La «banque du Vatican» gère plusieurs dizaine de milliers de comptes courants

Rome: Qu’est-ce que l’Institut pour les œuvres de religion (IOR)?

Rome, 15 février 2013 (Apic) L’Institut pour les œuvres de religion (IOR) a été créé en 1942 par le pape Pie XII (1939-1958). Il a absorbé l’Administration des œuvres de religion qui remontait au pontificat de Léon XIII (1878-1903). Deux ans plus tard, le pape établissait de nouvelles normes pour le régime de l’IOR.

En 1990, Jean Paul II a donné à l’Institut son visage actuel pour que ses structures et son activité soient mieux adaptées au temps présent. Le pape polonais avait fait appel à la collaboration et à la responsabilité de laïcs catholiques. Depuis, le but officiel de l’IOR est de «s’occuper de la détention et de l’administration des biens mobiliers et immobiliers transitant par l’Institut ou lui étant confiés par des personnes physiques ou juridiques, et destinés à des œuvres de religion ou de charité».

La banque gère aujourd’hui plusieurs dizaines de milliers de comptes courants. Ils peuvent être ouverts par les diocèses, congrégations et ordres religieux du monde entier, les citoyens du Vatican et les employés du Saint-Siège. L’IOR accepte les dépôts, investit ou réinvestit des capitaux déposés et dépose des capitaux sur des comptes courants actifs auprès d’Instituts de crédit italiens.

Composé de cinq organes

L’IOR est actuellement composé de cinq organes: la Commission cardinalice, le prélat, le Conseil de surintendance, la direction et les réviseurs.

La Commission, dont les membres sont nommés par le pape pour une durée de cinq ans, est formée pour quelques jours encore des cardinaux Tarcisio Bertone, Telesphore Placidus Toppo, Odilo Pedro Scherer, Jean-Louis Tauran et Attilio Nicora. Elle a notamment pour fonction de nommer et révoquer les membres du Conseil du surintendance.

Le poste de prélat, nommé lui aussi par la Commission des cardinaux, est vacant depuis le départ en 2010 de Mgr Piero Pioppo, désigné par Benoît XVI nonce apostolique au Cameroun et en Guinée-équatoriale. Le prélat assiste aux réunions de la Commission en qualité de secrétaire, et à celles du Conseil, dont il peut tirer des observations à transmettre aux cardinaux.

Le Conseil de surintendance est composé de cinq membres, dont le nouveau président Ernst von Freyberg. Il compte aussi l’Américain Carl Albert Anderson, à la tête de la puissante organisation caritative catholique des ’Chevaliers de Colomb’, très appréciée de Benoît XVI. Carl Anderson, secrétaire lors de la réunion du board qui a voté le 24 mai 2012 une motion de défiance à l’égard du patron de la ’banque du Vatican’. Il est le signataire du document officiel – très facilement tombé dans les mains de la presse italienne – énumérant les neuf principaux reproches formulés par le Conseil envers Ettore Gotti Tedeschi.

Le Conseil de surintendance gère l’IOR

Le Conseil de surintendance est chargé de la gestion concrète de l’IOR. On peut le comparer à un conseil d’administration. Il doit formuler les lignes directrices de la politique générale de l’Institut, examiner et approuver le bilan annuel préparé par la direction et se réunir au moins tous les trois mois. Il a été particulièrement reproché à Ettore Gotti Tedeschi de ne pas être présent, ou en partie seulement, à ces réunions.

Paolo Cipriani, 57 ans, est le directeur général de l’IOR depuis 2007. Il a succédé à Lelio Scaletti, alors âgé de plus de 80 ans. Il était auparavant le vice-directeur de la banque du Vatican, après avoir travaillé auprès de deux grandes banques italiennes, au Luxembourg, à New York et Londres. Assisté par un vice-directeur, il doit notamment présenter chaque mois la situation économico-financière de l’Institut.

Encadré

Ettore Gotti Tedeschi, un banquier renié par les siens

Le 24 mai 2012, le Bureau de presse du Saint-Siège a annoncé que le Conseil de surveillance de l’IOR avait voté une motion de défiance contre son président. Une demi-heure plus tôt, les conseillers se seraient réunis autour du cardinal secrétaire d’Etat Tarcisio Bertone, en présence du directeur de l’IOR, Paolo Cipriani.

Au cours des jours précédents, le conseiller américain Carl Anderson et un autre membre du Conseil de surveillance, l’Allemand Ronaldo Hermann Schmitz, avaient écrit des lettres confidentielles au cardinal Bertone pour lui annoncer leur intention de voter une motion de défiance contre Ettore Gotti Tedeschi. Dans ces courriers, diffusés le 9 juin par la presse italienne, les auteurs se disaient convaincus de suivre les indications données par le ›numéro deux’ du Saint-Siège. Carl Anderson et Ronaldo Hermann Schmitz font état des préoccupations que leur inspirait l’isolement international croissant de l’IOR, en particulier le fait que la grande banque américaine J.P. Morgan ait interrompu ses rapports avec lui. Ils en attribuaient la responsabilité à leur président.

Le directeur général de la ’banque du Vatican’, Paolo Cipriani, avait ensuite fait part de ses dissensions avec son président dans une interview accordée au quotidien italien «Corriere della sera». Il y racontait comment, avec d’autres employés de l’IOR, il avait demandé à Ettore Gotti Tedeschi de s’intéresser à la banque qu’il présidait, en vain. Selon le directeur général, «il ne prenait pas les choses en main, c’était comme s’il était absent, même lorsqu’il était là». Et d’ajouter: «parfois, il venait à la présidence, qui est détachée du reste de l’Institut, et ne disait rien, puis il s’en allait». (apic/imedia/cp/ggc)

15 février 2013 | 16:41
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 4  min.
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