Allemagne: Publication du rapport sur le diocèse de Limbourg

L’évêque a dissimulé la vérité et les instances n’ont pas réagi

Bonn, 26 mars 2014 (Apic) Mgr Franz-Peter Tebartz-van Elst, dont la démission d’évêque de Limbourg vient d’être acceptée par le pape, a livré systématiquement des indications trop basses sur les coûts de son chantier, il a également empêché les contrôles et contourné les prescriptions de l’Eglise. C’est ce qui ressort du rapport de la commission d’enquête de la Conférence épiscopale allemande diffusé le 26 mars à Bonn et Limbourg.

Le droit n’a pas été respecté dans de nombreux cas, indique encore un résumé du rapport remis à la presse par le secrétariat de la Conférence épiscopale allemande.

Des coûts supplémentaires ont été occasionnés par les exigences de luxe de Mgr Tebartz-van Elst et par son désir de voir la construction avancer rapidement, indique la commission d’enquête. «L’évêque n’a pas vu la nécessité de limiter ses moyens car, de son point de vue, il dispose des moyens suffisants du haut de son siège épiscopal», affirme le rapport de 108 pages, élaboré depuis octobre 2013 par la commission.

La conduite des travaux a été nettement insuffisante

De nombreuses irrégularités et fautes sont également reprochées au Chapitre de la cathédrale et au Conseil de gestion des biens du diocèse. Ainsi, il n’a jamais été indiqué de prescriptions exactes sur le programme d’occupation de l’espace et de fonction, ni sur les besoins en surface du bâtiment construit sur le Domberg. La conduite des travaux a été nettement insuffisante. Déjà avant l’entrée en fonction de Mgr Tebartz-van Elst, le Chapitre de la cathédrale a établi un projet avec des coûts irréalistes, bien trop bas, et a consciemment diffusé ces chiffres. «Cela a constitué une hypothèque difficile pour l’évêque», indique la commission.

Depuis 2011, Mgr Tebartz-van Elst a mis hors jeu les instances de contrôle du diocèse par un changement de statuts bien ciblé, de façon à ce qu’au bout du compte peu de personnes puissent prendre des décisions en compagnie de l’évêque. «A côté de l’évêque, il n’y avait finalement plus que trois personnes exerçant une responsabilité. De plus, elles étaient soumises à un stricte devoir de confidentialité», selon le rapport. Par loyauté envers l’évêque et sa situation hiérarchique, elles n’ont pratiquement pas osé le contrer.

«Une opposition ou une résistance face à l’évêque auraient amené l’architecte et le responsable du chantier à un conflit de conscience», affirme la commission. La discrétion absolue exigée par l’évêque a eu comme conséquence que les négociations et les contrôles ont été insuffisants.

Le coût ne correspondait pas aux chiffres officiels

Le rapport affirme que les concernés ont toujours su que le coût de la construction ne correspondait pas aux chiffres présentés dès le départ. L’évêque Tebartz-van Elst a même présenté ces chiffres erronés au cardinal Giovanni Lajolo, envoyé début septembre 2013 par le pape François. C’est au plus tard le 11 septembre 2013 que l’évêque a su que le coût du projet se montait en réalité à près de 38,5 millions de francs.

Lors de l’établissement du projet de construction, Mgr Tebartz-van Elst ne s’est pas soucié des détails des coûts et a consciemment ignoré cette question. «Le vicaire général n’a plus voulu participer aux séances de discussion sur le chantier car, selon ses propres termes, le projet était devenu trop grand et trop coûteux».

De plus, la commission a constaté une série de manquements et de violations contre le droit financier. Tout d’abord, le Chapitre de la cathédrale n’a pas eu du tout la maîtrise sur la construction, alors que cela était de son ressort. Puis l’évêque a négligé de soumettre, au moins pour consultation, les actes juridiques au chapitre ou au Conseil de gestion des biens du diocèse. (apic/kna/sy/bb)

26 mars 2014 | 18:29
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 3  min.
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