Rome: Le pape François pourrait ouvrir les archives sur le rôle de Pie XII pendant la guerre

L’ancien pape a-t-il été un héros ou un collaborateur?

Rome, 22 avril 2013 (Apic) Des décennies de doutes sur l’attitude du pape Pie XII envers les régimes fascistes et nazis dans les années 1930-1940 pourraient bientôt prendre fin. Le rabbin Abraham Skorka, un grand ami du pape François, a récemment suggéré que le pontife avait l’intention d’ouvrir les archives du Vatican portant sur le sujet, rapporte le 18 avril 2013 le quotidien britannique «The Telegraph».

Abraham Skorka connaît le pape argentin depuis 20 ans. Il a co-écrit avec l’ancien archevêque Bergoglio l’ouvrage «Sur le ciel et la terre». Le dignitaire juif a récemment affirmé avoir discuté longuement avec le nouveau pape du rôle de Pie XII -surnommé par certains critique, «le pape d’Hitler»- lors de la deuxième guerre mondiale. François lui aurait ainsi assuré penser que la question de l’héritage de Pie XII devait être «examinée en profondeur». Le rabbin est convaincu que son ami est en faveur d’une ouverture des archives du Vatican, afin de clarifier l’affaire une fois pour toute.

Beaucoup d’inconnues sur le comportement de Pie XII

Bon nombre de critiques ont accusé depuis des décennies Pie XII d’avoir coopéré avec les régimes fasciste de l’Italie et nazi de l’Allemagne depuis le début de son pontificat en 1939. Certains l’ont notamment blâmé pour être resté silencieux face à la tragédie de l’Holocauste. Ce soupçon a été entretenu par le refus du Vatican de donner aux chercheurs l’accès aux archives concernant son pontificat.

Dans le même temps, certaines données suggèrent que Pie XII a organisé l’exode de plus de 200’000 juifs d’Allemagne dans les années 1930. Le cardinal Eugenio Pacelli, du véritable nom de l’ancien pape, aurait demandé à des archevêques du monde entier de fournir des visas à des «catholiques non aryens», ainsi qu’à des juifs convertis au christianisme, afin de leur permettre de sortir d’Allemagne.

Processus de canonisation suspendu

Les démarches visant à canoniser Pie XII sont en cours depuis des décennies à Rome. Mais en 2011, un groupe d’éminents universitaires catholiques ont officiellement demandé au pape émérite Benoît XVI de suspendre la procédure, tant que l’on ne possédait pas plus d’informations sur son rôle lors de la seconde guerre mondiale. En 2009, le pape allemand avait créé une polémique en élevant l’ancien pontife au rang de «vénérable», le rapprochant ainsi de l’état de sainteté.

Le pape François, farouche opposant du fanatisme

Abraham Skorka, actuellement recteur du Séminaire rabbinique d’Amérique Latine basé en Argentine, est devenu un ami proche du cardinal Bergoglio alors qu’il était archevêque de Buenos Aires. Les deux religieux avait l’habitude de participer à leurs cultes respectifs, et leur amitié a initié un intense mouvement de rapprochement entre les catholiques et juifs d’Argentine, le pays comptant la plus large population juive en Amérique latine.

Le rabbin Skorka a précisé que le pape François était un farouche opposant de l’antisémitisme et de «toute forme de fanatisme». Le dirigeant israélite prédit également que le pape argentin sera un pontife «révolutionnaire». Selon lui, il ne touchera pas à la doctrine de l’Eglise, mais fera évoluer drastiquement ce qui tient du protocole, de la flamboyance, du luxe, ou encore de la relation aux pauvres. (apic/teleg/rz)

22 avril 2013 | 10:55
par webmaster@kath.ch
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Pie XII (40)
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