L’enfant-esclave: fléau et réalité d’aujourd’hui (040789)
Fribourg, 4juillet(APIC/VU) L’esclavage aujourd’hui existe ! Cette terrible réalité, la revue «Vivant Univers» l’aborde dans son dernier numéro.
Divers chapitres relatifs à ce fléau mondial font l’objet d’analyses. L’une
d’elles, réalisée par Michel Bonnet, sociologue, spécialiste du travail des
enfants et expert auprès des Nations Unis, révèle la situation d’environ
100 millions d’enfants du Tiers Monde.
«Expédiés d’un pays à l’autre, séparés de leur parents, vendus comme domestiques, kidnappés ou abandonnés, abusés sexuellement, envoyés à la guerre; ceci n’est qu’un résumé de la longue liste des différents sorts
réservés à ces enfants. L’esclavage de ces gosses n’est pas un phénomène
particulier à une aire géographique, culturelle ou religieuse, ni à une
époque. Celà se passe aujourd’hui, dans l’ensemble des pays du Tiers monde,
écrit Michel Bonnet qui dénonce ces pratiques.
Au Brésil, les enfants représentent un sixième de la force de travail
des plantations. Au Pérou, des gamins de 6 ans chassent, construisent des
bâtiments et vont travailler à la mine. En Iran, des fillettes tissent des
tapis 72 heures par semaine. En Colombie, 8 enfants sur 10 travaillent. A
l’échelle mondiale, 60 à 70 % des enfants de 6 à 14 ans vivent dans une situation anormale. Ils sont exploités au travail, subissent des violences
sexuelles et de nombreux sevices corporels, se droguent ou boivent.
Au travail les enfant!
Les travaux pour lesquels les enfants sont employés sont multiples.
L’esclavage, au sens strict du terme, avec trafic et vente, bien qu’aboli
officiellement, persiste dans les faits. Nombre d’enfants disparaissent
définitivement de leur milieu familial pour se retrouver dans l’industrie
du sexe, dans des camps de travail forcé tels que chantiers de mine,
constructions de barrages et de routes, plantations, usines ou encore en
tant que domestiques, isolés dans des maisons particulières où ils sont totalement sans défense et à la disposition de leur maîtres. Une partie importante de ce trafic se réalise sous le couvert de l’adoption.
Le travail en entreprises artisanales est très répandu. Ayant moins de
dix travailleurs, ces entreprises que l’on nomme «entreprises familiales»
tombent rarement dans un cadre légal et ne sont de ce fait pas contrôlées.
Pour survivre malgré les grandes entreprises, les artisans doivent durcir
leur conditions de travail et les enfants en subissent les contrecoups. Ils
travaillent encore plus longtemps, se font moins payer et les accidents se
multiplient.
Organisations humanitaires internationales: que font-elles?
Si les organisations humanitaires internationales dénonçaient l’esclavage et la situation des enfants dans certains pays du Tiers Monde, elles
risqueraient de graves ennuis avec les autorités. De plus, les employeurs
camouflent l’emploi des enfants: menaces auprès des jeunes travailleurs et
de leurs parents, corruption de la police, torture, et même assassinat. La
loi du silence est acceptée par tout le monde: c’est la règle du jeu, la
violer entraîne la perte d’un emploi vital pour la famille.
Dans de telles conditions, on comprend que les statistiques, donnés par
le Bureau International du Travail (BIT) qui dépend exclusivement des
rapports gouvernementaux, sont publiées avec réserve étant
vraisemblablement sous-estimés.
Pour l’ONU qui marque cette année le 30e anniversaire de la Déclaration
des Droits des Enfants, il veut achever puis promulguer la Convention sur
les Droits des Enfants. Le texte rassemblera les droits qui paraissent essentiels pour tous les enfants dans les domaines civil, économique, social
et culturel. Il reviendra à l’Etat de veiller à ce que les enfants ne
soient pas les victimes de mauvais traitements ou d’exploitation, à refuser
leur participation directe à des conflits et leur enrôlement dans l’armée
avant l’âge de 15 ans. Les gouvernements du monde entier seront donc invités à prendre leurs responsabilités à cet égard…
La Conférence des Organisations Catholiques Internationales a voté à
Barcelone, en novembre 1985, une résolution demandant, entre autres, aux 26
organisations d’interpeller chacune l’Eglise pour que, dans ses documents
officiels, la problématique des enfants au travail soit pris en charge.
Malheureusement, tout donne à penser que cette résolution somnole depuis
cette date dans un quelconque secrétariat.
Une telle situation ne devrait pourtant laisser personne insensible.
Véritable fait de société, au niveau mondial, l’exploitation des enfants
pose aujoud’hui la question de nos responsabilités d’adultes. (apic/vu/mg)