AI dénonce les soldats de la MINUK et de la KFOR

Kosovo: La communauté internationale est responsable du développement de la prostitution

Londres/Lausanne, 6 mai 2004. La communauté internationale est responsable du développement de la prostitution, dénonce Amnesty International dans un rapport publié jeudi 6 mai. Les «maisons closes» se sont multipliées par 10 en quelques années. Et les soldats de MINUK et de la KFOR au Kosovo, en «mission de paix», représentent une cliente importante.

Le nombre d’établissements de prostitution au Kosovo a en effet été multiplié par dix en quatre ans. Les membres civils et militaires des forces de maintien de la paix représentent 20% de la clientèle des réseaux de prostitution, alors qu’ils sont censés protéger les femmes et les jeunes filles contre cette traite d’êtres humains, dénonce Amnesty International.

«Il a dit que nous lui appartenions. En nous achetant, il avait acquis le droit de nous battre, de nous violer, de nous laisser mourir de faim et de nous contraindre à avoir des rapports sexuels avec des clients». C’est le témoignage de femmes et de jeunes filles exploitées par des réseaux de proxénétisme au Kosovo, recueilli par Amnesty International lors d’une enquête sur la traite des femmes rendue publique le 6 mai.

Vendues comme des esclaves

Des femmes et des jeunes filles sont vendues comme esclaves. Elles sont battues, violées et enfermées par ceux qui les ont achetées. Comme des soldats et policiers de la force internationale font partie de leurs clients, les femmes et les jeunes filles ont souvent trop peur pour s’enfuir et les autorités ne leur apportent aucune aide.

Amnesty International a constaté que la Mission d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK), la Force internationale de paix au Kosovo (KFOR) et les institutions provisoires pour une auto- administration démocratique du Kosovo n’avaient ni protégé ni respecté les droits de ces femmes. On estime que 20% des personnes profitant des services de ces réseaux de prostitution sont des membres de la communauté internationale, alors qu’ils ne représentent que 2% de la population.

Aucune sanction

Ces personnes, s’insurge AI, censées protéger les femmes et les jeunes filles, profitent de leurs fonctions pour les exploiter et ne subissent aucune sanction. De janvier 2002 à juillet 2003, 22 à 27 soldats de la KFOR ont été soupçonnés d’infractions liées à la traite d’êtres humains, selon l’unité de police de la MINUK chargée de la répression de la prostitution, qui n’a pu donner à Amnesty International aucune indication concernant d’éventuelles mesures disciplinaires prises contre ces soldats. Ils jouissent d’une impunité totale tant que leur immunité n’est pas explicitement levée par le secrétaire général des Nations unies.

Le rapport sur la protection des droits des femmes et des jeunes filles contraintes à la prostitution au Kosovo révèle qu’elles risquent de subir toute une série d’atteintes à leurs droits fondamentaux, comme l’enlèvement, la privation de liberté, la torture et les mauvais traitements, notamment les menaces psychologiques, les coups et les viols.

La traite des êtres humains

Bien que les autorités aient pris certaines mesures positives pour combattre la traite, les femmes et jeunes filles victimes des réseaux de trafiquants sont souvent traitées comme des délinquantes, poursuivies pour séjour illégal au Kosovo ou inculpées comme prostituées après des rafles effectués par les policiers de la MINUK.

Amnesty International appelle les autorités du Kosovo à mettre en place des mesures pour faire cesser ce trafic. La traite des êtres humains fait partie des crimes les plus graves définis par le Statut de Rome de la Cour pénale internationale, rappelle en conclusion l’organisation internationale de défense des droits de l’homme. (apic/com/pr)

6 mai 2004 | 00:00
par webmaster@kath.ch
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