L’Université catholique de Lille fête cette année son 125e anniversaire. A cette occasion, la «Catho» publie un ouvrage intitulé «Entre science et foi, une université catholique» (1). L’institution joue un rôle important dans le tissu économique, social e

Des cinq universités catholiques françaises (Lille, Lyon, Angers, Toulouse et Paris), la «Catho» de Lille est celle qui a le plus de poids, affirment ses responsables. «Notre enseignement est très professionnalisé et nous coopérons activement au développement régional en collaborant avec de nombreux partenaires. Notre priorité est d’adapter toujours mieux nos formations au marché de l’emploi.»

Un point de vue chrétien sur les questions de société

«Le deuxième objectif est de répondre aux questions de société, apporter un point de vue chrétien, notamment en proposant une réflexion et une formation à la citoyenneté, à l’éthique. Nous voulons également répondre aux attentes de spiritualité et d’ouverture à l’interreligieux», explique Gaston Vandecandelaere, président-recteur de l’Université. «Etre un lieu où s’incarnent et se construisent des convictions», renchérit Jean Boulangé, le vice-président.

Dans ce contexte, le Département d’éthique de l’Université catholique de Lille prend tout son sens. Composé de trois centres de recherches – le Centre d’éthique médicale, le Centre de recherche en éthique économique et le Centre de recherche en éthique industrielle -, il regroupe 14 enseignants chercheurs. En ligne de mire : une approche interdisciplinaire et une mise en perspective des questionnements éthiques pratiques avec la réflexion philosophique contemporaine.

Un parcours sur l’islam pour une approche rationnelle de la religion musulmane

Côté formation religieuse et spirituelle, l’Université catholique de Lille a attiré l’attention en proposant un parcours sur l’islam. Celui-ci a permis à des animateurs sociaux et à de jeunes musulmans d’accéder à une approche rationnelle de cette religion. Ce cycle de formation a été créé à l’initiative de Leïla Babès, une sociologue affairée à «prendre la mesure du paysage islamique dans la région» et à «démontrer que la sécularisation de l’islam est un processus inéluctable. Selon Amar Lasfar, recteur de la mosquée de Lille sud, secteur où 45 % de l’électorat est de confession musulmane, on dénombre 50’000 musulmans à Lille et 450’000 dans la région Nord-Pas de Calais.

Relations avec le ministère de l’Education nationale

Les relations de l’Université catholique de Lille avec le ministère de l’Education nationale «relèvent plus d’une forme de tolérance que d’une réelle acceptation de notre existence qui rendrait possible une recherche de partenariat», observe Gaston Vandecandelaere. Pour financer son développement, l’Université catholique de Lille sollicite à l’occasion des partenaires privés.

La «Catho» a ainsi lancé en 1999 une campagne baptisée «Ensemble bâtissons demain» afin de recueillir 35 millions de FF auprès des entreprises. Près de quarante sociétés ont répondu favorablement, signe de sa bonne insertion dans le tissu économique de la région.

Une fabrique de cadres politiques

Si l’Université catholique de Lille fournit de jeunes chefs d’entreprises, ingénieurs, médecins, enseignants, etc., sa contribution à l’émergence de nombreux militants – dans les syndicats, les partis ou en Eglise – n’en est pas moins importante. Ainsi Michel Falise, recteur de l’Université de 1979 à 1991, retraité de l’Education nationale, est devenu adjoint au maire socialiste de Lille.

On lui doit la création du Conseil communal de concertation. «Un lieu institué de démocratie participative. Il a pour mission d’associer l’ensemble des acteurs institutionnels et associatifs de la vie lilloise aux préoccupations et à l’action de la municipalité. Il nous faut répondre à une nouvelle donne: la décrédibilisation du politique, parallèle à l’émergence du désir de citoyenneté. Il ne s’agit plus désormais d’agir pour mais d’agir avec», explique cette figure politique, véritable archétype, dans cette région de forte tradition ouvrière, du militant catholique et socialiste. A l’image de Jacques Delors, ex-président de la Commission de l’Union européenne qui a forgé ses convictions militantes dans le mouvement d’action catholique «Vie Nouvelle». Sa fille, Martine Aubry, ex-ministre des affaires sociales du gouvernement socialiste de Lionel Jospin, est l’instigatrice de la loi sur les 35 heures. Elle est depuis mars dernier le maire de Lille. (apic/jcn/mk/be)

14 octobre 2001 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 3  min.
Partagez!