Kinshasa: Deux journalistes arrêtés pour «publications de fausses nouvelles»

Le gouverneur de Kinshasa empêche une manifestation de soutien

Kinshasa, 13 septembre (APIC) Le gouverneur de Kinshasa, capitale de la République Démocratique du Congo (RDC), a empêché le déroulement d’une manifestation qui devait se tenir à Kinshasa, pour soutenir journalistes condamnés il y a quelques jours pour diffamation et publication de fausses nouvelles.

David Nku Imbie a interdit qu’un groupe d’organisations de défense des droits de l’Homme remette au président Joseph Kabila un «dossier» détaillé relatif au cas de deux journalistes arrêtés le mois dernier pour avoir «sali» le nom du ministre de l’Intérieur, Mwenze Kongolo.

Il s’agit de Raymondo Kabala et de Delly Bonsange, respectivement directeur et éditeur du quotidien «Alerte Plus». Après avoir été détenus en prison pendant plus d’un mois en attente de jugement, ils ont été condamnés à des peines très sévères vendredi dernier par le tribunal de Ndjili, un quartier de la capitale.

Kabala devra rester en prison 12 mois, Bonsange 6 mois. Mais la société civile a été particulièrement choquée par le montant des amendes qu’ils devront payer. Le juge a en effet décidé que les deux journalistes devraient verser, respectivement, au ministre de l’Intérieur l’équivalent de 200’000 et de 100’000 dollars.

L’Observatoire Congolais des Droits de l’Homme (OCDH), organisation dirigée par l’avocat Sébastien Kayembe, a vivement condamné la sentence en affirmant que l’amende fixée par le juge était «astronomique». Mais selon l’OCDH, les raisons qui auraient poussé la Cour à une telle condamnation sont quelque peu «embarrassantes». Le juge a en effet déclaré que la somme à verser dépendait du «statut social» de la partie lésée. «Il est évident que le système judiciaire de ce pays estime qu’il existe des citoyens de première classe et des citoyens de seconde classe» lit-on dans une note.

Selon Reporters Sans Frontières (RSF), l’organisation internationale qui veille sur la liberté de la presse dans le monde, le montant exorbitant de l’amende indique clairement la volonté des autorités de Kinshasa de faire fermer le quotidien. C’est ce qui arrivera, étant donné que l’éditeur ne possède pas les fonds nécessaires pour payer l’amende

Les deux journalistes ont été condamnés pour avoir publié le 11 juillet dernier une dépêche parlant d’un empoisonnement présumé de Kongolo. Cette information s’est avérée fausse et elle aurait été démentie le lendemain par Kabala.

Le 22 juillet, Delly Bonsange a été arrêté à son tour puis transféré dans la capitale. Son nom, en qualité d’auteur de l’article incriminé, aurait été donné par Kabala sous la torture. Depuis l’arrivée au pouvoir de Joseph Kabila, en janvier 2001, 41 journalistes ont été arrêtés en RDC. (apic/phare/pr)

13 septembre 2002 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 2  min.
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