L’Italie a commémoré le «Pardon de Célestin»
Les origines des Jubilés
Aquila, 30 août 1999 (APIC) La célébration du «Pardon de Célestin», origine de tous les Jubilés chrétiens, s’est achevée ce week-end à Aquila, en Italie. Le moment culminant de la célébration a été la procession avec la «Bulle du pardon» écrite par le pape qui a convoqué le premier jubilé de l’histoire chrétienne, dans la ville d’Aquila, en 1294.
Célestin V (Pietro del Morone) était un ermite qui vivait retiré dans les Abbruzes (le Morrone), dans une petite église construire sur le flanc de la montagne. Son rayonnement était tel qu’il commença à attirer un grand nombre de personnes. Le jeune ermite dut s’installer dans un endroit encore plus inaccessible. C’est là qu’il fonda la Communauté religieuse de l’Esprit-Saint, avec ses disciples ermites qui suivirent son exemple. Il vécut cette vie d’ermite pendant quarante ans.
En 1294, Charles d’Anjou, roi de Naples, monta jusqu’à l’ermitage. Il était inquiet pour la situation de l’Eglise. Le siège de Pierre était vaquant depuis deux ans car les cardinaux, réunis à Pérouse, ne parvenaient pas à se mettre d’accord pour élire un nouveau pape. Le vieil ermite remit au roi une lettre adressée aux cardinaux, leur demandant de prendre rapidement une décision. Lorsque le conclave reçut la lettre, il comprit que Pietro del Morone était celui qui pouvait le mieux venir à bout de la situation difficile de l’époque. Il fut élu évêque de Rome. C’était le 5 juillet 1294.vUn geste de rénovation
Le nouveau pape était âgé de 80 ans. Il résolut d’entreprendre une profonde rénovation des coutumes des hommes d’Eglise qui ne savaient pas toujours bien différencier le pouvoir temporel et le pouvoir spirituel. Il se mit à chercher un signe convaincant pour inviter l’Eglise à retrouver l’esprit évangélique. Avant même d’arriver à Rome il avait trouvé : il allait convoquer une année de pardon des péchés et de retour à l’austérité et à la fidélité évangéliques.
Mais le vieil ermite se rendit très vite compte qu’il n’était pas préparé à affronter la charge qu’il avait acceptée. Face à une curie qui connaissait tous les secrets et les astuces de la politique de l’époque, devant le peu de connaissances qu’il avait lui des lois et la peur de voir sa vie spirituelle rongée par le pouvoir temporel, Pietro del Morone, présenta sa démission cinq mois plus tard, le 13 décembre 1294. Célestin V est l’unique pape de l’histoire à avoir démissionné.
Le cardinal Benedetto Gaetani lui succéda le 24 déécembre. Il prit le nom de Boniface VIII. Il annula tous les actes de son prédécesseur mais curieusement il conserva la convocation du «pardon» qui devait avoir lieu en 1300. Célestin mourut le 19 mai 1296, dans la cellule dans laquelle il avait été enfermé sur ordre de son successeur qui craignait de le voir reprendre le pouvoir. Il fut canonisé quelques années plus tard par un autre pape.
Le 22 février 1300, le pape Boniface proclamait le Jubilé par la bulle «Antiquorum habet fidem», suivant l’esprit de son prédécesseur. Il accordait ainsi l’indulgence à tous ceux qui, cette année-là, se seraient rendus dans les basiliques Saint-Pierre et Saint-Paul, à Rome. Le Jubilé, année de réconciliation entre les personnes et avec Dieu, était né. Ce fut un événement historique. Deux cent mille pèlerins vinrent à Rome, selon les estimations de l’époque. (apic/zn/pr)