Kosovo: L’Eglise serbe orthodoxe craint le «revanchisme de l’UçK»

Monastères et églises incendiés, prêtre kidnappé

Pristina/Belgrade, 18 juin 1999 (APIC) L’Eglise serbe orthodoxe, qui possède au Kosovo près de 1300 monastères et églises datant du moyen âge, a des raisons de craindre le «revanchisme de l’UçK» et des destructions de son patrimoine historique, selon Mgr Artmije. Deux monastères historiques ont déjà été incendiés par les guérilleros albanais, selon l’archevêque orthodoxe de Raska-Prizren, Mgr Artemije Radosavljevic, tandis qu’un prêtre a été kidnappé et d’autres menacés.

Selon l’organe d’information orthodoxe «Pravoslavlje Pres», les membres du clergé, les fidèles et les édifices sacrés du Kosovo et de la Metohija sont menacés. L’éparche Artemije de Raska and Prizren, entouré de moines et de nombreux fidèles, a vécu plusieurs jours dans la cour de l’église de Prizren sous la menace d’Albanais qui avaient encerclé les lieux. L’archevêque s’est réfugié avec eux à Pristina mercredi.

Des membres présumés de l’UçK ont enlevé il y a trois jours le moine Hariton Lukic au monastère de Sveti Arhandjel (Saint Archange, datant du XIVème siècle), à deux kilomètres de Prizren. L’on est depuis cette date sans nouvelles du moine et des cinq personnes kidnappées avec lui. Le contingent allemand de la KFOR a garanti la sécurité du monastère. D’autres moines ont pu s’enfuir du monastère de Gracanica, près de Pristina.

Protection de la KFOR demandée

Le monastère de la Sainte-Trinité (XVème siècle), dans le village de Musutiste, a été incendié, tandis que les religieuses qui ont pu s’échapper ont trouvé refuge à Gracanica. Selon des sources orthodoxes serbes, le monastère de Devic, dans lequel vivent encore des sœurs, a été attaqué et ne bénéficie d’aucune protection militaire. Des membres de l’UçK ont fait irruption dans les lieux saints qu’ils ont désacralisés. Ils ont ouvert le reliquaire de Saint Yoanikios et pillé le couvent, toujours selon des sources serbes, menaçant à plusieurs reprises de violer la plus jeune religieuse du monastère. La situation s’est calmée avec l’arrivée du contingent français de la KFOR.

Panique serbe

A Musutiste, l’église dédiée à la Sainte Mère de Dieu, datant du XIVème siècle, important sanctuaire de la Metohija, a également été incendiée, selon des sources de l’Eglise serbe, ainsi que le couvent de Saint-Marc à Korisa. D’autres édifices religieux, comme l’église des Saints Apôtres Pierre et Paul à Suva Reka, ont été endommagés et plusieurs monastères sont vidés de leurs habitants. Au monastère de Visoki Decani (XIVème siècle), la situation est calme et des unités italiennes sont stationnées près du couvent.

A Pec, dans les locaux du patriarcat serbe orthodoxe (XIIIème siècle) la situation est tendue en raison de la présence de l’UçK dans la ville. Le métropolite Amfilohije n’a pas quitté la ville, et il tente de persuader les Serbes qui n’ont pas encore fui de rester. Le patriarche Pavle, chef de l’Eglise serbe, a annoncé son déménagement «pour une longue durée» à Pec pour empêcher que le dernier Serbe ne quitte ce qu’il appelle «le berceau de la nation serbe», dont l’importance est primordiale pour la spiritualité serbe. (apic/kna/decani/be)

18 juin 1999 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 2  min.
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