La béatification exemplaire de Pierre Paul Oros, prêtre ukrainien

Le prêtre grec-catholique Pierre Paul Oros (1917-1953), un Ukrainien, a été béatifié le 27 septembre 2025, à Bilky, en Ukraine, lors d’une cérémonie présidée par le cardinal Grzegorz Ryś. Le pape Léon XIV lui a rendu hommage lors de sa catéchèse à Rome et a encouragé les Ukrainiens à «persévérer avec force dans la foi et l’espérance malgré le drame de la guerre».

avec Imedia et Vatican News

L’événement était très attendu mais a du être reporté à plusieurs reprises en raison de la guerre en Ukraine et de la disparition du pape François. «Aujourd’hui, à Bilky, en Ukraine, est béatifié le prêtre Pierre Paul Oros […] tué en 1953 en haine de la foi», a lancé le pape Léon XIV devant plusieurs dizaines de milliers de personnes réunies place Saint-Pierre pour une audience jubilaire. «Lorsque l’Église gréco-catholique fut interdite, il resta fidèle au Successeur de Pierre et continua courageusement à exercer son ministère clandestinement, conscient des risques», a-t-il salué.

«Nous invoquons l’intercession de ce nouveau bienheureux afin qu’il accorde au cher peuple ukrainien la capacité de persévérer avec force dans la foi et l’espérance malgré le drame de la guerre», a conclu le pape, en déclenchant des applaudissements.

Sous la répression de l’URSS

Pierre Paul Oros est né le 14 juillet 1917 dans le village de Biri, en Hongrie, dans une famille profondément chrétienne – son père était prêtre grec-catholique. En juin 1942, il est ordonné prêtre de l’éparchie gréco-catholique de Moukatchevo. Il exerce son ministère à une époque où le régime soviétique tente de réprimer l’Église gréco-catholique.

À partir de 1948, alors que la pression des soviétiques s’intensifie sur les fidèles de cette Église pour qu’ils se convertissent à l’Église orthodoxe russe, le Père Pierre Paul Oros refuse. Curé à Bilky, il voit les activités de sa paroisse interdites à partir de 1949 et toutes les églises gréco-catholiques fermées. 

En 1953, un mandat d’arrêt est lancé contre lui. Il est arrêté et abattu le 28 août de cette même année. «Son assassinat fut immédiatement considéré comme un martyre. Bien que son corps soit resté caché jusqu’à la chute de l’Union soviétique, son souvenir n’a jamais disparu du cœur des fidèles», rapporte le dicastère pour les Causes des saints. Et en 2022, le pape François a autorisé la publication d’un décret reconnaissant le martyre de Pierre Paul Oros.

Orient et Occident: les deux poumons du Père Oros

Sa béatification a été présidée à Bilky, là où le Père Oros était curé, par le cardinal Grzegorz Ryś, archevêque de Łódź (Pologne). «Dans le monde d’aujourd’hui, déchiré par de terribles guerres, divisé comme jamais auparavant, et dans lequel l’homme a perdu la capacité de se rencontrer profondément et souffre d’une terrible solitude, nous avons besoin de personnes, de vraie rencontre et de communion, comme le Père Pierre Paul Oros.»

Soulignant la «foi profonde et la spiritualité» du Père Oros, dont les genoux «étaient durs comme la plante des pieds à force de prier», le cardinal Ryś a rappelé que «c’est d’ailleurs à genoux qu’il est mort, avec le Saint-Sacrement qu’il portait à un malade».

Enfin, le cardinal Ryś a évoqué la «riche spiritualité de la rencontre» vécue par le nouveau bienheureux, «qui respirait avec les deux poumons du christianisme: oriental et occidental», devenant ainsi un «pont» entre deux mondes, même dans des contextes difficiles. «Nous savons bien qu’en temps de guerre, ce sont toujours les ponts qui sont les premiers à être bombardés. Être un «pont» signifie être celui qui unit, et non celui qui divise; être celui qui «transforme les épées en socs», c’est-à-dire qui transforme les armes en outils de travail partagé.», a-t-il poursuivi. Le Père Oros «a su trouver un langage commun avec tous: avec les catholiques latins et byzantins, avec les chrétiens orthodoxes et avec les athées».(cath.ch/imedia/vn/hl/lb)