Rome: Le Vatican sanctionne une nouvelle fois Emmanuel Milingo

L’archevêque zambien désormais réduit à l’Etat laïc

Rome, 17 décembre 2009 (Apic) L’archevêque exorciste zambien, excommunié en septembre 2006 après avoir ordonné évêque des prêtres mariés, a été «réduit à l’état laïc» après avoir effectué de nouvelles ordinations épiscopales, a indiqué jeudi le Bureau de presse du Saint-Siège.

Rome a fait état des «comportements regrettables» de cet ancien archevêque et de son manque de volonté de revenir «dans la pleine communion».

«Depuis de nombreuses années, indique le Bureau de presse du Saint-Siège, l’Eglise suit avec une souffrance particulière les développements liés aux comportements regrettables de l’archevêque émérite de Lusaka, Emmanuel Milingo». Malgré «les tentatives entreprises pour ramener monsieur Milingo dans la communion de l’Eglise», précise la note, celui-ci «n’a pas offert la preuve de la repentance espérée».

Le Vatican explique ainsi qu’après avoir été excommunié latae sententiae fin septembre 2006 pour avoir ordonné évêque 4 prêtres mariés, aux Etats-Unis, sans l’autorisation du Saint-Siège, Mgr Milingo «a continué d’exercer de manière illégitime les actes de la fonction épiscopale». «En particulier, est-il encore précisé, il a procédé à quelques nouvelles ordinations épiscopales ces derniers mois».

Selon le document rédigé essentiellement par la Congrégation pour les évêques, «la défaillance persistante de monsieur Emmanuel Milingo a contraint le Siège apostolique à lui ajouter la peine supplémentaire de la réduction à l’état laïc».

Ainsi, selon le Code de droit canonique, l’ancien évêque, déjà excommunié du simple fait des ordinations célébrées en 2006, a désormais aussi perdu les droits et les devoirs propres à l’état clérical, mis à part l’obligation du célibat, et il lui est interdit d’exercer le ministère de prêtre ainsi que de s’habiller comme tel. En conséquence, rappelle le Saint-Siège, «la participation des fidèles à d’éventuelles nouvelles célébrations organisées par monsieur Emmanuel Milingo est illégitime».

Enfin, le communiqué du Bureau de presse du Saint-Siège relève que la procédure «exceptionnelle» à laquelle à été «contrainte» l’Eglise au vu de la «gravité» des faits reprochés à l’archevêque zambien n’écarte pas «la repentance du coupable et de ceux qui – prêtres ou fidèles laïcs – ont collaboré en quelque sorte avec lui à poser des actes contre l’unité de l’Eglise du Christ».

Une longue succession de provocations

Emmanuel Milingo a été nommé par Paul VI (1963-1978) évêque de Lusaka, dans sa Zambie natale, alors qu’il n’était âgé que de 39 ans. Il a commencé en 1973 à exercer des «dons» de guérisseur et d’exorciste. En 1982, il a été convoqué à Rome pour répondre de son ministère, qui, après enquête, lui a été retiré. En 1983, il a alors été nommé délégué spécial pontifical pour la pastorale des migrants et itinérants. Chanteur et danseur, il a par ailleurs enregistré plusieurs albums.

Depuis plusieurs années, Mgr Milingo a multiplié des gestes contradictoires de défiance ou de gratitude envers le Vatican, effectuant de nombreux allers-retours entre Rome et différents pays étrangers. Le 27 mai 2001, le prélat africain a été à marié par la secte Moon à Maria Sung, une acuponctrice coréenne. 3 mois plus tard, il avait demandé pardon à Jean Paul II et à l’Eglise pour son geste «blessant», revenant ainsi dans le giron de Eglise.

Au mois de juillet 2006, l’archevêque exorciste zambien a quitté Rome et décidé de créer aux Etats-Unis une association, «Married priest now», visant à l’acceptation du mariage des prêtres par l’Eglise catholique. Puis, en septembre 2006, il fut automatiquement excommunié par l’Eglise après avoir procédé à l’ordination de quatre évêques mariés.

En novembre 2007, Mgr Milingo a demandé au pape de réintégrer à plein titre les prêtres et les évêques mariés dans l’Eglise. Un mois plus tard, l’ancien archevêque de Lusaka avait encore souhaité organiser Place Saint-Pierre un «sommet des prêtres mariés», afin de défier le Vatican. (apic/imedia/ami/cp/pr)

17 décembre 2009 | 14:12
par webmaster@kath.ch
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