pour les affaires religieuses de l’URSS par un groupe

d’action en faveur de la restitution à l’Eglise de la Laure des Grottes de

Kiev, appel signé par près de 5’000 croyants, et dont le texte vient de

parvenir en Occident. Les signataires y affirment que «la restitution de la

Laure à l’Eglise susciterait une reconnaissance enthousiate de tout le

peuple russe, témoignerait du fait que le gouvernement se préoccupe des besoins spirituels de millions de citoyens croyants et trouverait un écho

très favorable dans le monde entier». En août 1987, le groupe d’action

avait reçu une réponse officielle du Conseil pour les affaires religieuses,

qui ne se déclarait pas hostile au retour de la Laure aux croyants, mais

ajoutait que la décision à ce sujet incombait au gouvernement de la RSS

d’Ukraine.

De son côté, le militant orthodoxe Alexandre Ogorodnikov vient de

publier dans le dernier numéro du «Bulletin de la Communauté chrétienne»,

paru à Moscou le 5 janvier, un «Appel à tous les chrétiens, en appui de la

déclaration de l’archevêque Théodose». Il y insiste sur le fait que «c’est

la première fois depuis longtemps qu’un appel en faveur de la réouverture

de la Laure et pour la condamnation des profanateurs de cette gloire nationale de la Russie résonne du haut d’un trône épiscopal». Il y voit «un

exemple (…) qui fait revivre le charisme, perdu par notre épiscopat, de

la dénonciation du mal. Cet appel, expression vivante de la foi authentique, franchit les murs épais de la censure et nous rappelle notre devoir

sacré de servir l’Orthodoxie, en témoignant de l’angoisse que suscite la

situation spirituelle de notre peuple, et de la douleur que nous éprouvons

face au destin de notre patrie. Il réveille notre conscience morale et

notre dignité de citoyens».

Ce n’est pas la première fois que l’archevêque Théodose d’Astrakan, âgé

aujourd’hui de 61 ans, intervient publiquement pour dénoncer des exactions

commises par le régime soviétique contre l’Eglise orthodoxe russe. En octobre 1977, il avait déjà adressé au premier soviétique, alors Léonide

Brejnev, un dossier de 24 pages sur la situation de son diocèse, accompagné

d’une lettre personnelle. Il y protestait notamment contre toute les formes

de «pressions que font subir aux chrétiens les délégués officiels aux affaires religieuses». (apic/sop/bd)

4 février 1988 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 3  min.
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