Une Eglise en détresse

L’Eglise grecque-melkite catholique (150788)

Fribourg, 15juillet(APIC/Iso Baumer) Le Liban est déchiré – c’est un lieu

commun des mass-media – avec des répercussions sur tout le Moyen-Orient,

voire le monde entier. Ce pays, autrefois comparé à la Suisse à cause de la

cohabitation des différentes langues, religions et nations, sera-t-il dissout politiquement, écrasé économiquement? Ne s’agit-il «que» de tensions

entre chiites et sunnites, entre musulmans et maronites? Quelle est la place des communautés chrétiennes? Limitons-nous à n’en nommer que les orthodoxes, orientaux pré-calcédoniens, catholiques, protestants, car on en

compte au moins une dizaine! Nous voudrions en présenter une qui mérite une

attention toute particulière: l’Eglise grecque-melkite catholique.

Les chrétiens constituent environ 40% de la population totale au Liban.

La majorité est composée de maronites. Il y a ensuite l’Eglise syrienne-jacobite qui s’est séparée de l’Eglise universelle au Vème siècle, et enfin

l’Eglise melkite, c’est-à-dire les descendants de ceux qui étaient restés

fidèles à l’Eglise de l’Empire byzantin (en syriaque le mot «malka» signifie «empereur»).

Vers la fin du premier millénaire, les Melkites renoncèrent à leur liturgie d’Antioche en syriaque en faveur de la liturgie de Constantinople.

En 1054, lors du Grand Schisme entre l’Orient et l’Occident, les Melkites

ne furent pas immédiatement entraînés dans la séparation entre Rome et Constantinople; le siège apostolique d’Antioche restait en communion avec les

deux Eglises; les patriarches eux-mêmes penchaient selon leurs préférences

plutôt vers l’un ou l’autre des Chefs d’Eglise: le patriarche de Constantinople ou le pape de Rome.

En 1724 seulement la hiérarchie fut scindée en deux branches, non pas

pour des motifs théologiques, mais à cause des rivalités entre les villes

de Damas et d’Adelp qui se disputaient au sujet de leur candidat respectif.

Les Melkites unis à Rome comptent aujourd’hui quelques centaines de milliers de fidèles notamment au Liban, en Syrie, en Egypte. Ils ont gardé

leur hiérarchie arabe, tandis que les orthodoxes ont reçu leur patriarche

de Constantinople (jusqu’en 1898 toujours un Grec).

Rome et les Melkites

L’union avec Rome valait aux Melkites un appui considérable: de meilleures écoles, un clergé mieux formé, le contact avec l’Eglise universelle,

une aide financière; de l’autre côté, la curie romaine se montrait peu sensible aux traditions, à la liturgie et à la discipline, aux us et coutumes

orientales. Pendant le premier Concile du Vatican, le patriarche Grégoire

Yussuf avait élevé la voix contre les prétentions de la primauté universelle du pape de Rome. Lors de la génuflexion du patriarche pour baiser les

pieds du Saint-Père, le Pape Pie IX lui mit le pied sur la tête en l’appelant «testa dura»: geste symbolique et significatif, non pas pour tous les

pontifs – loin de là -, mais pour une certaine attitude des milieux romains

responsables de l’Orient chrétien. Les rapports sont aujourd’ hui meilleurs, même cordiaux entre le Pape Jean-Paul II et le Patriarche Maximos V

Hakim. Cependant la demande du patriarche, déposée depuis plus d’un an,

pour obtenir la juridiction sur tous ses fidèles dispersés dans le monde

entier (pour ne pas avoir à demander toujours une permission spéciale au

Saint-Siège ou aux Ordinaires du lieu) n’a pas encore reçu de réponse. De

plus, lors des Conférences des évêques à Rome, les organisateurs ne savent

pas qu’aux patriarches de l’Orient une place d’honneur et un rang spécial

sont dûs.

Les Melkites dans la diaspora

La guerre, l’inflation, bref, l’insécurité totale poussent beaucoup de

chrétiens orientaux à quitter leurs pays d’origine pour chercher un refuge

dans les pays d’Occident; le patriarche melkite croit qu’environ un million

de ses fidèles se trouvent en dehors du Moyen-Orient. Pour pouvoir garder

leur identité, les melkites ont besoin de se regrouper dans leur propre

Eglise, différente de l’Eglise romaine par son histoire, son culte, sa spiritualité, mais unie à elle profondément dans la foi commune. Malheureusement, l’influence des Melkites, importante au début du siècle puisqu’elle a

largement contribué à la renaissance de la pensée et des lettres arabes, se

réduit de plus en plus. En Suisse les Melkites sont également présents et

se réunissent plus ou moins régulièrement autour de leur Sainte Liturgie.

Les Melkites se réclament avec fierté du Siège apostolique d’Antioche ou

pour la première fois les disciples de Jésus furent appelés chrétiens, et

ou Saint Pierre exerça son ministère avant de se rendre à Rome.

(apic/ib/bcy)

«Le Lien» est une revue publiée par le patriarcat melkite. Pour la recevoir en Suisse s’adresser à: Mlle Lucienne Vandenplas, B.P. 50076,

Beyrouth/Liban.

Un «Almanach» a été publié récemment en français (épuisé), anglais et

arabe. Il contient toutes les indications sur la structure, l’histoire, la

pastorale, l’oeuvres et les personnes de l’Eglise melkite.

15 juillet 1988 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 3  min.
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