Québec: 200 édifices religieux désaffectés n’ont pas trouvé de nouvelles fonctions

L’imposante église Saint-Eusèbe-de-Verceil, à Montréal, va être démolie

Montréal, 17 décembre 2014 (Apic) La fermeture et la vente d’églises sont devenues une routine au Québec. Le sort de nombreux édifices religieux est scellé, notamment en raison de la diminution dramatique de la pratique religieuse depuis le milieu des années soixante. Le taux de fréquentation du culte hebdomadaire s’est effondré et les mariages catholiques ont connu une baisse significative.

Alors que les fermetures, mises en vente et démolitions se multiplient, à l’heure actuelle près de 200 édifices religieux n’ont pas trouvé de nouvelles fonctions pour assurer leur maintien, relevait en novembre dernier le Conseil du patrimoine religieux du Québec (CPRQ) dans sa dernière enquête sur la situation des «lieux de culte en mutation».

Pour certains d’entre eux, l’affaire est déjà réglée. C’est le cas de l’une des plus grandes églises du diocèse de Montréal, Saint-Eusèbe-de-Verceil, de style architectural néo-roman et construite après la Première Guerre mondiale, qui sera finalement démolie. Le curé Yves Robert en a fait l’annonce lors de la messe du dimanche 7 décembre dernier. Devant une vingtaine de paroissiens réunis pour la célébration dominicale, dans une chapelle aménagée au sous-sol de l’immense bâtiment, le curé précisa la triste situation actuelle de l’église et signala qu’un petit lieu de culte serait aménagé temporairement dans le presbytère actuel au cours de la période des travaux de démolition.

Une église devenue vétuste

Un tout nouveau lieu de culte, plus adapté au contexte d’aujourd’hui, sera aménagé en temps opportun dans un futur complexe immobilier, a-t-il souligné. Les paroissiens n’ont pas semblé surpris outre mesure d’une telle nouvelle, notent les médias. Il faut signaler que la vétusté et la dangerosité des lieux empêchent depuis longtemps la tenue d’événements et de célébrations religieuses à l’intérieur même de l’église. Depuis quelques mois, des ouvriers s’affairaient à réparer des murs lézardés et à colmater des joints d’étanchéité, une tâche colossale et coûteuse. La décision officielle de l’archevêché d’entreprendre la démolition est venue mettre un terme à de nombreuses rumeurs qui entouraient l’avenir de cet imposant et majestueux édifice religieux. On parlait de le convertir en habitat, notamment de logements sociaux.

La paroisse Saint-Eusèbe-de-Verceil a été fondée en 1897, mais la construction de l’église actuelle a débuté en 1914 pour se terminer en 1922 en raison de la Première Guerre mondiale. L’ensemble architectural présente une certaine valeur artistique de par la composition architecturale monumentale de l’église, de son importante ornementation et de ses matériaux.

Un important héritage religieux et culturel menacé de disparition

La fermeture et la vente d’églises font couler beaucoup d’encre depuis des années au Québec. Articles, ouvrages et colloques sont consacrés à cette problématique et montrent qu’il subsiste un attachement certain à cet important héritage religieux et culturel, qui a marqué l’histoire de la Belle Province.

Contrairement à ce que d’aucuns pensent, le phénomène n’est pas nouveau au Québec. Depuis plus d’un siècle, près d’un millier de lieux de culte ont été fermés et vendus, certains pour être démolis, d’autres affectés à des usages profanes: bibliothèques, centres de loisirs, appartements en co-propriété, et même bars ou discothèques. Mais le mouvement s’accélère de façon vertigineuse: 3 «lieux de culte en mutation» dans la période de 1966 à 1970, contre 72 en 2014.

Les privés ne se pressent plus au portillon

Si le devenir de ces églises est un enjeu majeur, tant pour les collectivités locales concernées que pour l’ensemble de la société civile, l’enquête mandatée par le Conseil du patrimoine religieux montre que, depuis 2012, les municipalités sont la seule catégorie d’acheteurs en croissance (acquisition d’une centaine d’édifices religieux), alors que les secteurs privés et à but non lucratif se sont peu manifestés.

Le CPRQ s’inquiète du fait que le nombre de démolitions durant cette période a doublé (61 cas) et surtout que 129 édifices restent sans usage. Aucune démarche n’a été entreprise pour ces édifices ni aucun acquéreur potentiel ne s’est fait connaître. Ce nombre est trois fois plus élevé qu’en mai 2012. Le Conseil du patrimoine qualifie cette situation de «préoccupante», car elle révèle la difficulté croissante de trouver une nouvelle vie aux lieux de culte désaffectés, «d’autant plus que ceux-ci ferment à une vitesse sans cesse grandissante». (apic/be)

17 décembre 2014 | 12:11
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 3  min.
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