Vers la béatification de Jérôme Savonarole en l’an 2000?

L’Eglise demandera-t-elle aussi pardon pour les bûchers

Rome, 29 juillet 1998 (APIC) En l’An 2000, l’Eglise demandera pardon aussi pour les bûchers, c’est ce que retient la presse italienne de mercredi d’un article du théologien italien, Mgr Rino Fisichella, publié dans le nouveau numéro de la revue «Tertium Millennium», du Comité central pour le Grand Jubilé de l’An 2000.

L’article de Mgr Fisichella couvre cinq pages. Evêque auxiliaire de Rome, l’auteur est membre de la Commission théologique et historique du Comité pour le Grand Jubilé. Cette commission examine depuis deux ans les moments de l’histoire de l’Eglise que le pape souhaite voir réexaminés, en particulier «les racines de l’anti-judaisme en milieu chrétien» et «les Inquisitions».

C’est dans ce cadre que «le pape, écrit Rino Fisichella, pourra accomplir un geste d’une grande valeur symbolique en ce qui concerne la nécessité du pardon», un acte «d’une grande force prophétique». Mgr Fisichella évoque la possibilité de la béatification de Jérôme Savonarole (1452-1498), ce dominicain excommunié par le pape Alexandre VI et brûlé à Florence le 23 mai 1498 par le bras séculier.

Une doctrine qui n’a rien d’hérétique

En mai 1997 déjà, le Père suisse Georges Cottier, théologien du pape, avait affirmé que la doctrine de Jérôme Savonarole n’a rien d’hérétique. Son procès de béatification est même ouvert: «J’espère qu’il sera conclu pour le Jubilé», expliquait alors le théologien.

Le dominicain, qui était prieur du Couvent San Marco de Florence, attirait les foules par sa prédication. Les Médicis une fois chassés, il fut chargé de donner à la ville une constitution. Il inventa un régime théocratique et démocratique à la fois. Surtout, il fit régner dans les affaires de la ville une austérité que ses ennemis ne lui pardonnèrent pas. Excommunié par le Pape Alexandre VI Borgia, dont il dénonçait les débordements, il résista par les armes. Arrêté, il fut condamné à mort: une exécution très politique.

Et en novembre 1995, le cardinal Silvano Piovanelli, archevêque de Florence, avait exprimé ses voeux pour la réhabilitation du dominicain florentin.

Quant à Giordano Bruno (1548-1600), dernier hérétique brûlé à Rome, au Campo dei Fiori (où trône maintenant sa statue), le 17 février 1600, le Père Cottier affirmait par contre que, du point de vue théologique, sa doctrine «ne peut être acceptée». Mais l’Eglise n’approuve pas pour autant le bûcher, avait insisté le P. Cottier. «De cela il faut demander pardon», avait-il encore déclaré. (apic/imed/pr)

20 avril 2001 | 00:00
par webmaster@kath.ch
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